Les Chroniques de Nerÿe
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 Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]

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Kethnyr Il Faägn
Roi des Khëradas
Kethnyr Il Faägn
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La figue roulait au sol, trajet erratique sur un sol de marbre poli. Les griffes du petit dragon crissèrent au sol, tandis qu'il bondissait sur le fruit malheureux, le saisissant tel une proie pour en lacérer enveloppe et chair. La petite créature y présenta une dextérité telle que Kethnyr songea sur l'instant à l'éloigner de ses appartements pour lui laisser défouler ses pulsions prédatrices sur d'autres cibles que ses futures conquêtes.

Peine perdue, en cela que Glyn ne se laissait jamais repousser bien loin, il semblait toujours disposer d'un sixième sens lui indiquant où se trouvait son maître. De cet état de fait, une haute prêtresse Khëradas lui avait jadis suggéré un sage compromis : soit il gardait le petit dragon blanc non loin de lui, soit une lame acérée pouvait régler bien des problèmes. La prêtresse n'avait pas le pouvoir d'imposer ses points de vue, mais Kethnyr, avec le recul, la tenait comme responsable de l'irascible caractère de Glyn. Il avait quelque malice dans son regard, un peu trop de préparation dans ses attaques, et certains de ses visiteurs, toujours les mêmes, semblaient damnés à ne jamais jouir en paix du repos qui suit l'acte.

Vautré sur un large fauteuil garni de coussins multicolores, sa chevelure répandue sur l'étoffe écarlate de l'accoudoir, appuyé négligemment sur son coude, Kethnyr se souciait assez peu de sa prestance. Ses habits n'étaient qu'un vague drapé d'albâtre noué à la taille, aussi libre dans ses volutes que ses cheveux lâchés. A sa portée, il n'avait rien de plus qu'un plateau de fruits sur une tablette de verre au pied d'onyx, où il puisait selon son caprice, en lançant plus qu'il n'en mangeait. Pour seule compagnie, il y avait une minuscule fillette blonde aux grands yeux verts, laquelle fixait avec angoisse le plateau de fruits, redoutant que son contenu s'amenuise au point qu'il lui faille l'échanger contre un autre. A la vérité, elle craignait moins le roi, trop jeune qu'elle était pour susciter un réel intérêt, que le petit Akuxas aux crocs féroces. Glyn ne l'aurait certainement pas touché non plus, mais elle ne pouvait le savoir, et c'est la gorge serrée qu'elle le voyait déchiqueter une datte et en réduire le noyau en échardes à la force de ses griffes. Elle sursauta lorsque la porte s'ouvrit.

Un héraut entra, un Khëradas aux yeux rieurs et aux cornes tourbillonnantes. Il la congédia d'un signe convenu, l'envoyant quérir mets et breuvages pour leur hôte qui s'en venait, gagna d'un pas leste le second siège lequel faisait fasse au roi.

« Votre visiteuse arrive, mon roi. » déclara Geÿr.

Une phrase bien plus neutre que l'éclat complice dans son regard. Le héraut ne s'embarrassait de protocole, de noms clamés en grande pompe et d'entrées théâtrales que lors des audiences publiques, et aussi officielle soit l'entrevue du roi, ils savaient tous deux que Kethnyr n'était pas l'érudit le plus fervent lorsque venait l'heure de débattre des implications théoriques des flux d'éther. Geÿr était des plus exigeants en matière de femme ce qui signifiait que la sorcière ne dérobait pas entièrement sa réputation. Le monarque haussa un sourcil interrogateur.

« Il en serait dommage de lui parler magie. »
s'expliqua le héraut.

Le roi lui donna congé avec un rictus de connivence. Geÿr de ce pas gracieux qu'il avait cultivé comme une danse de cour maintes fois répétées. Il partit avec lenteur, à dessein de croiser cette femme qu'il n'avait aperçu que de loin. Pour sûr, il lui manquait des écailles et des cornes pour en faire une compagne pleinement satisfaisante, mais pour ce qu'il en jugeait, elle avait quelque impétuosité qui n'avait rien à envier au feu du dragon.

Glyn dévora une autre figue. La servante s'en revint, déposant son plateau chargé de deux coupes, d'une bouteille de vin, d'une autre plus petite remplie de sang, et deux autres serviteurs la suivait, qui vinrent noyer la table de verre d’amuse-gueules de toute sortes : fins morceaux de viande, de fruits ou de légumes prisonniers d'un écrin feuilleté, nappé de crème, d'herbe, relevé d'épices. Il y avait là un vaste choix, et l'on avait fait l'effort de cuir une partie de la viande. Kethnyr jugea la chose appréciable, non qu'elle lui plut - si ce plateau lui avait été seul destiné il l'aurait perçu comme un affront - mais parce que leur dernier cuisinier en date, un sale bougre de Nhôldanthar avec un pied bot, avait manifestement quelques qualités et bonnes manières dans son domaine. Il avait assuré avoir bien d'autres talents, surtout à une jeune courtisane Khëradas aux appétits insatiables et malgré le peu d'attrait du bonhomme, le roi n'aurait pas parié que la curiosité de son peuple lui laisserait l'opportunité d'en faire montre. L'on s'installait rarement en Andrasor sans bonne raison ou sans arrière-pensée. Et la cuisine raffinée d'un artisan expérimentée serait partout mieux reconnu qu'en territoire Khëradas.

« Laissez-nous. »
ordonna Kethnyr.

Les serviteurs s'en furent, non sans que le plus hardis du lot n'ait déblayé les dépouilles de fruits laissées par Glyn. Le petit dragon perçut la fin du jeu et s'en vint voleter vers son maître, se perchant sur son siège, prêt à lorgner de haut l'impudente qui osait lui dérober l'attention précieuse de Kethnyr. Qu'on se le dise, le roi avait peu d'instant d'ennui.
MessageSujet: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 15 Aoû - 9:23
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Saresha Ner'daryn
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La missive ne fut pas une surprise car ce n'était pas la première que Saresha recevait du souverain Kheradas. En revanche qu'il envoi son fils héritier pour le délivré et ce, un soir de sabbat, ça c'était plus étonnant. Quoi qu'il en soit, comme à chaque invitation, la sorcière répondait à l'appel. Andrasor était un royaume que la nécromante appréciait, ce côté féerique avait ce petit quelque chose de tellement plaisant qui lui changeait de la vue lugubre de Beren'thys. Il fallut plusieurs jours de voyage pour rejoindre Adraes et la chaleur de l'été frappa la mère supérieur de plein fouet.

Juché sur un roncin au pelage noir et dont la croupe et les pattes étaient étaient large et musclés, la reine du clan noir donnait une fois encore cette impression néfaste sur son passage. Son long manteau noir dont la capuche cachait habilement son visage lui donnait un air de faucheuse venu arracher quelques âme sur son passage. Ce n'était pas entièrement faux.. Mais elle était là pour une simple visite de courtoisie, des vacances en sommes. Oui des vacances dans un royaume où la pauvreté n'existait pas, où la faim et le froid ne faisait pas partit du quotidien et où les habitants pouvait vous offrir en pâture à des dragons. Cette simple pensée arracha un sourire d'amusement à la reine alors que sa monture se stoppa devant l'immense palais de pierre blanche.

Il ne fallu pas longtemps pour être accueillis et l'avantage c'est qu'ici on la traitait toujours avec respect, ce qui n'était pas le cas de l'empereur humain. Saresha laissa son cheval à des domestiques humains alors qu'elle fut intercepté par un Kheradas. Geÿr. L'hybride était toujours celui qui venait accueillir Saresha pour la conduire à son roi. La reine le salua vaguement, juste de quoi se montrer polit et le suivit jusqu'à la salle où Kethnyr se trouvait, en compagnie de son horrible bestiole. Qu'on se le dise, Saresha haïssait les dragons, car son village avait déjà faillit brûler deux fois à cause de ces fichus prédateurs et que sa mère avait périt dans l'un de ces incendie. La sorcière abaissa sa capuche, dévoilant son visage à la peau hâlée et aux yeux ambré semblable à ceux du Kheradas.

« Majesté, c'est un plaisir de vous revoir. »

Un sourire malicieux vint se dessiner sur les lèvres pleines de la belle alors que son regard se posa sur le dragon aux écailles d'albâtre et dont les ailes étaient surmonté de piques sombres. Si cette chose l'approchait ou tentait quelque chose contre elle, la sorcière se fit la promesse (comme à chacune de ses visites) de le changer en steack pour Kheradas.

« J'ai été surprise de voir votre fils apporter votre missive... D'autant qu'il a plutôt mal choisit son jour d'arrivée. »
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 15 Aoû - 14:14
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Kethnyr Il Faägn
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Saresha était un hôte de choix. Elle honorait toute ses invitations, et savait malgré cela apporter son propre lot de surprises dans cette aura subtile qui l'entourait, et qui évoquait tout à la fois au roi un parfum de fleur insaisissable, l'obscurité humide d'un sous-bois et la complicité d'un rayon de lune. La sorcière allait drapée de plus de mystères que d'habits, bien qu'elle en porta encore trop au goût du roi.

