Les Chroniques de Nerÿe
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 Foire équestre d'Haïdayath

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Hawa Shaal'Mekreth
Dresseuse de chevaux
Hawa Shaal'Mekreth
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Haïdayath resplendissait dès l’aube de ce premier jour d’automne. Autant que l’on pouvait parler d’automne en Ilnedrie car le soleil brûlait autant, la nuit perçait de son froid les cœurs les plus exposés. Peut-être que les températures baissaient, mais il ne fallait pas imaginer voir tomber la neige d’ici quelques mois. Hawa n’en avait jamais vu sur leur terre, pas plus que ses aïeux ni plus les enfants qui grandiraient dans le désert en temps et heure. Ils ne seraient jamais d’elle, du moins. Hawa avait été mariée trois années et n’avait jamais enfanté, et ce, malgré les tentatives de plus en plus désespérément brutales de son défunt époux. La veuve n’avait que trop entendu les remontrances vis-à-vis de son infertilité pour avoir fini par se croire stérile.

Il fallait dire qu’elle était étroite Hawa. Elle était petite, certainement un tout petit peu plus que 5 pieds (5pieds=1.52m) et frêle. Son bassin n’était pas bien large, trop peu, dit-on, pour porter un enfant. Un tour de poignet très mince caractérisait la finesse de ses os pourtant robustes : elle était tombée, en bonne cavalière, plusieurs fois de cheval, sans rien se casser. Etait-ce peut-être dû au seul fait qu’elle sache tomber de sa monture en roulant sur ses épaules ? Car c’était là le meilleur moyen de s’en sortir indemne dans les chutes les plus douloureuses. Ses épaules n’étaient pas bien larges, cela lui permettait de se faufiler un peu où elle voulait sans se faire remarquer. Ses petits seins marquaient faiblement le pli sur sa robe. En somme, Hawa avait quelques formes de femme, mais était loin des courbures voluptueuses qui faisaient fondre le cœur des hommes. En cela, il avait été décrété parmi le peuple que la veuve ne serait jamais bonne pour porter un enfant. De toutes façons, elle n’était plus bonne à marier non plus à présent car en mariage, on cherchait une vierge.

A l’aube de ce premier jour d’automne, donc, la ville entière était décorée de fleurs, les lumières étaient prête pour la nuit. La Foire Equestre  d’Haïdayath avait une réputation à tenir. D’année en année, le peuple d’Ilnedrie était en effervescence quand venait cet événement réputé aux quatre coins de Nerÿe. Il fallait alors être le meilleur hôte et porter bien haut les couleurs du pays du désert. Les Ilnhedrîns étaient les rois du commerce ainsi, cet événement, vu l’afflux des visiteurs était le moment opportun de faire fortune en bien peu de temps. Beaucoup préparaient la fête des mois à l’avance.

On y trouvait les meilleurs chevaux du pays successivement en expositions, en compétitions, en spectacles et bien sûr en ventes. La fête se déroulait un peu en dehors de la ville, plus généralement à proximité de l’immense hippodrome de la capitale. Les écuries étaient montées non pas pour durer mais pour être tape à l’œil. Il fallait réserver son emplacement des mois à l’avance, certains même réservaient leur place tous les ans. La plus grande écurie provisoire était sans conteste celle des Shaal’Mekreth. Il n’y avait pas un seul fou en ce monde qui connaisse le mot « cheval » sans l’associer immédiatement à la famille d’Hawa.

La propriété des Shaal’Mekreth était en recul d’Haïdayath, il fallait compter en moyenne une bonne heure à cheval pour faire le trajet du centre ville au domaine Shaal’Mekreth. Lorsqu’on voyait les immenses bâtisses de bois qui composaient les écuries, les grands prés au pied de la montagne rocheuse et à proximité d’un oasis, ainsi que la maison des Shaal’Mekreth, on comprenait bien mieux la nécessité d’être éloigné du tumulte et des espaces confinés de la ville. L’élevage comprenait près de deux cents chevaux dont un peu moins de la moitié était des juments pure race sélectionnées. Dans l’autre moitié, il y avait les poulains et pouliches de moins de 4 ans, les étalons de reproduction fièrement sélectionnés, les chevaux ayant subi un dressage parfait et, par conséquent destinés à la vente et enfin, les chevaux de compétitions, de foire et de spectacles comme il en est souvent coutume en Ilnedrie.

Toute la famille Shaal’Mekreth travaillait au haras. Hawa vivait donc en compagnie de ses oncles et de ses frères. Ses sœurs et cousines mariées ne vivaient plus ici. Bien souvent elles avaient épousé de riches marchands et avaient quitté la demeure familiale, comme Hawa, il y a 6 ans de cela avant que son mari ne trépasse et qu’elle vienne purger sa peine et son deuil dans le crottin. Aussi, cela faisait 3 ans qu’elle évoluait à nouveau dans ce monde d’hommes, s’occupant principalement des mises bas, des entrainements à l’endurance des chevaux de voyage et du dressage des chevaux de foires, de compétitions et de spectacles. Les chevaux de guerre, quant à eux, étaient rigoureusement entrainés par les hommes.

Les plus belles montures de Thosam venaient, à quelques exceptions près, tous de la maison des Shaal’Mekreth. Leur attachement aux équidés se transmettait de génération en génération, comme quelque chose d’inné et génétique. Il fallait dire que les enfants, comme Hawa le fut, baignaient directement dans l’environnement équestre. Très tôt, les petits aidaient aux écuries, nourrissaient les bêtes et montaient. Pas question de s’appeler Shaal’Mekreth et ne pas savoir comment dresser une monture dans les moindres détails. Certains pensaient que leur famille usait de quelques sorcelleries pour se faire si bien obéir par ces belles bêtes. Ils avaient tord. Les Shaal’Mekreth n’étaient pas plus sorciers que Khëradashulzâmn était une poule.

Pour la famille d’Hawa, cette foire Equestre était le moment de s’illustrer à nouveau et discuter avec les autres éleveurs sur leur manière de traiter les chevaux. Car si les Shaal’Mekreth étaient riches, une très grande partie de leur fortune était utilisée pour nourrir toute la famille qui vivait chez eux et pour prendre grand soin des montures. Jamais on ne voyait un des leurs porter de l’or, de l’argent ou autres pierreries, par simple humilité. A contrario, ils étaient généreux. Ghrendor Shaal’Mekreth, le père d’Hawa et doyen de la famille (au sens qu’il dirigeait le haras), prenait sous son toit les miséreux voyageurs, le temps d’une nuit et leur apportait nourriture. Il recueillait quelques orphelins et, en échange de leur force de travail, les nourrissait et les logeait. Il était alors homme à qui on venait demander conseil pour le dressage des montures et Ghrendor se prêtait à l’exercice sans se faire prier.

Dans ces écuries provisoires, on préparait les chevaux aux compétitions et aux spectacles. Ghrendor et ses fils (car Hawa avait douze frères et neuf sœurs) étaient de très bons commerçants aux voix qui portaient. A l’opposé d’Hawa, les hommes de sa famille étaient massifs. Le genre de personne avec qui on n’aime pas se fâcher. Le Cavalier Gris, alias Ghrendor, avait des cheveux et une barbe frisotants et grisonnants. Autour de ces écuries, on trouvait de multiples étalages. Certains venaient d’Andrasor, de Delenrur, de Brimaën, de Nelbrahel et de tout Thosam pour vendre leurs trésors. D’autres venaient exprès pour acheter ces trésors. Mais là encore, il fallait réserver son emplacement. Gare à celui qui tenterait de poser son étale, là, au beau milieu de la rue. La garde d’ Haïdayath était déployée dans sa quasi entièreté pour veiller à la sécurité et à l’organisation de l’événement. Il n’était pas rare de voir un chevalier sillonner les rues.

Les habitants, aubergistes et restaurateurs n’étaient pas en reste. Beaucoup avaient levé leurs prix pour l’événement. Comme la foire durait huit jours, il fallait bien se loger et se nourrir sur place. Les auberges affichaient complet, de nombreux habitants profitaient de l’occasion pour proposer des couchettes de fortune moyennant paiement. Certains s’improvisaient restaurateurs pour ventre leurs plats maison à des prix peu raisonnables. Mais qu’importe puisqu’il fallait dormir et se nourrir : quelqu’un finirait bien par payer le prix !