Geÿr avait l'oeil, et assez d'expérience de la cour et de son roi pour que le roi put se fier à son jugement, il n'en attendit pas moins que parut la sorcière pour se ranger à l'avis de son héraut. Glyn l'accueillit d'un glapissement moqueur, riant d'une plaisanterie connue de lui seul, à moins qu'il n'ait pu saisir l'ironie sous-jacente au fait que la sorcière le détesta lui, créature de glace, au nom de tous ses pairs, alors que son maître demi-sang avait, lui, l'art de manier les flammes. Kethnyr ignora son familier, le petit dragon avait le chic pour houspiller les hôtes intéressants.

La sorcière n'avait pas sourcillé de le trouvé avachi sur son siège. Il ne s'était pas levé pour la saluer, elle ne s'était pas inclinée devant lui. Il régnait entre eux une vague connivence, de ces complicités tacites qui ne s'installent qu'à l'échelle des siècles, les mêmes qui émoussent les joies et les peurs d'un quotidien maîtrisé.

Lorsqu'elle se découvrit, Kethnyr dut concéder au temps qu'il l'avait délaissé, n'altérant rien de sa superbe, tout juste se jouant des teintes qu'il donnait à sa peau au fil des saisons. Plus frêle que les dames de son propre sang, la sorcière avait la volupté gracile d'une feinte fragilité, et n'en gardait pas moins des formes à sa mesure. Le roi lui rendit son regard, prunelles d'or s'abîmant dans leur propre miroir.

Kethnyr la salua d'un hochement de tête et d'un sourire entendu. Saresha était une sorcière, sa compagnie demeurait aussi appréciable que redoutable. Il était dangereux de l'oublier et plus encore de se placer à sa merci. Le plaisir était partagé, elle le saurait sans qu'il le lui dise. Il ne commettrait ni l'erreur de la tenir pour acquise, ni celle de s'offrir à elle. Il était encore trop tôt, il n'eut pas voulu qu'elle croit qu'il avait passé les dernières décennies à l'attendre. Kethnyr avait parfois une once de fierté, assez pour être coucheur mais pas menteur.

Lorsqu'elle évoqua la missive, le roi se prit à rire. Un sourire carnassier aux lèvres, les yeux brillants de raillerie, il répondit à mi-voix  :

« Je n'aurais pas dit cela. »

Kethnyr n'avait pas connaissance des dates du sabbat. Il existait certainement un calendrier, un signe des astres, un message des dieux ou tracé dans l'harmonie de quelques flux d'éthers pour prédire la chose, mais cela appartenait indubitablement à un domaine qui, quel qu'il soit, insupportait le roi. Il n'avait et n'aurait jamais pu se réjouir d'étudier la chose. Par contre, au grand jamais, il n'aurait jugé mal choisi de de s'y inviter par une délicieuse coïncidence. Il pria le dieu que son fils ait daigné se comporter en homme. Non qu'il eut voulu doter les sorcières d'une bâtarde Khëradas, mais juste parce qu'il aurait été chagriné que son propre sang fasse fi d'une telle aubaine.

« Peut-être vouliez-vous me vexer. Vous ne m'avez jamais invité. »

Feignant d'être déçu, le roi entreprit de servir le vin, il en remplit une coupe en cristal pour Saresha et une autre pour lui même qu'il coupa généreusement avec du sang. L'alcool avait le don d'embraser ses pulsions, là où le sang les mettait en suspens, lui inculquant la patience féroce d'un dragon rassasié. Jugeant qu'il aurait peu d'occasions aussi habiles de tenir sa langue, il porta sa coupe à ses lèvres. Glyn, quant à lui, n'avait ni bougé, ni bronché, et se contentait de fixer la sorcière d'un regard glacé, et bassement condescendant.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 15 Aoû - 17:32
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Saresha Ner'daryn
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Le chat et la souris.
Kethnyr et Saresha était la représentation parfaite du jeu que formait ces deux animaux. Pourtant, il était dur de savoir qui était le chat et qui était la souris. La sorcière resta immobile face au roi, attendant silencieusement d'être invité à s’asseoir face à lui, ce qui n'aurait pas été de refus après des jours entier de chevauchée à travers tout le royaume. Cependant, la reine lâcha un rire bref lorsque que le Khëradas fit mention de sa non invitation au sabbat.

« Allons, si j'avais su que vous seriez tenter par le sabbat je vous aurez envoyé une invitation plus tôt... »

La sorcière jeta un nouveau regard vers le familier draconique et arqua un sourcils d'agacement alors que l'animal la fixait comme un vulgaire bout de viande. Elle aurait donner n'importe quoi en cet instant pou faire s'abattre la foudre sur le petit prédateur histoire de lui montrer qu'il n'était pas à la hauteur. Ceci dit, vu la taille de ses crocs et ses griffes, Saresha avouait intérieurement ne pas vouloir se frotter à la créature, si bien qu'elle en vain à l'ignorer pour reporter son intention sur le souverain d'Andrasor. La sorcière détacha son long manteau noir et le tendit à une domestique qui passait près d'elle, dévoilant sa longue robe d'une couleur crème, tout ce qu'il y a de plus simple. A voir la mère supérieur, il était difficile de croire qu'elle était de sang royale, elle n'avait aucun royaume, aucune fortune et même ces tenues faisait croire à son entourage qu'elle n'était qu'une simple femme dont la beauté était tout ce qu'elle avait pour elle. Faux, son héritage magique était impressionnant et ses faculté bien plus encore. Sa capacité à survivre pendant presque sept siècle prouvait à quel point la sorcière n'était pas une femme à prendre à la légère.

« Puis-je prendre place à vos côté ? »

Sans même attendre la réponse du roi, Saresha s'assit dans le siège libre et esquissa un sourire. Son dos s'en fut immédiatement soulagé ainsi que l'intérieur de ses cuisses. Tant de jour à galoper à travers les différents climat du continent, c'était épuisant et déjà, la Llorathi se voyait dans un bain à se détendre puis prendre un bon repas et finir avec une longue nuit de sommeil.

« Alors Kethnyr... En quel honneur ais-je été invité une fois encore... ? Je doute que ce soit uniquement par courtoisie. »

Se penchant, la sorcière se saisit de la coupe de vin qui lui était destiné puis le porta à ses lèvres pour en boire une gorgée. L'alcool glissa rapidement dans sa gorge, lui arrachant un soupir de bien être.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 15 Aoû - 19:14
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Kethnyr Il Faägn
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« J'en prends note. » répondit obligeamment le roi en vidant la moitié de sa coupe.

Le vin était fort et relevé d'épices mais pas suffisamment pour dissimuler le goût âcre et métallique du sang. Pour empêcher ses pensées de divaguer, il lui aurait fallu boire la bouteille mais même la politesse la plus informelle condamnait là l'impolitesse. Et s'il froissait la sorcière, elle ne le convierait pas au prochain sabbat. Vil dilemme. Le roi reposa sa coupe. Ce serait de sa faute s'il agissait sottement.

Saresha faisait bien des manières. La détaillant tandis qu'elle retirait son manteau – le domestique qu'elle héla pour s'en débarrasser ouvrit de grands yeux, il n'avait pas l'habitude de se voir charger d'autant de tissu à la fois. Les Khëradas se contenaient généralement de laisser glisser leurs habits au sol et de les reprendre ou non, selon leur fantaisie. La robe qu'elle portait était dénuée d'attrait mais le roi n'en avait cure, s'il s'habillait de riches étoffes, il n'y voyait qu'un artifice dont se parer pour jouir du plaisir de l'ôter. Il aurait volontiers effeuillé la sorcière, mais l'on ne posait pas la main sur une femme de magie sans craindre pour ses doigts. Ses semblables n'avaient certainement pas moins d'attrait.

Kethnyr indiqua le siège d'un geste gracieux, amusé que Saresha se montre si formelle. Leurs rapports avaient toujours été plus que cordiaux même s'il ne pouvait se targuer d'avoir jamais goûté à ses étreintes.

« Partageons donc une coupe de vin, voulez-vous ? »

° Une gorgée pour vous, une gorgée pour moi. °
songea Kethnyr, et Glyn lança une trille dissonante en réponse à son amusement.

Le roi se saisit ensuite d'un petit feuilleté aux figues, dérobant toute l'attention de son familier. Lorsque Kethnyr y mordit, le petit dragon s'en désintéressa tout à fait pour revenir à leur hôte. Un dragon ne partageait pas ses proies. Un demi-dragon non plus, ou du moins pas celles-ci. Lorsque l'attention du roi se porta de nouveau sur la sorcière, il arborait un sourire narquois.

« Allons, vous bafouez ma courtoisie à présent, biaisa le roi. Vous ai-je jamais mal reçue ? »

Saresha avait été l'un de ces maîtres respectés qu'il avait convié naguère, lorsqu'il était apparu évident que les cours qu'il avait délibérément séché au Magistrat lui portait lacune pour appréhender la magie dans son entièreté. Les temps avaient changé, le roi avait toujours un intérêt prononcé pour la magie et la motivation nécessaire pour développer ses talents, mais plus aucune scrupule à n'y rien comprendre.

« N'ai-je point droit de jouir de votre compagnie sans arrière-pensée ? »

Kethnyr se mordit la lèvre. Il avait ce droit, ce qui changeait rien au fait qu'il en fut incapable.