Revenons à la foire équestre donc. Huit jours de spectacle. En ce premier jour, c’était l’inauguration, l’ouverture, les paillettes, le petit mot du roi plein de paillettes et des paillettes encore. Les applaudissements, la fête et en fin d’après midi, quand le soleil commencerait à tomber on annoncerait la première épreuve équestre : le saut d’obstacle. Cela durerait le deuxième. Le troisième jour, ce serait les épreuves de dressage. Le quatrième jour, de nouvelles épreuves de saut d’obstacle. Le cinquième jour était le jour des spectacles de voltiges. Le sixième et le septième jour, on assisterait aux courses. Et le dernier jour, diverses épreuves moins connues et bien entendu, à la nuit tombée le cérémonial de clôture avec ses magnifiques lumières. Pour chaque compétition, les paris étaient déjà bien ouverts, les montures favorites étaient nommées, beaucoup venaient des Shaal’Mekreth, mais pas que !

On n’en était pas là : aujourd’hui était le premier jour, à l’aube et ça bougeait déjà beaucoup. Quant à la petite Hawa… Et bien elle serait la représentante des Shaal’Mekreth pour trois épreuves : deux sauts d’obstacles (sa spécialité) et une course de galop. Pour les deux premiers, ses montures partaient favorites car il s’agissait de très bons sauteurs d’ores et déjà primés aux foires précédentes. Son coureur en revanche était un petit nouveau qui n’avait pas son nom au palmarès, et donc très peu côté aux paris, mais Hawa s’était juré de le conduire à la victoire. L’inauguration passé (Hawa n’avait eu d’yeux que pour Sāadrisha, lui peut-être moins car Hawa était dans la foule, parmi sa famille), le terrain de saut d’obstacle avait été monté dans l’après midi. On attendait que le soleil tape moins pour commencer. C'est-à-dire pas avant 17 heures. Hawa, comme ses confrères compétiteurs, avait été tâter le terrain, pour apprécier les obstacles et les distances. Elle comptait soigneusement les foulées que son cheval devrait effectuer, puis revint aux écuries des Shaal’Mekreth.

Il fallait à présent se préparer. Les Ilhnedrîns étaient réputés pour leur capacité à faire la fête. Les compétitions se devaient d’être un plaisir pour les yeux tant par les prouesses des chevaux que par la beauté des cavaliers. Nombreux étaient les hommes en compétition. Les femmes étaient des denrées rares et là où les hommes mettaient en valeur leur force et leur fierté, les femmes devaient être merveilleusement belles et harmonieuses. En compétition, c’était le seul moment où Hawa était applaudie et admirée. Le reste du temps elle était répudiée comme une veuve stérile. Mais là, ce serait son instant de gloire. Rares étaient les femmes alors, elles étaient d’autant plus applaudies et admirées. Hawa devait donc se préparer.

Dans les écuries, de grandes draperies multicolores étaient dressées, servant de loge pour les cavaliers. Les longs cheveux noirs d’Hawa avaient été noués en une tresse en épi retombant par-dessus l’une de ses épaules jusque sous sa poitrine. Elle portait une longue chemine couleur sable aux broderies blanches finement travaillées. Si les Shaal’Mekreth se refusaient aux dorures, les étoffes de leur vêtements étaient riches de confections artisanales des plus réputées. Elle n’avait pas encore enfilé son pantalon près du corps ni noué ses bottes en cuir car sa mère terminait encore sa tresse. Hawa  avait donc les gambettes à l’air. En dehors, elle aurait pu passer pour une malpropre en chaleur, mais là, elle était cachée, au milieu de sa famille. Seuls quelques visiteurs amis venaient jusque dans leurs loges pour discuter et Hawa faisait en sorte de pouvoir se cacher. Elle commençait à sentir l’adrénaline de la compétition faire battre son cœur.