« Je pourrais bien abuser de vous ou vous dérober un sortilège, mais l'un ou l'autre vous amènerait à doter mon peuple de bien mauvaises manières. Aussi dois-je me contenter de votre délicieuse présence et des apprentissages de votre sage conversation. »


Quelque chose, dans la désinvolture du roi, laissait à penser qu'il se moquait comme d'une guigne de ce que l'on penserait de son peuple. De par sa nature Khëradas, il eut davantage rougi de jeter son dévolue sur une humaine, même si à bien y regarder, elle ne l'était qu'à demi, et lui de même. Et pour ce qui était de son sang, la chose était entendue, elle ne pouvait concevoir hors du sabbat. Kethnyr ressentait une bouffée de jalousie à cette idée, il aurait bien aimé avoir une once de sang de sorcière dans les veines plutôt que d'ingurgiter le breuvage que lui fournissait les prêtresses. Il le supposait infâme à dessein – au point qu'on put à la longue désirer des héritiers – et guère plus buvable qu'un seau de pisse d'âne. Même s'il atteignait dangereusement le stade où, faute d'avoir jamais goûté, il doutait que la pisse d'âne put être écœurante à ce point.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 15 Aoû - 22:14
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Saresha Ner'daryn
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Le rire de la sorcière résonna dans la pièce. Kethnyr était amusant, mais surtout beau parleur. Saresha abaissa sa coupe de vin, le fixant d'un œil pétillant et sourit malicieusement. IL ne répondait pas clairement à sa question mais la sorcière savait qu'il ne l'invitait pas par pure courtoisie. Non, tout comme elle les Kheradas voulait du pouvoir, certains étaient même prêt à aller très loin pour ça. La Llorathi posa sa coupe et se pencha en direction de Kethnyr avec un sourire en coin.

« Me dérober un sortilège... ? Vous me sous estimez mon ami... La sorcellerie est puissante, audacieuse et mystérieuse... Avec elle tout est possible... Mais il faut être prêt à en payer le prix. Si vous le désirez, je peux mettre ma magie à votre disposition si vous en ressentez le besoin mais garder en mémoire que l'on a rien sans rien. Ma magie a un prix... très élevé. J'ai beaucoup de savoir Kethnyr... mais je ne suis pas sage... Je ne l'ai jamais été. »

Son sourire s'étendit, plus malicieux et sournois que jamais. Oui, Saresha avait une connaissance du monde magie grandement élevé, bien plus que la plupart des gens pouvait le soupçonner mais jamais elle n'avait été quelqu'un de sage. Elle jouait avec la magie, subissait volontairement ses conséquence. Mais se pourrait-il que dans cette évocation de sagesse la reine du clan noir ait voulu faire passer un autre message ? La sorcière détourna le regard, reculant doucement pour s'enfoncer dans son siège et piquer une groseille dans le plateau puis glissa lentement le fruit juteux entre ses lèvres. Son regard d'or liquide se plongea à nouveau dans celui de l'hybride, cherchant à capter toute son attention.

« Je viens tout juste d'arriver... Je suis las de mon voyage... Serait-il possible pour moi de rejoindre une chambre et de prendre un bain ? Je suis aussi odorante que mon cheval. Si je ne m'abuse, la dernière fois que je suis venu, j'ai eu le droit à un bain de lait d’ânesse... un véritable régale... Ais-je le droit à ce privilège une fois encore ? »
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyVen 16 Aoû - 7:23
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Kethnyr Il Faägn
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La sorcière se prêtait au jeu. Il ne leur était pas permis de parler sans détour, s'il fallait tenir compte de l'ardoise entre leur deux peuples, la craie avait maintes fois crissé. Kethnyr ne se détournerait pas de ce qu'il était, une créature d'instinct et de magie, aux ambitieux appétits, le lointain descendant d'un dragon. Il avait bien assez de verve pour exprimer ses desseins, mais suffisamment de présence d'esprit pour ne pas franchir les barrières invisibles qui mettraient la sorcière hors d'elle et risqueraient de faire de cette douce compagnie une cruelle ennemie. Les Khêradas se servaient des humains, et quiconque avait l'oeuil observateur comprenait que les demi-dragons usaient là de leur faiblesse pour les tourner à leur avantage. Ambition, appétit charnel, sécurité, voilà ce que recherchait les serviteurs qui gagnaient l'Andrasor, et que leur octroyaient les Khëradas en bons princes. Saresha n'était que son hôte, pas sa servante. Qu'elle rit de sa courtoisie, si elle était venue de son plein gré, ce n'était pas au dessein d'obéir à la volonté du roi, c'était donc quelque espérait quelque chose des semi-dragons.

Parmi les Erudits du Magistorat, il s'en trouvait une qui avait suffisamment bien cerné son monarque pour ne rien lui enseigner qui figura dans un quelconque grimoire et concentrer ses efforts dans un registre plus intimes. Rhelya le connaissait bien, peut-être trop, et elle lui avait un jour entaillé les reins à coup d'ongles au milieu d'une étreinte, par représailles pour l'usage intempestif de son piège à sort, lequel avait fait d'elle la risée d'un amphithéâtre bondé. Elle ne l'avait pas sommé de n'en pas faire usage, l'érudite ne gaspillait pas sa salive. A la place, elle lui avait réclamé de lui ramener un sortilège prisonnier d'une flamme si jamais il croisait des mages d'intérêt, à l'avenir.

Magiquement parlant, Saresha était très intéressante. Mais il n'était pas sûr de désirer l'inciter à le prendre pour cible. La chose eut été aisé si elle avait ciblé Glyn, mais le capricieux familier préférait siéger en grand seigneur perché en haut de son siège. Rhelya l'aurait certainement récompensé chaleureusement, mais le roi ne désirait rien moins que faire usage de magie devant la sorcière. Elle le battrait à ce jeu-là si elle s'offusquait de ses manières, et il n'avait pas dessein de provoquer une sorcière en son domaine d'une mère à son fils.

« Mon peuple n'set pas en reste en matière de fortune dilapidée. Ce qui ne le rend pas plus sage, je le crains. »

D'un geste vague, Kethnyr désignait le faste de la pièce, les plateaux aux mets raffinés auxquels ils avaient à peine touché, et même Glyn qui en soi demeurait le présent dispendieux. Il lui rendit son sourire. Il n'avait pas de raison de vouloir acheteter ses services sur l'instant, mais cela n'interdisait pas d'y songer. Leur conversation n'était pas anodine. Prêter sa magie aux Khëradas, même moyennant finances ou compensations, voilà qui pouvait la conduire au bûcher portée par l'ire de ses sœurs. Les sorcières ne pactisaient pas volontiers avec les fils du dragon.

Kethnyr se plaisait à penser qu'en dépit de toutes les valeurs bien pensantes des autres peuples de Nerÿe, c'était en Andrasor qu'on était le mieux reçu. Il hocha la tête, un sourire entendu aux lèvres, devant la requête de Saresha.

Au moment où Kethnyr s'apprêtait à héler un serviteur, Glyn émit un puissant cri rauque, plus grave que son registre habituel. Le résultat ne se fit pas attendre, et la fillette terrorisée par le petit dragon se présenta à la porte. Le familier avait du coffre, mais suffisamment l'âme capricieuse pour appeler plus souvent les domestiques à son propre service qu'à celui de son maître, et déchiffrer les volontés d'un Akuxas en l'absence de son maître n'est pas chose aisée.

« Mon hôte désire prendre un bain. Au lait d'ânesse. Ne la déçois pas. »


La jeune fille bredouilla dans un cafouillis de voyelles aux accents lointains qu'il en serait fait ainsi que l'ordonnait le roi.

« Désirez-vous que je vous ouvre la route ? Sinon, il vous faudra vous en remettre à cette jeune personne. Méfiez-vous, elle tremble tant qu'elle pourrait vous mener hors du palais. »

Les yeux du Khëradas étincelaient de malice. Ce n'était jamais qu'une proposition déguisée. La fillette avait peur de Glyn - ainsi que toute personne impressionnable entrée récemment au service du roi - et il ne doutait pas une seule seconde qu'elle regagnerait tout son aplomb à servir une humaine, inconsciente du péril qu'elle frôlerait ainsi et des mille maléfices que pourraient lui faire subir la sorcière si telle était sa fantaisie.

Elle pouvait bien refuser, le roi ne s'en offusquerait pas. Qu'elle l'éconduise en son palais, et il trouverait à en rire. Elle qui avait déjà tant vécu, se pouvait-il qu'elle redoute de se trouver seule à seule avec lui ? Après tout, c'était elle qui avait rappelé à leur devoir les serviteurs qu'il avait congédié. Songeur, Kethnyr se contentait de dévorer la sorcière des yeux, privilège qu'on ne pouvait réellement lui interdire, une fois les portes du palais franchies.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyVen 16 Aoû - 8:21
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Le nouveau cri du dragon arracha une moue assassine à la sorcière qui fixa l'animal avec une sourire crispé qui en disait long sur ce qu'elle lui ferait pour le faire taire. Pire encore, l'enfant qui se présenta comme serviteur était pétrifier face à l'animal. Kethnyr ne semblait pas en tenir compte et ne cherchait pas à rassurer la fillette ni même à calmer sa fichu bestiole. Rien que pour cela, saresha lui aurait volontiers crevé les yeux. La Llorathi était beaucoup de choses... détestable, orgueilleuse, vaniteuse, égocentrique... mais malgré ses nombreux défaut, elle avait cet instant maternel qui était réputé chez les sorcières et voir une pauvre enfant, humaine de surcroit, se faire ainsi traité était pour elle... inacceptable.

« Vous... avez des enfants à votre service ? »


Saresha empoigna sa coupe de vin et but son contenu d'une traite, l'alcool l'aidait légèrement à calmer ses nerfs.

« Et... vous laissez cet... animal... terroriser une enfant qui ne demande rien à personne … ? Kethnyr, vous baissez dans mon estime... Je vous pensais meilleur souverain. Que ce soit pour votre peuple comme ceux qui sont à votre service. »

Baisser dans l'estime de Saresha, ça c'était quelque chose de mauvais. La belle se leva donc, agita la main d'un signe dédaigneux.

« Inutile de m'accompagner, l'enfant fera l'affaire... Mais si vous souhaitez être utile, faite donc porter une tenue à la chambre... Il fait une chaleur étouffante dans votre royaume et je n'ai malheureusement aucune tenue adapté. Je compte sur vous et... votre bon goût. »

Une dernier regard fut lancer au roi, un regard qui dura une fois encore sur quelques secondes. Leurs yeux se croisaient et restaient chaque fois accrochés avant que l'un des deux ne trouvent la force de détourner le regard. Pourtant, Saresha arborait une expression froide si ce n'est glaciale, elle qui passait son temps à sourire sournoisement. Sans un mot de plus, elle tourna le dos à Kethnyr et lâcha :

« Oh... et que votre familier ne tente pas de me dominer ou bien il se pourrait qu'il se heurte à plus fort que lui. »


La sorcière se mit en marche, posant une main sur l'épaule de la fillette et toutes deux disparurent dans un couloir, loin du regard du roi Kheradas.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyVen 16 Aoû - 9:44
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Kethnyr Il Faägn
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Kethnyr méritait l'accusation pour bien des travers, mais il n'était pas un bourreau d'enfants. A ignorer la frayeur de l'enfant tout autant que les menaces de son familier, il traitait Glyn ainsi qu'il le méritait : par le mépris. Reconnaître la dangerosité du petit dragon, c'était lui concéder plus de pouvoirs qu'il ne voulait lui en donner sur sa cour. Quant à la jeune fille, il faudrait qu'elle se fasse à l'idée qu'au sein du palais, nombreux étaient ceux qui avaient des griffes et des crocs acérés, et qu'il ne lui servait de rien de trembler. La leçon avait réussi à d'autres, plus âgés, certes, mais si le Dieu le voulait, elle n'en sortirait que grandie.

Pour autant, le roi se serait bien abstenu de froisser la sorcière. Il semblait que les écueils de leur sang respectif s'étaient décidés à se matérialiser, le faste et les promesses dorées du marbre laissant apercevoir l'échiquier sous-jacent, une lutte de pouvoir où même un pion importait. Même une petite fille dans l'embrasure ornementée d'une porte bien trop vaste, investie d'autant de devoir que de terreur.

« Il faut croire que oui. » répondit Kethnyr, inébranlable.

A attendre qu'ils aient l'âge d'homme et de femme accomplis, nous nous priverions de précieuses années, aurait-il pu ajouter. Il s'en abstint. Ils avaient pénétré sur un terrain dangereux, un marécage sournois où il aurait tôt fait de s'enliser.

« Cette enfant, quoi que vous puissiez en penser, a explicitement demandé à travailler à mon service. »

Il n'était pas dans les moeurs des Khëradas de racheter la peine de repris de justice. Ils enrôlaient plus généreusement de jeunes volontaires intrépides, l'esprit échauffés par les rumeurs sur l'Andrasor. Seulement, une erreur de calendrier et un retard sur les routes avait amené les hommes de Kethnyr au royaume de Thosam en une période de conscription. Soucieux de maintenir des relations cordiales avec l'empereur des humains, les Khëradas avaient donc refusé tous les hommes pour éviter tout conflit d'intérêt, à l'exception du cuisinier boiteux. Et l'orpheline avait surgi, voleuse et menteuse, assurant qu'elle pouvait accomplir le travail d'une femme, se prétendant douze ans, alors qu'elle n'en avait même pas dix.

Kethnyr failli ajouter quelque chose, préciser à la sorcière qu'elle avait coûté à son royaume son poids en or, sans quoi le marchand qu'elle avait volé n'aurait eu aucun mal à trouver une potence à sa taille. Il n'en fit rien. Le roi des Khëradas n'était pas assez fier pour ressentir le besoin de se justifier. Elle l'avait déjà jugée, promptement, à la manière dont ce peuple qu'elle défendait bravement aurait supplicié l'enfant. Il lui avait offert un abri, des repas réguliers, et lorsqu'elle aurait ses marques au palais et l'âge requis, elle recevrait quelque apprentissage de serviteurs plus âgés. Pour l'heure, elle n'avait pas tant à craindre Glyn : le petit familier préférait largement garder les appartements de son maître que de s'afficher en public et l'intendance avait pris garde d'éloigner la jeune enfant du tumulte des chambres pour lui conférer lui confier la charge de faire le service des plats.

Kethnyr congédia la sorcière d'un geste aussi négligeant que son salut. Sa requête titilla sa curiosité. Soit elle se jouait de lui, soit elle n'avait pas encore complètement clos leur entrevue. Une tenue... Avant ce malencontreux accident, il eut été tenté de ne rien lui faire porter, car de toute évidence, la nudité était ce qui seyait le plus à une femme selon son peuple. Mais elle avait le cœur à l'orage, et il lui fallait agir avec précaution.

« Je n'y manquerai pas. »

Lorsque leurs regards se heurtèrent de nouveau, le roi ne cilla pas. L'ire glaciale de la sorcière l'émoustillait plus qu'il n'était raisonnable. L'instant d'avant, elle incarnait la tentation d'un fruit offert. La facilité avait fui pour laisser place au danger délicieux d'un fruit défendu et Kethnyr n'avait pas la sagesse de passer son chemin.

La remarque de la sorcière à l'égard de Glyn lui arracha un rictus.
« Vous ne lui feriez rien. A moins que vous soyez encline à tourmenter plus faible que vous. »

La jeune fille, laquelle était restée figée durant l'échange, retrouva l'usage de ses jambes au contact rassurant de Saresha. Kethnyr suivit des yeux le départ de la sorcière, conscient qu'il venait une fois de plus d'anéantir une grande partie de ses chances de conclure la nuit à venir en bonne compagnie.

Lorsqu'ils furent seuls, le petit dragon voleta jusqu'à l'accoudoir, tendant le coup vers le plateau. Kethnyr lui donna une friandise en le lorgnant d'un oeil songeur, tandis que la petite créature engloutissait son festin avec appétit.

« Que fais-tu donc à mes dames, pour qu'elles te croient toutes nanti de quelque puissance secrète ? »

~°~

Une fois le grand corridor rejoint, la petite servante cessa de trembler, bien que sa démarche demeurât raide, hantée qu'elle était d'une angoisse visible. N'y tenant plus, elle s'immobilisa et leva vers la sorcière un regard suppliant.

« Ne me ramenez pas à Nhôldanthar. »

Elle ajouta d'une voix éteinte :

« Les dragons de là-bas sont pires encore, même si l'on ne les voit pas. »

~°~

« Lui auriez-vous parlé politique, mon roi ? »
s'était enquit le héraut dans une feinte innocente. « L'on m'a dit qu'il y avait la mort dans ses yeux, un soupçon de cette prison millénaire dans laquelle l'ambre fige toute chose. »

Geÿr avait des yeux et des oreilles partout, et beaucoup de temps à perdre dès lors que Kethnyr ne se montrait pas en public et ne requérait donc plus ses services.

Les fauteuils noyés de coussins avaient cédés à des sièges ouvragés dont la hauteur et l'assise de velours seyaient davantage à un repas courtois avec une étrangère. La table au plateau de verre s'était vu remplacée par une autre, une imposante pièce de menuiserie, tout de bois massif, dont les pieds sculptés disparaissaient sous les pans d'écarlate d'une nappe aux reflets satinées et au motif délicats d'arabesques enflammés. La vaisselle était prête, les bouteilles servies, ne manquait que l'invitée et les premiers plats.

La présence de Geÿr était des plus superflues mais Kethnyr lui fut gré de sa visite : lorsque le héraut royal se retira, il s'en fut avec sur l'épaule, un petit dragon peu amène aux écailles de glace. Rares étaient les gens qui pouvaient approcher son familier de la sorte, Kethnyr supposait que Geÿr et Glyn partageait le même penchant à l'arrogance et aux piques mesquines et qu'une alchimie mauvaise opérait entre eux. Moyennant quelques entailles dans sa chair et la promesse d'un plateau garni de viande, le héraut parviendrait à ramener le petit dragon dans les appartements de son maître.