Une fois que sa mère eut fini, Hawa enfila son pantalon marron très près du corps et on serra la taille de sa chemise avec un large ruban blanc brodé. Sa chemise retombait sur ses hanches comme une robe très courte, par dessus son pantalon. C’est qu’il fallait être féminine et belle. La taille ainsi affinée, sa poitrine et ses hanches ressortaient. Sa tante lui posait et fixait une couronne de fleur blanche sur sa tête. On aurait dit une princesse. Mais une princesse naturelle, sans dorures, sans bijoux, ni maquillage. Son frère l’aida à enfiler ses bottes : « Plus haut la jambe sœurette ! » lui demandait-il alors qu’Hawa levait sa jambe déjà autant qu’elle le pouvait, posée sur la barrière de bois d’un box. Elle lui tira la langue. Comme une enfant. Bientôt, elle pourrait aller voir son cheval et… Sāadrisha. Elle voulait voir Sāadrisha, l’élu secret de son cœur. Elle voulait croiser son regard qu’il voit comme elle était belle aujourd’hui. Peut-être serait-il dans les tribunes lorsqu’elle concourrait dans quelques heures. Où pourrait-elle le trouver ?

De toutes évidences, elle devrait le chercher plus tard ! Les chevaux étaient craintifs et tant de monde ne les rendaient pas heureux. D'une écurie s'échappa un cheval qui partait au galop dans la rue improvisée, bousculant et écrasant passants et étalages. Hawa, comme d'autres Shaal'Mekreth se mobilisa pour aller à la rencontre de ce pauvre cheval perdu avant qu'il ne saccage toute la foire !
MessageSujet: Foire équestre d'Haïdayath   Foire équestre d'Haïdayath EmptySam 5 Oct - 20:25
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Cadfan Nar’Aed
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Ondulant au rythme de sa monture, deux longues oreilles en guise de métronome, un voyageur venait d'entrer dans la citadelle d'Haïdayath. Observant la cité chatoyante, comme un pèlerin en pleine contemplation, il faisait partie des rares élus à pouvoir profiter d'un spectacle d'une rare magnificence.
L’Éther. Il était partout, irradiant, scintillant, miroitant, ondulant en voluptueuses arabesques, tourbillonnant en nébuleuses chamarrées. Esprits désincarnés dansant dans les crinières de fiers destriers, glissant au creux des reins de leurs cavalières et bondissant sur les épaules d'hommes transpirants qui s'affairaient autour des tentes.  

Non content d'admirer ce fabuleux tableau, Cadfan pouvait en ressentir la chaleur, en percevoir les vibrations, ou en humer les fragrances. Encore un peu et il pourrait presque en saisir l'essence sur le bord de la langue...
Mais l'heure n'était pas encore venu de s'abandonner à la tentation, de céder à la faim insatiable de sa race. Non. L’Érudit de Beren'thys, comme on le surnommait dans l'ombre des caveaux, n'était plus un perdreau de l'année. Le temps lui avait inculqué la patience, l'art de se maîtriser pour préserver son existence, ... pour préserver les chances de voir ses pairs triompher !

Alors aujourd'hui il ne serait qu'un voyageur parmi tant d'autres, se contentant de laisser l'éther le pénétrer pour jouir de toute sa vigueur de non-vivant.
Toutefois, il avait quand même une affaire à traiter. Assis en amazone sur le dos de sa fidèle Bégonia, il tenait un cheval en dextre. Paradant avec rebond, encolure rouée, naseaux dilatés, muscles bandés, l'animal jetait à la face du monde sa condition d'entier.
Fier monture d'apparat, il avait été séparé de son cavalier qui s'était "perdu" dans les marais. Le cheval aux long crins noirs avait échappé au même destin funeste en venant se réfugier dans la pâture de l'ânesse à la robe tourterelle. Hors, si Cadfan pouvait épargner l'animal par égard pour sa douce Bégonia, il était impensable qu'il le laisse cohabiter avec la belle, au risque de se retrouver avec une mule l'année suivante ! Sa décision de vendre la bestiole lui donna donc une raison supplémentaire de venir assister à la célèbre foire équestre, une joie qu'il ne s'était pas offerte depuis de nombreuses années.

Cheminant lentement dans les rues bondées, il eut soudain la surprise de voir la voie s'ouvrir devant lui. En réalité, il découvrit rapidement que les gens s'écartaient pour ne pas finir piétiner par une cavale en fuite.
Cette dernière, totalement paniquée, se révéla être un autre entier qui se précipita vers ce qui avait soudainement tout d'un rival. Ronflant à son tour, l'animal noir pangaré que Cadfan tenait en longe se mit à marteler le sol de son antérieur. Devinant les prémices d'un affrontement, le Szorthakkirs qui n'avait aucune envie de voir sa jolie grise prise entre deux feu descendit de sa monture, au moment où les deux étalons se flairaient les naseaux.