Et, avec un peu de chance, Saresha verrait comme un signe de paix qu'il ait congédié son familier draconique. Il lui avait fait porter une robe des plus vaporeuses, de ces étoffes raffinées que portaient les dame de sa cour, si fines qu'elles laissaient apprécier le tracer des écailles sur la peau. Pour éviter tout esclandre gratuit de la part de la sorcière, il lui en avait fait mander plusieurs. Saresha serait libre de porter la couleur qu'elle voulait, et si la transparence du tissu la gênait, elle pourrait en porter plusieurs. C'était chose courante, les étoffes croisées prenaient des teintes nouvelles, s'ornant de reflets délicats. Toutefois, la chose aurait tôt fait d'être perturbante, les Khëradas se paraient peu, user de plusieurs robes demeurait l'apanage de jeune Khëradas non fleuries.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyVen 16 Aoû - 10:55
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Saresha Ner'daryn
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Le bain de lait avait fait des merveilles sur la peau satinée de la sorcière. Enfin détendu, elle avait prit le temps de penser à elle, de se revigorer avant de se préparer pour la soirée. Les mots de l'enfant étaient rester graver dans sa mémoire... Si elle même n'avait pas été une sorcière, elle aurait probablement agit de la même manière après le décès de sa mère. Planté devant le miroir, Saresha observait son reflet sans vraiment le voir car tout ce qui défilait devant ses yeux n'était que de vieux souvenirs qu'elle avait prit soin d'enterrer dans un coin de son esprit et qui malheureusement refaisait surface. Elle entendait à nouveau les cri de peur, les grondement du dragon, les flammes et sentait l'odeur âcre de la fumée. Dur souvenir que voilà et qui lui rappelait pourquoi elle avait cette haine profonde contre les dragons et tant de rancœur envers ceux qui les défendait envers et contre tous au nom d'un stupide dieu qui jamais ne reviendrait fouler les terres du continent.

*
* *

Silencieuse comme un chat, la sorcière entra doucement dans la salle de repas. Elle s'était attendu à voir du monde, des gens de la coure du roi mais... personne. Juste le roi Kheradas. Même son fils et sa compagne étaient absent. D'ailleurs, aussi loin qu'elle se souvienne, Saresha n'avait jamais vu la mère de Ryld, comme si la femme en question n'existait pas. Ici on ne parlait jamais d'elle, du moins pas quand Saresha était présente. Sujet tabou sans doute... Chaque famille à son histoire et la sorcière préférait s'en tenir éloigné. D'un pas lent, ses pieds nus glissaient sur le sol marbré de la pièce, la sorcière semblait presque flotté, nimbé d'une aura lumineuse qui n'était dû qu'au reflet des chandelle sur ses bijoux corporels. Bijoux qui faisaient office de sous vêtements le tout recouvert par un voile aérien d'un blanc laiteux et transparent. C'était vraiment rare de voir la Llorathi ainsi vêtu, elle n'était pas friandes de bijoux et de babioles en tout genre. S'approchant du roi, elle resta debout à le fixer de ses yeux maquillés d'une poudre d'or. Les doigts fin de la sorcières caressèrent le bois clair de la table et sa voix s'éleva doucement, brisant le silence de la pièce.

« J'espère... Avoir fait un bon choix pour la tenue... Je porte rarement du blanc, mais je ne voulais pas faire tâche dans le paysage. »
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyVen 16 Aoû - 19:33
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Kethnyr Il Faägn
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Kethnyr avait pris congé de sa cour à sa manière. Si la foule des courtisans Khëradas manquait à la sorcière, elle était libre de se rendre où bon lui semblait et de s'y mêler selon sa fantaisie. Qu'elles séduise ou les insulte lui importait peu, en vérité.

La sorcière apparut, trésor offert aux regards dans un écrin diaphane. Elle n'avait pas d'écailles à montrer, mais les bijoux scintillants qu'elle portait tentaient en vain d'égarer le regard de ses formes provocatrices. A son arrivée, elle n'avait sur elle que la rude sobriété d'une tenue de voyage, souple et pratique. Si elle s'aventurait sur les routes avec sa mise actuelle, elle risquerait d'aller bien peu loin, chaque Khëradas qu'elle croiserait en l'état se ferait un devoir de la retenir...

L'harmonie du paysage. Y veillait-elle vraiment ? Si c'était l'esthétique qui parlait, alors le roi des Khëradas pouvait bien ne l'avoir reçue que par pure courtoisie. A quel dessein s'était-elle fait son reflet, se parant de blanc ? Son esclandre d'avant, n'avait-elle été qu'un jeu ? Loin d'être candide en matière de femmes, Kethnyr n'en était pas moins décontenancé. Les femmes Khëradas tenaient des discours plus tranchés, à trop tarder, l'on découvrait généralement sa proie dans le lit d'autrui plus futé ou plus affamé.

Le maquillage lui seyait à la manière des artistes en tenue de scène, il la sentait peu familière de tels étalages, et l'essence farouche de ce qu'elle était l'attirait tout autant que cette mascarade improvisée.

« Un choix des plus élégants. » répondit simplement le roi tandis que deux serviteurs - d'âge convenable cette fois-ci, apportaient les premiers plats, un émincé de volailles relevé d'ail, de champignons et d'aromates variés, un filet de poisson cuisiné avec ses écaillles dans une sauce aux agrumes agrémentées d'épices, et un assortiments de pièces de viande, dont la cuisson variait de sanglant à vaguement poêlée.

Qu'aurait-il pu dire d'autre ? Saresha était radieuse. La clarté de l'étoffe et les bijoux chatoyants rehaussaient le hâle de sa peau et le brun profond de sa chevelure. Et Ketnyr ne pouvait décemment pas la blâmer de se parer de telle sorte que sa mise fasse écho à la sienne.

Le repas eut pu être appréciable. Un dîner à la lueur de mille chandelles dans un palais somptueux, où le faste n'avait d'égal que la décadence de ses princes. Seulement, le roi des Khëradas n'avait pas faim, ou du moins moins de chère que d'appétit charnel.

Les doigts de Saresha vinrent effleurer la table, à portée de ceux de Kethnyr, lesquels se portèrent à la hanche de la sorcière pour y glisser dans un froissement d'étoffe, dans un geste moins tendre que féroce. A sa défense, le roi avait des ongles effilés, rigides et lactescents, lesquels n'étaient pas sans évoquer les griffes de ses ancêtres, ou celles plus petites et plus acérés de son familier dragon.

« S'il vous faut encore mon autorisation, vous pouvez vous asseoir... si vous le désirer. » précisa-t-il, narquois.

Il avait connu maintes femmes, certaines l'avait chevauché sans un geste d'invitation de sa part, d'autres s'étaient fait distantes et froides jusqu'à ce qu'il les jeta dans son lit. Saresha, moins par sa puissance magique que par son humanité, demeurait une étrangère, une femme forte, habituée à d'autres manières et d'autres us que les mœurs délicieusement légères des Khëradas. Elle pourrait le damner pour son initiative ou lui jeter quelque maléfice de son invention. Ou se résoudre, une seule fois, au croisement de leurs vastes existences, à lui simplifier la tâche.

Il retira sa main, jugeant qu'il n'était pas encore prêt à renoncer à ses doigts, surtout si elle le rejetait.

« Avez-vous vraiment faim ? »

La question, volontairement ambiguë, lui arracha un sourire. Il aurait pu la tutoyer, user de son nom pour la tester. Il n'en fit rien. Ce n'était pas là ses manières, Il s'embarrassait rarement de mots. Scrutant la sorcière de ses yeux d'or, il épiait ses réactions avec plus de patience qu'il n'en croyait receler. Saresha était une proie de choix, de celle qu'il est vain d'acculer tout autant que de poursuivre.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyVen 16 Aoû - 21:55
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Saresha Ner'daryn
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La réponse du roi Kheradas fut suffisante. Inutile de long discourt inutile sur la beauté des femmes pour satisfaire la sorcière, le regard de celui-ci était bien plus parlant. Lorsque la main de Kethyr glissa sur la hanche de Saresha, la sorcière plongea immédiatement son regard dans celui du Kheradas. Oh elle savait parfaitement ce qu'il attendait d'elle.. Et cela ne datait pas d'aujourd'hui. Parfaitement immobile, la sorcière laissa le souverain glisser ses griffes dans le tissus voilé avant de retirer sa main pour l'inviter à s’asseoir, ce qu'elle fit sans attendre. Les mets fumant du repas qui les attendait la mettait en appétit, chose que Kethnyr voulu s'assurer. Mais parlait-il uniquement de nourriture ?

« Je meurs de faim. »

Se contenta de lâcher la Llorathi d'une voix mielleuse sans même jeter un regard à son hôte. Se faire désiré était tout un art que Saresha avait peaufiné au cours des siècles. Un jeu, rien d'autre. La mère supérieur sentait que le souverain était hésitant, avait-il peur ? Cette pensée lui arracha un très léger sourire alors que la sorcière commençait à servir son assiette. Poisson, légumes, épices... Toutes sorte de chose que l'on ne trouvait pas à Beren'thys. L'eau du marais était trop putride pour pouvoir y voir du poisson, les terres étaient mortes et impossible d'y faire pousser quoi que ce soit... la seul nourriture que les sorcières dévorait était issu du commerce fait dans les différents royaumes. Chaque semaines quelques groupes de sorcières partaient en quêtes de vivre pour tout le clan, autant dire que ce n'était pas une partie de plaisir et bien souvent, Saresha avait réfléchis à un endroit où installé son clan, loin des danger de Beren'thys mais jusqu'à maintenant, aucune terre n'avait été trouvé pour cela. Voilà un autre point qu'elle pouvait étudier avec l'empereur.

« Le repas est délicieux... »

Saresha se risqua à un nouveau regard vers le Kheradas, méfiante de peur que leur regards ne s'accrochent à nouveau. En réalité c'était une sensation agréable mais la sorcière hésitait elle aussi. S'offrir au roi des Kheradas aurait probablement des conséquences. Avoir son fils entre les cuisses lors du sabbat était une chose, mais avoir le père alors qu'elle n'était ici qu'en tant qu'invité... D'ailleurs, qu'attendait-il vraiment d'elle ? Avait-il conscience de Saresha était tout sauf une femme soumise ? Jamais elle ne le serait sauf si cela allait dans son propre intérêt.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptySam 17 Aoû - 7:42
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Kethnyr Il Faägn
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Kethnyr n'aurait pas dû la toucher. Ses yeux ambrés n'avaient pas dit « non.» pas plus qu'ils n'avaient démenti l'existence de cette flamme singulière à laquelle le roi se serait volontiers risqué. Seulement, le souvenir de sa peau, lisse et tendre sous ses doigts le hantait, et plus encore le regret de n'avoir pas poussé son geste plus loin. Mais Saresha n'était pas une Khëradas, et c'était une sorcière. Deux raisons amplement suffisantes pour se montrer courtois et patient, du moins lorsqu'à la différence du roi, on possédait davantage en guise de sagesse que le contenu d'une cuillère à soupe.

Par le passé, il l'avait laissé aller et venir. A cette période, sa dame ne se faisait pas prier pour agiter ses draps et en chasser vertement tout ce qui en tombait, Glyn y comprit. Ce qui n'empêchait pas Kethnyr de se montrer volage, mais ce qu'il avait retenu de risquer une confrontation entre sa reine et la sorcière. Plus tard, c'était son propre clergé qui avait menacé de l'écorcher vif s'il se rapprochait de Saresha, craignant qu'il ne chercha à obtenir quelque maléfice pour se débarrasser du jeune Ryld, à la manière de son non regretté père. Maintenant que l'enfant en question avait grandi suffisamment pour que Saresha lui trouve une place entre ses cuisses, la reine et le clergé lui laissaient la liberté de peupler ses nuits comme il le désirait. Et ce jour, son désir incluait une semi-humaine à la peau marquée d'un baiser du soleil, parée comme une reine offerte.

Les minutes s'écoulèrent, ponctuées du bruit des couverts qui s'entrechoquent et du long fil de leur conversation appliquée. Par cette courtoisie dont il avait quelques bribes, Kethnyr lui parla des mets et de leur histoire, des richesses de son royaume et de ses manques qu'il fallait importer de l'autre bout du monde. Le roi mangea peu. Sans être réellement déstabilisé par son hôte, bien que l'on pu trouver à Nhôldanthar des catins plus vêtues, il semblait la dévorer des yeux plus que souper d'autres mets. Il se servit un morceau de viande lequel n'avait jamais subi la morsure du feu et le dégusta lentement pour accompagner la sorcière dont se repas. En d'autres compagnies, il avait déjà passé une soirée entière à ronger un os en attendant que l'objet de sa convoitise daigne faire un pas vers lui. Geÿr lui avait maintes fois rappelé cette nui de banquet, avec des larmes de rire au creux des yeux qui faisait regretter au roi que Glyn ait renoncé à houspiller celui-là. Mais Saresha était humaine ou bien peu, mais assez pour avoir l'habitude de leur compagnie, pour dîner de viande cuite et de plats raffinés, et pour se faire désirer là où les femmes Khëradas tiraient fierté d'imposer leur choix. C'était l'une des raisons pour lequel le repas avait lieu sans sa cour : Kethnyr s'était montré peu discret dans son intérêt, la sorcière n'avait pas fui, et il n'était pas certain qu'elle souffrit la concurrence de bonne grâce. Après tout, l'on disait que les sorcières ne se choisissaient qu'un homme au soir du sabbat, non qu'elle s'octroyait celle de leur sœur.

La sorcière, quant à elle, l'observait à la dérobée, précautionneuse. Redoutait-elle qu'il put s'en aviser. Si elle voulait jouer l'effarouchée et maquer son intérêt, il lui eut fallu s'offusquer de son intérêt, sans quoi il serait sur elle avant qu'elle eut pu protester. Alors oui, le roi attendait son bon vouloir, car s'il eu juste s'agit d'une fille, il y en avait d'autres dans les couloirs du palais, mais lesquelles n'offraient pas les mêmes promesses. A son contact, elle s'était contentée de le fixer, consentante dans le privilège accordée mais résolumment immobile, aussi le roi attendrait un signe de sa part. A moins qu'elle ne lui ait caché quelque parenté aigue, il n'espérait pas d'elle qu'elle fit l'étoile de mer.

Kethnyr vida sa coupe, laquelle contenait, comme de coutume, plus de sang que de vin.

« Désirez-vous un dessert ? »

La question était polie, anodine, mais le roi avait adopté ce rictus carnassier qui lassait voir ses crocs et ses yeux moqueurs mettaient au défi la sorcière d'éterniser ce repas ainsi que tel semblait être sa fantaisie.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptySam 17 Aoû - 8:47
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Saresha Ner'daryn
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On avait vu des femmes aux courbes plus voluptueuses, des corps plus en chair. Saresha quant à elle avait un corps fin et élancé, une poitrine que l'on caractérisait de petite... du moins, des seins juste assez gros pour tenue entre les paumes d'un homme. Un Khëradas ou un Kharvarîm aurait sans doute eu peur de la briser lors d'une étreinte tant la sorcière avait une apparence fragile, là était son côté Melborien en plus de son esprit vif et aiguisé. Malgré tout, elle restait magnifique sous ses formes légères, sa peau d'une couleur caramélisée attirait les hommes comme des mouches mais moins encore que son regard d'or liquide où sa bouche sensuel et charnue. Kethnyr semblait sensible à se charme lui qui avait pourtant connu bien des femmes. Les femelles Khëradas étaient justement connu pour leur corps de rêves, ses formes sublime fait pour damner les hommes... Mais le roi voulait quelque chose de plus subtile ce soir...

« Et vous, désirez vous un dessert ? »


Répondre à une question par une question. Voilà une réplique bien cruel pour un souverain au supplice. La sorcière tourna la tête, plongeant son regard irréel dans celui de l'hybride. Lentement, la Llorathi se leva, exposant une fois encore à la lumière des chandelles son corps tout juste vêtu. S'approchant du roi, elle posa délicatement sa main sur son avant bras et laissa glisser ses doigts sur la peau brûlante du semi-dragon. C'était déjà tant... Ce simple geste. Elle n'avait jamais touché Kethnyr et ne l'avait jamais laisser la toucher sauf plus tôt à son arrivé au repas. Se penchant vers le roi, la sorcière laissa son souffle glisser sur son coup et la joue de celui-ci.

« Je lis en vous comme dans un livre ouvert Kethnyr... Depuis le jour de notre première rencontre... Je me demande juste... Quel raison un homme comme vous peut-il avoir pour désirez une femme comme moi... ? »


Saresha tendis la main, glissant d'un geste doux sous le menton du Khëradas puis sur sa joue, le forçant à tourner le visage pour lui faire face. Yeux dans les yeux, les deux immortels se fixaient à nouveau de ce regard intense.

« Raccompagnez moi à ma chambre Kethnyr... »
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyDim 18 Aoû - 13:50
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Saresha ne lui rendait pas la tâche facile. Ou plutôt, elle s'amusait de la lui compliquer, tant et si bien que le roi en venait à se demander si elle n'avait pas l'intention de le laisser dormir sur la béquille. Ce qui ne risquait pas d'arriver. La sorcière pouvait éclipser ses rivales d'un soir de par sa présence, mais il en serait autrement si elle se dérobait.

Lorsqu'elle lui retourna sa question, d'une manière anodine, comme si Kethnyr pouvait s'aveugler de pareille feinte, il eut pour toute réponse un regard incendiaire, lequel trahissait tout à la fois le désir suscité et l'amusement mêlé de colère que lui inspirait l'attitude placide de Saresha.

La lumière se moquait de la fine étoffe, retraçant le contours des corps dans une nudité suggérée. Elle s'en vint, onde mouvante dans ce crépuscule artificiel né du sanglot des bougies. Sans avoir la fluidité féline et les griffes des Khëradas, Saresha possédait un charme d'autant plus mystérieux qu'il était unique. Elle incarnait l'un de ses trésors qu'il ne suffit de posséder ou d'exposer pour en être satisfait. Kethnyr n'avait, pas davantage qu'elle, d'intérêt politique à mêler son corps au sien. Ils ne s'achèteraient ni l'un ni l'autre au prix de leurs étreintes, trop assurés qu'ils étaient tous deux d'embrasser l'autarcie audacieuse de leur propre existence.

Saresha n'avait pas besoin de lui pour assouvir ses pulsions. Qu'elle s'offre, il s'en trouverait pour se trancher la gorge pour effleure sa peau. Une femme dotés d'yeux fascinants et non moins séducteurs, de formes délicates et fragiles qui suggéraient qu'on y referme l'étau complice de ses bras, de jambes galbées pleines de promesses lubriques... Qu'elle ne put concevoir n'était un argument supplémentaire de la prendre pour amante.

Kethnyr, quant à lui, savait s'entourer de femmes à son goût. Il s'amourachait des humaines par caprice, s'en prévenait le plus souvent par le mépris princier si commun à son sang, et par cette vanité qu'il avait de nier le cours du temps, refusant de coucher dans son lit une femme dont la beauté s'étiolerait bien vite et qui le jugerait de ses yeux de vieillardes avant qu'il ait seulement pris une ride... Mais la sorcière avait si peu d'une humaine ordinaire, que leur danse à tous deux en devenait agréablement distrayante.