Ni une, ni deux, une inflexion dans l'éther, invisible au plus grand nombre, émana du non-vivant. Sous l'effet de cette démonstration magique, les deux chevaux se tétanisèrent, muscles saillants et sclérotique apparente.
Aussitôt une main habile rattrapa le cheval en fuite.

Le rouquin, sa longue chevelure tombant librement sur ses larges épaules, vêtu d'un pantalon en cuir brun proche du corps, d'une paire de bottes hautes de la même étoffe, d'une tunique d'un bleu pastel, d'un surcot au gris ardoise légèrement bleuté et aux bras ornés de larges bracelets en cuir, put alors flatter l'encolure de son palefroi pour le rassurer, sous l’œil impassible de Bégonia qui en avait déjà vu d'autres...
Apparence actuelle (Reflet de Narcisse):
MessageSujet: Re: Foire équestre d'Haïdayath   Foire équestre d'Haïdayath EmptyVen 11 Oct - 19:39
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Kylia Zraden
Kylia Zraden
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Du sable, un lever de soleil qui promettait des rayons mordants, une chaleur de fournaise à venir. Bienvenue dans le désert ! se dit-elle en hissant son présentoir sur l’étal. Il était tôt –du moins, une heure plutôt habituelle pour la plupart des métiers de la mer- mais déjà les rues grouillaient d’une masse aux voix feutrées mais aux gestes rudes et bruyants, et cette fourmilière en tarderait pas à devenir une véritable cacophonie sous prétexte que de toutes les façons personne ne chôme pendant la grande foire d’Haïdayath. Cacophonie qui ne tard en effet pas bien plus de quelques minutes, comme un prélude à une harmonie de gestes et d’organisation. Une ambiance qu’elle affectionnait tout particulièrement, surtout pour des réjouissances autrement plus amusantes que commerciales, et d’autant plus au milieu de gens aussi accueillants. La sécheresse de la terre qu’il habite fait la générosité du cœur d’un homme. Et rien n’était plus vrai aux yeux de Kylia en ce qui concernait le peuple d’Ilnedrie.

Un grand bruit lui fit lever le nez de ce qu’elle était en train de faire, et se retint d’éclater de rire en voyant les deux selliers qui partageaient son échoppe éphémère tenter de conserver dans un équilibre précaire la toile couleur crème qui les protégeraient toute la journée du soleil. Leur frère, un imposant maréchal ferrant, leur prêta main forte pour retendre l’épais tissu, visiblement peu enclin à perdre du temps pour ce genre de détails. D’un signe de la tête, il fit signe à la jeune aigue d’approcher.
« Allez, la loutre de mer, au boulot ! Si on les laisse faire les nœuds, au premier souffle de poney on retrouve la toile sur les toits du château du roi ! »

S’exécutant avec un sourire hilare, la dite loutre regrettait presque de ne pas être placée à côté de l’échoppe –fixe, elle- du cadet de la famille Fäern’Dryl, grands amis de sa propre famille depuis de longues années ; loin d’être une question d’attirance comme certains adorateurs de potins voudraient bien le croire, elle s’était toujours mieux entendue avec ce dernier plutôt qu’avec les deux benjamins, plus éteints et parfois trop sérieux. Ils restaient cependant tous aussi gentils et serviables les uns que les autres, et il lui était toujours agréable de passer quelques jours parmi eux. Leur père –joailler grand consommateur de perles de la famille Zraden- tenait d’une main de fer (grandement aidé de sa femme, matriarche de renom dans son quartier) les comptes de tout le monde, et c’était pour cette raison qu’ils se partageaient un grand étal au lieu de s’éparpiller aux quatre coins de la ville. Ils profitaient tous du bon emplacement du cadet pour venir eux-aussi poser leurs présentoirs, quitte à ce que l’enchainement ne soit pas cohérent le moins du monde. Et si dans la logique il aurait mieux valu qu’après maréchal ferrant et selliers il y eût les joaillers père et fils, des derniers avaient immédiatement pensé hors de question de mettre une jeune femme seule en bordure d’étal. Mieux valait l’encadrer ! (Kylia soupçonnait d’ailleurs une lettre de sa grand-mère leur demandant de surveiller tous les individus mâles qui l’approcheraient de s’être égarée et d’être tombée malencontreusement et innocemment entre leurs mains.)

La cérémonie d’ouverte fut meilleure que dans ses souvenirs, encore que quatre années avaient eu le temps d’effacer pas mal de détails, aussi elle aurait bien en peine d’être bon juge en la matière. Elle revint auprès des autres qui s’étaient généreusement proposé de prendre sa place le temps qu’elle profite des réjouissances et se promettant d’avance de ne pas abuser de cette gentillesse, elle s’était dit qu’il valait mieux qu’elle se présente au seul cérémonial qu’elle était à même de comprendre et d’apprécier. C’était d’ailleurs la seule chose qui la chagrinait un peu dans l’histoire. Si pour certains, seule la dimension commerciale de la grande foire équestre existait, ils venaient forcément d’ailleurs. Les habitants d’Ilnedrie tenaient férocement à une tradition qui plus qu’ancrée dans leur terre coulait dans leurs veines, et si la jeune aigue comprenait cet attachement pour en avoir un semblable vis-à-vis de la mer, elle sentait bien que beaucoup de détails et d’enjeux lui échappaient en ce qui concernait les chevaux. Et quelque part, elle s’en culpabilisait légèrement, surtout parce qu’elle serait hébergée au cours des dix prochains jours par une famille qui s’était en grande partie dirigée vers les disciplines équestres.

Avant de repasser derrière son étal, elle y jeta un dernier coup d’œil afin d’être sûre que tout était bien en place. Les perles de différentes tailles étaient bien disposées sur un présentoir de bois recouvert de soie indigo, une par taille afin que les clients puissent mieux se décider. Quelques petits coffrets de bois, entièrement rendus étanches par les soins de la jeune femme, étaient aussi présentés au cas où ils trouveraient preneur. Rien n’avait l’air d’être à changer, c’était sobre et efficace, pas de superflu et surtout rien qui puisse être facilement dérobé en grande quantité. Elle reprit sa place non sans remercier l’ainé des quatre frères qui en tant que joailler s’était senti le mieux placé pour s’essayer à la vente de gemmes. D’un geste de la main, elle vérifia sa coiffure, replaça une mèche de sa frange rebelle sous la pince de métal ornée de minuscules perles, refit rapidement son chignon bas sur la nuque tenu par une simple baguette de bois, puis réajusta sa tenue. Son chemisier indigo flambant neuf tombait légèrement flou de ses épaules jusqu’à sa taille où elle l’avait resserré grâce au traditionnel foulard blanc immaculé des pêcheuses de perles de sa famille. Les manches fendues sur le dessus du bras tenaient bien en place et ne s’ouvraient pas complètement grâce aux boutons qu’elle avait rajoutés avant de partir de chez elle, et son pantalon au-dessus du genou –du même indigo vif que son haut- laissait voir des sandales de cuir solidement nouées sur ses chevilles par de fines lanières de toile sombre. Sobre et attirant l’œil juste ce qu’il faut, c’était encore le mieux pour la vente, raison pour laquelle toutes les représentantes de la famille Zraden sur les marchés portaient cette tenue. A la différence que Kylia ne se parait nullement de bijoux, plus par habitude que par refus de coquetterie.

Alors que la foule passait d’un pas tranquille, jetait un œil d’un étalage à l’autre, ce que tout le monde redoutait sans pour autant l’avoir envisagé, ce serait trop beau ! Ce qui devait arriver, donc, arriva, et bien plus tôt que prévu ! On ne peut pas dire à proprement parler qu’elle l’avait vu venir, mais l’interjection pourtant calme du maréchal ferrant en bout d’établi lui fit comprendre qu’il ne faudrait pas attendre longtemps… Voire ne pas attendre du tout pour voir foncer férocement et fièrement un jeune étalon, fendant les badauds en deux murs plaqués contre les étalages. On criait d’arrêter la bête. Facile à dire, pourquoi ne pas y aller vous-même ? Des paroles qui restèrent bien coincées au fond de sa gorge tandis qu’elle sentit une main sur son épaule et quelques mots jetés à la volée.
« On y va ! »
La question resta en suspens : pourquoi moi ? A choisir entre un autre sellier et une aigue, pourquoi donc demander à la moins compétente en matière d’équidés d’aller tenter d’en arrêter justement un qui s’avérait ne pas vouloir une seule seconde qu’on lui propose une alternative à un comportement visiblement incontrôlable ? Tout à fait, il est possible de glisser autant de qualificatifs concernant une situation lorsque l’on est en train de courir. Kylia se demandait bien pourquoi elle avait obéi, mais les faits étaient là, elle poursuivait bien un animal taillé pour la course au milieu de personnes qui se remettaient en plein milieu avec une facilité déconcertante. Sans doute plus agile et plus rapide, elle dépassa le jeune homme qui l’avait sommée de le suivre et arriva à temps pour voir le spectacle devant lequel tout le monde restait tendu, et non pas bouche bée.