Il y eut ses doigts sur sa peau. Sensation précieuse qui réveilla dans son corps une onde de ce désir qu'il repoussait en vain. Qu'elle se moque, mais les Khëradas avaient plus d'empressement dans leurs étreintes que la sorcière n'osait le concevoir. Il aurait pu la prendre là, sur cette table dont il aurait arraché nappes et envoyé valser plats et couverts, ou tantôt, au milieu des coussins multicolores, laissant derrière eux leur empreinte en un monceau d'habits oubliés. La sorcière l'avait fait patienter et la lenteur de son geste suggérait qu'il n'était pas au bout de ses peines.

Le roi eut un sourire narquois. La sorcière ne lisait pas en lui, sans quoi elle eut trouvé seule réponse à sa question. Ce qu'elle percevait de lui, ce qu'il ne pouvait cacher, était le lot de ceux de son sexe, et le roi n'était pas cause que le désir masculin soit si peu aisé à dissimuler. Il se pencha à son tour à son oreille, plus courtois qu'il n'avait coutume.

« Je vous montrerai. »

Kethnyr se laissa guider lorsque Saresha cueillit son visage d'une main, il lui rendit son regard, rivières d'or moqueuses se noyant l'une dans l'autre.

« Bien sûr. Vous risqueriez de vous perdre... »


Le roi avait glissé un bras à sa taille et l'entraîna sans hâte excessive, en dépit de ses appétits contrariés, et du peu de cas qu'il eut fait des caprices de Saresha chez une femme de son peuple.

« Avec cette tenue. » expliqua le roi, glissant un regard appréciateur à la sorcière.

Kethnyr connaissaient la plupart des chambres du palais, comme seul peut les connaître un homme bien peu enclin à dormir dans son lit. Il avait veillé à ce qu'on attribua à la sorcière des appartements dignes d'elle, et la chambre qu'ils gagnèrent n'aurait pas offensé un roi. Meubles sombres, de chêne et de noisetier, tentures et tapis d'écarlates, d'ivoire et d'ébène, de larges fenêtres qui ne laissaient entre qu'un pan de nuit doublé d'un fin éclat de lune ; cette chambre, à l'image du palais entier, étourdissait et menait l'esprit dans de dangereux abîmes. Devant pareil étalage de luxe, on en venait à songer qu'on pouvait s'y habituer, le tenir pour acquis, et bien pis, s'en lasser.

Quelques bougies brillaient, signe que la chambre avait été apprêtée et non juste dédiée. Les draps de satin seraient propres et parfumés, un bassin d'eau tiède attendrait la sorcière dans une salle attenante, nonobstant le bain qu'elle avait déjà pris, et l'on trouvait ça et là des brassées d'herbes séchées dans des vases de cristal, qui donnaient à l'atmosphère une odeur suave, plus subtile que l'encens, aussi douce qu'un baiser volé.

« Vos appartements. »

Peu de mots, ourlés du même velours que la nuit au dehors.

Kethnyr laissa Saresha le précéder, s'invitant à sa suite pour déposer un baiser au creux de son cou et caresser son dos de la pulpe de ses doigts avec une lenteur précautionneuse. S'il était appréciable de clamer sans un mot sa parenté draconique, il l'était bien moins d'user de précaution au prétexte de ses ongles tranchants. Il arrivait parfois que ses étreintes furent féroces au point qu'il en marquât ses compagnes, mais ses dames rivalisaient d'appétit et de sauvagerie, et la chose se produisait rarement de sa seul initiative.

En guise de consolation, il délogea du même mouvement l'étoffe inutile qui drapait le corps de la sorcière. Il l'invita d'un murmure à gagner le lit où il la dépouillerait de ses bijoux étincelants, pour ne laisser qu'à la lune et à lui-même le droit insigne de gouter sa peau.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyDim 18 Aoû - 15:23
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Saresha Ner'daryn
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Le jeu commençait.
Saresha suivit le roi Khëradas du regard alors que celui-ci se levait doucement, passant un bras autours de la taille fine de la sorcière pour la guider jusqu'à la chambre. Une pièce luxueuse que la Llorathi appréciait particulièrement car si le reste du palais lui était bien trop clair à ses yeux, cette chambre était tout ce qu'elle appréciait. Saresha n'avait pas ouvert la bouche depuis la fin du diner. Que dire de toute façon ? Dans ces moments, seul les gestes comptaient. Ce n'est pas comme si ces deux êtres magiques partageaient des sentiments profonds... Non, c'était purement physique et dans ce cas inutile de parler. Kethnye ne perdit pas de temps pour retirer à la sorcière son voile aérien, la laissant dans ses sous vêtements tintant et brillants. La sorcière fit quelques pas dans la pièce sans lâcher l'hybride du regard puis doucement elle se laissa tomber sur le lit, allongée sur le dos à s'étirer tel un chat. Féline et sensuel, la sorcière esquissa un léger sourire, ses longs cheveux bouclés s'étalant sur le lit. Elle était belle, plus que cela même... Un véritable tentation auquel il aurait été fou de résister. Quoi qu'il en soit, les deux souverain se promettaient une nuit inoubliable...

*
* *

Ils avaient veillé tard. La nuit avait été plus mouvementé que Saresha ne l'aurait pensé et cela avait été parfaitement délicieux. Épuisée après ses ébats avec Kethnyr, la sorcière avait simplement sombré dans un profond sommeil. Ce fut le soleil filtré entre les rideaux qui sortit Saresha de sa torpeur. La reine soupira, plaquant une main sur son visage pour protéger ses yeux du soleil. Elle n'était vraiment pas habitué à un réveil comme cela. Sentir le soleil sur sa peau était une sensation superbe mais être aveuglé par celui-ci était bien moins agréable. La femme soupira longuement, complètement nue sur le lit, le drap de satin était descendu jusqu'à ses genoux. Lentement, la reine prit appuie sur ses bras pour se redresser, s'asseyant sur le lit avant de s'étirer, levant les bras et une fois l'esprit moins embrumé, elle réalisa qu'il manquait quelque chose dans la pièce... Ou plutôt quelqu'un. La Llorathi posa son regard sur la place vide à ses côtés et y déposa la main, effleurant le tissus satiné du drap. La place était froide, Kethnyr avait dû partir pendant la nuit. Il avait vraiment osé faire une chose pareil ? C'était une insulte, la prenait-il pour l'une de ses vulgaires catins sur qui il peut assouvir ses bassesses sexuel avant de disparaître sans un mot ? La sorcière se leva du lit, s'empressant d'enfiler une tenue décente c'est à dire une de ses robes à elle et non celles envoyé par Kethnyr puis sortit de la chambre. Elle ne chercha pas à trouver Kethnyr, n'adressa la parole à personne et se contenta de rejoindre les écuries où la reine prépara son cheval. Oui, elle était folle de rage, les hommes étaient tous les mêmes et parfois, elle se demandait pourquoi est-ce qu'elle s'acharnait à vouloir retirer ce fichu pacte. Aucun mâle ne méritait que l'on se donne tant de mal pour lui.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyMar 20 Aoû - 7:43
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Kethnyr Il Faägn
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Certains disaient la satisfaction des hommes plus facile à obtenir en certain domaine que celle de leur compagne. A ce débat houleux, Kethnyr se proposait de participer qu'en juge attentif mais ô combien subjectif : il était exigeant dans ses choix, changeant dans ses pratiques, et parfois quelque peu insatiable.

Saresha n'était pas une prude au racolage facile, une image creuse plus apte à susciter le désir qu'à le satisfaire. Loin des regards, elle s'était offerte au feu de ses doigts, l'avait tantôt guidé, tantôt emprisonné de ses jambes... Aux prémices, alors qu'il goûtait à ses lèvres avides, il s'était demander si la sorcière était femme à se laisser dominer ou si elle en viendrait à le chevaucher ainsi qu'il l'imaginait jouir de ses amants les nuits de sabbat. Le dragon en lui parla, et, consumé de désir, il usa d'elle autant qu'elle de lui en perdant les comptes de cette rivalité tacite.

Lorsqu'ils en vinrent à démêler leurs corps, silhouettes échouées sur une grève de satin, Kethnyr en vint à la conclusion qu'il se moquait bien de savoir qui avait été dessus et qui dessous. Glissant un doigt délicat sur le corps assoupi de sa compagne, il ne put que reconnaître l'exactitude de son propre jugement : de toutes les parures qu'il lui avait connu, c'était la nudité qui seyait le plus à la sorcière. Le roi des Khëradas, en dépit de toutes les richesses qui l'entouraient, n'était pas insensible aux grâces innées, et de fait, au corps frêle de la sorcière et à cette fragilité feinte qu'il suggérait, au galbe de ses seins et à ses mèches répandues dans de sombres arabesques sur le drapé du lit.

Kethnyr faillit la serrer contre lui, se saisir d'elle pour le seul privilège d'une étreinte sans passion. A son contact se réveillerait le souvenir des flammes qui l'avaient consumé, mais ce n'était pas cela qu'il cherchait. Elle se tromperait sur ses intentions et elle serait peut-être de méchante humeur qu'il l'ait réveillé. Et c'était une sorcière.

Incapable de trouver le sommeil, Kethnyr repoussa les draps pour s'extraire du lit, rassembla les parures délaissées avant de revêtir la sienne et s'en fut, laissant la sorcière profiter d'une courte nuit de sommeil, leurs ébats les ayant entraîner plus loin qu'il n'était raisonnable.