Deux entiers se fixaient, et ils n’avaient pas l’air de vouloir faire simplement connaissance ni d’avoir peur l’un de l’autre. Tout près d’eux –trop, même- se tenait un jeune homme accompagné d’une ânesse. Ces deux derniers semblaient un peu en dehors et pourtant pas si étrangers à la situation. La jeune aigue voyait bien ce qu’il fallait faire, et pourtant elle ne savait pas comment le faire. Est-ce qu’approcher l’un des deux chevaux serait véritablement dangereux ou au contraire bénéfique ? Elle était loin d’être la mieux placée pour intervenir et pourtant personne d’autre ne bougeait. Puis quelque chose d’étrange se passa au milieu du cercle formé par la foule.
Rien de visible ne se produit, et pourtant, il s’était bien passé quelque chose. Un animal aussi excité voire énervé ne se tétanise pas de la sorte, pas naturellement, à moins que la peur ne l’y pousse. Et si c’était bien le cas, la source de cette paralysie soudaine l’intriguait tout de même. Mais les chevaux étaient des animaux craintifs, et elle n’y connaissait rien. Peut-être quelqu’un dans la foule avait fait un mouvement brusque ou que quelque chose qu’elle ne voyait pas de son point de vue était rentré dans leur champ de vision ? Et encore fallait-il que ce soit vraiment de la peur et pas autre chose qu’elle ne connaissait pas à propos de cette catégorie d’êtres vivants.
La bride fut resserrée au fugitif, qui ne se fit pas prier pour retourner à l’écurie, trottant presque sans doute encore sous le choc ou sous la montée d’excitation qui l’avait poussé à partir d’une si bonne foulée.

Le regard bleu profond de la jeune femme se reporta sur l’homme et sa monture à la robe grise. Ils avaient l’air parfaitement calmes, presque comme hors du temps dans l’agitation qui retombait tranquillement. Il flattait l’encolure de l’autre entier d’un geste sûr, mesuré. Sans vraiment savoir l’intérêt de son geste à elle, Kylia s’approcha de lui, gardant tout de même plus d’un bras de distance avec l’inconnu puis demanda d’une voix légèrement coincée au fond de sa gorge :
« Vous allez bien, monsieur ? Vous n’avez rien eu ? »
MessageSujet: Re: Foire équestre d'Haïdayath   Foire équestre d'Haïdayath EmptyVen 11 Oct - 23:27
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Alenna Haessi
Alenna Haessi
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Quelques jours avant la foire.

Alenna se leva tôt ce jour-là, très tôt même, pour rejoindre une petite taverne en-dehors de Nhôldanthar. Elle avait rendez-vous avec un futur client et devait se hâter pour ne pas être en retard. Les rues étaient sombres et un brouillard qui annonçait l'arrivé de l'automne était encore présent. Elle était une fois de plus vêtue sobrement, de couleur terne et d'une longue cape à capuche. Après une bonne heure de marche elle tomba sur la bâtisse vide, mis à part son gras et chauve propriétaire qui astiquait le bois des tables. Il y avait un autre homme bien plus fringant, large d'épaule et avec une épaisse peau de bête en guise de manteau *c'est que les bourgeois ont vite froid* ricanât-elle dans sa tête.

- Monsieur. Elle s'assit en face de lui sur un tabouret et attendit les instructions du contrat.

- Bonjour.... Merci d'être venu. J'ai un petit service à vous confier. Vous ne le savez peut-être pas, mais c'est bientôt le premier jour d'automne et à chaque début de la saison a lieu à Haïdayath une foire équestre.


- Oui, je vois... *En même temps qui ne le sait pas*

- Donc lors de ces jours de fête des épreuves et des paris sont mis en place. Un cheval, le meilleur coureur dit-on participe à une course, ce cheval ne doit pas la gagner. L'évènement n'est que dans quatre jours et pourtant on le clame déjà vainqueur. Une très grosse somme de Neÿrs a été mise en jeu dans des paris. Tuez-le, prenez-le, je me fiche de vos méthodes, mais il ne doit pas participer. Je prends en charge vos frais pour la mission et le transport.

- Très bien, mais sachez que cela vous demandera beaucoup d'argent.


- Ce n'est pas un problème. Le parieur lui tendit une enveloppe cacheté. Voici les informations utiles, je serais sur place, alors pas d'entour-loupes.


Il se leva pour partir, pendant que la jeune femme décachetait le papier pour lire. Elle y trouva une description de l'animal et le nom du propriétaire, ainsi que l'heure du départ de sa caravane qui partait pour la ville de l'est.

Dans la journée elle s'acheta une robe et d'autres vêtements de femme de son âge qu'elle ne portait que rarement, mais puisque c'était jour de fête elle passerait certainement plus inaperçu habillée comme tout le monde. Elle avait eu dans l'idée de retrouver Seferdi, son maitre qui y résidait incognito, après sa mission.

Le jour de la foire.

Le voyage fut long et sans encombre et elle arriva juste à temps pour ne rien rater. Les stands se mettaient doucement en place et la charmante Haessi, habillée d'une robe couleur sable et de chaussures plates de couleur beige, se promenait entre les stands pour repérer l'écurie de sa cible. Il était tôt, mais le climat était très différent de celui dont elle avait l'habitude en cette période de l'année. Il faisait chaud et le soleil était déjà très présent dans la ville des fils du désert, une chaleur qu'elle trouvait étouffante.
Elle était bien contente d'avoir une chambre entièrement payée par son client dans une auberge, car apparemment avec tout ce monde il était pratiquement impossible d'en trouver une.

Elle poursuivit ses recherches quelques minutes, quand elle tomba nez à nez avec l'écurie du "futur champion". Elle s'arrêta en face et attendit que la rue se remplisse un peu plus, pour ne pas qu'on la remarque. Enfin, elle se glissa dans les lieux et marcha sans se faire repérer par le palefrenier, qui était trop occupé à récurer les crottins d'un box. S'accroupissant et arrivant à la porte de l'étalon, la tueuse se demanda que faire pour l'empêcher de concourir.

Elle ne voulait pas tuer la bête, elle n'en avait pas le courage. C'était pas comme si c'était du gibier ou de la vermine. Toutefois, la voler, lui semblait impossible. Il ne restait donc qu'une possibilité, le libérer dans la rue , en espérant qu'il s'enfuit hors de la ville et tant pis s'il devait renverser quelqu'un, ce n'était pas son problème.

Le jeunot étant trop distrait pour faire attention à ce qui l'entourait, elle sortit une dague qu'elle avait caché sous sa robe à l'aide d'une sangle, là où tant d'hommes rêveraient de placer leur tête chez la jolie vierge. Elle leva le loquet doucement pour ne pas que la rouille ne fasse de bruit et entra doucement dans le box de l'herbivore.

Elle avait tout sauf l'habitude de ce genre de tâches et essaya d'effrayer le moins possible l'imposant animal. Ale' serra sa lame et coupa la corde d'un coup sec et rapide. Puis donna une claque sur les fesses du canasson pour le remuer un peu. Son plan avait parfaitement fonctionné, car il fonça dehors au galop l'écuyer prit au dépourvu essaya de le récupérer, laissant le champ libre pour la douce de ranger son arme et de repartir dans les rues.

Cela avait prit moins d'une heure et elle allait pouvoir continuer de visiter les lieux. Elle voulait rejoindre un étalage où une Aigues semblait vendre des bijoux sympathiques. Mais Alenna ne s'attendait pas à recroiser la route du cheval qui la bouscula et lui claqua la tête sur une des fontaines de la grande citadelle. Mais il n'allait pas s'arrêter pour autant, non il continua sa route vers la sortie de la ville passant même avant la blessée à moitié inconsciente devant l'étalage de perles. Ironie du sort peut-être...
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