~°~

Kethnyr s'en était venu avec des mignardises sur un plateau d'argent, et il avait trouvé la chambre vide, désertée peu avant et, sourcils légèrement froncés, en avait tiré les conclusions qui s'imposaient. Songeur, il avait regardé Glyn sauter sur la table en acajou pour attaquer les pâtisseries. Le petit dragon en avait goûté trois, y laissant la marque peu appétissante de son museau, avant de se retourner vers son maître. Lorsqu'il s'en donnait la peine, Kethnyr avait du tact, et aucun des gâteaux apportés ne contenait de viande, qu'elle fut crue ou ou cuite, à la grande déception de son familier.

La sorcière s'en était allée, fâchée. Ce n'était pas la première fois. Il avait déjà eu droit à sa fureur, à ses yeux lançant des éclairs, généralement pour des mots négligents ou des manières qu'elle ne lui permettait pas. Il ne lui avait pas passé de bague au doigt comme faisait les humains, n'avait pas chanté ses louanges sinon dans les tréfonds de son âme en la dévorant des yeux et n'avait pas songé à l'offenser en s'appropriant ses faveurs.

Au matin... Kethnyr n'était pas toujours là. Il était de ceux que le sommeil saisissait rarement une fois l'acte achevé, ses pensées tourbillonnant comme libérées d'une mise en suspens. Il restait parfois, les yeux dans le vague ou comptant les écailles au poignet de sa compagne et souvent, il s'en allait, errer dans les corridors de son palais trop vaste, achever sa nuit dans le creux d'autres bras, ou encore, lorsqu'il ne voulait pas être dérangé, dormir dans son propre lit.

Kethnyr était flatté malgré lui que Saresha ait pu être outré de sa désertion, de ces instants d'intimité qu'il lui avait dérobé. Il aurait glissé les doigts dans les mèches éparses de sa silhouette défaite. Elle lui aurait parlé de tout et de rien, du sabbat, peut-être ou peut-être pas. De cette nuit, Kethnyr avait acquis la certitude aiguë que la sorcière ouvrait ses jambes en dehors du sabbat, sans quoi elle aurait dû être doté d'appétits moins raffinés et de bien moins d'expérience.

Saresha aurait sourit de leur complicité, de ce sourire mystérieux qu'elle avait. Tôt ou tard, il aurait fait quelque allusion ambiguë et indélicate à la nuit précédente, et elle l'aurait assassiné du regard.

Songeur, Kethnyr se saisit d'une tartelette aux prunes et la mangea sans se hâter tandis que Glyn engloutissait le reste du plateau dans une tempête de miettes. Le roi des Khëradas ne partageaient pas ce désir d'exclusivité si commun aux humains. Certes, elle n'était pour lui qu'une femme parmi d'autres mais en la laissant, il ne lui avait rien dérobé, il l'avait simplement rendu à elle-même, maîtresse de son domaine, de ses formes voluptueuses tout autant que de son libre arbitre. Kethnyr aurait pris le dieu dragon à témoin s'il l'avait fallu, il n'avait honoré personne d'autre cette nuit-là.

Une Khëradas insatisfaite aurait forcé la porte de ses appartements pour réclamer son dû, qu'elle désirât son corps, son temps ou ses faveurs, et se serait assurée d'avoir satisfaction. Kethnyr se serait sans doute laissé assiéger de bonne grâce.

Saresha, elle, avait préféré partir.

~°~


« La sorcière semblait bien pressée. »
nota le héraut royal avec un calme remarquable tandis que ses yeux riaient.

« Désirez-vous lui faire porter un message ? Il n'est aucun cheval qu'un dragon ne puisse rattraper aux portes de la ville. »

Geÿr avait autant de raffinement dans ses manières qu'en exigeaient ses fonctions, et si Saresha n'avait pas été sorcière, il aurait sûrement suggéré de clore les portes sur ce même ton poli.

« Non, ce ne sera pas nécessaire. »

Si d'un dragon ou d'un cheval, la sorcière préférait chevaucher le cheval, Kethnyr ne pouvait décemment s'en montrer jaloux.

La colère de Saresha n'était pas de ces flammes qu'on amadoue, il lui faudrait attendre qu'elle se consume ou, plus probable, qu'elle s'embrase d'autres indignations en comparaisons desquelles l'indélicatesse d'un certain monarque Khëradas deviendrait un moindre mal. Voire même un certain divertissement.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyMar 20 Aoû - 14:20
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Saresha Ner'daryn
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Partir furieuse n'était pas conseillé.
Saresha posa sa main sur le cou de son cheval, fixant le vide. Avait-elle raison de faire cela, pour si peu ? Si oui, alors c'est qu'elle ne valait pas mieux que ces catins de bas étages qui attendaient toujours plus de leur amants. Après tout, Kethnyr était le roi ici, il avait des obligations et ne pouvait se permettre de lézarder au lit avec ses amantes. Ou peut être que si. La sorcière soupira, lâchant la bride de l'animal et fit demi tour, retournant à l'intérieur du palais. Il fallut plusieurs minutes à la reine noire pour trouver où Kethnyr se trouvait... Et comme par hasard, il n'était pas seul. Saresha aurait encore préféré se retrouver face au crocs de son satané dragon plutôt que de supporter la présence de Geÿr. Le Khëradas dégageait quelque chose de dérangeant au yeux de la sorcière et chaque fois qu'il la fixait, elle avait la désagréable impression d'être jugé.

La Llorathi fit quelques pas vers le roi des semi dragons, posant son regard glaciale sur lui. Que dire ? Que faire ? Il était sans doute au courant de sa tentative de fuite et avait même sans doute une idée sur la raison de celle-ci. Et dire que Saresha pensait que Marblën était le seul vrai casse pieds parmi les monarques du continent... Mais finalement, Kethnyr en tenait une bonne couche, lui aussi.

«  Il semblerait... Que vous ayez... oublié de me prévenir de votre départ durant la nuit. »


La sorcière prit place dans un siège, fixant le Kheradas simplement. Lentement, elle glissa sa main sur sa joue pour soutenir sa tête alors que ses prunelles ambrées ne quittait pas Kethnyr. Le voir faisait de nouveau remonter sa colère. Oui la sorcière était vexée d'avoir été traité comme une vulgaire amante alors qu'elle était avant tout son invité et une femme de sang royale.

« J'espère que vous comptez vous faire pardonner l'audace de m'avoir laisser seul cette nuit, Kethnyr. »


Ce n'était pas un ordre, juste une suggestion qui pourrait lui éviter d'un tas d'ennuis. Car tout hommes bien informé savait qu'il ne valait mieux pas s'attirer les foudres de Saresha.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyMer 21 Aoû - 19:11
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Kethnyr Il Faägn
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La scène se répétait. Avachi dans son fauteuil noyé de coussins, le roi haussa un sourcil éloquent lorsque Saresha parut. D'un geste à peine esquissé, il congédia son héraut, lequel s'inclina légèrement devant son roi puis devant la sorcière, avant de se défiler avec malice. Geÿr était de ces êtres indomptables dont les politesses appliquées prenaient facilement des allures de moquerie.

Kethnyr décela un éclat de glace dans le regard de la sorcière, ou rien de moins tranchant.

« Aurais-je dû vous réveiller ? Je pensais en avoir fait assez la nuit précédente pour habiter vos rêves si vous y désiriez ma présence. »


Qu'attendait-elle de lui ? Des excuses ? Il en était capable, mais il risquait d'en tant rire qu'elles perdraient toute valeur, et la sorcière risquait fort de l'assassiner pour de bon. Il ne commit pas l'erreur de défendre ses agissements par le nombre ou l'habitude, il supposait d'instinct que Saresha ne serait pas ravie de souffrir la comparaison. La sorcière était unique, le Dieu Dragon n'avait pas laissé sa marque sur sa chair, son audace ne s'éteignait pas dans le lit aux draps de satin d'une chambre aux portes closes... Sa féminine fierté n'avait pas à se sentir froissée. Par prudence, Kethnyr préféra ne pas aborder ce sujet-là. La sorcière avait déjà trouvé sujet d'être froissée, il ne lui en présenterait pas d'autre dans un plateau d'argent.

Kethnyr sourit à son contact, une lueur d'amusement dans ses yeux de rapaces lorsqu'il lui rendit son regard. Saresha, aussi loin qu'il se la rappelait avait toujours eu cette rude maîtrise d'elle-même qui donnait tant de douceur à ses gestes quand ses yeux luisaient de venin.

Le roi se saisit de sa main qu'il baisa avec une courtoise délicatesse – mais nul respect pour la bienséance qui voulait que ses lèvres n'eurent point touché la peau de la sorcière.

«  Que peut désirer de moi cette reine qui n'est pas mienne ? » s'enquit négligemment le roi.

Cette question innocente avait bien des sens. Il avait possédé la sorcière mais ne s'en considérait pas maître, par là même, elle n'avait pas perdu tout attrait à ses yeux, il se pouvait qu'il agisse encore au dessein de lui plaire, mais il demeurait au fait d'avoir un peuple à satisfaire. Pour sa part, il avait exprimé le désir d'avoir son corps et sa magie et avoir joui de l'un ne suffisait pas à occulter qu'il eut voulu jouir de l'autre.

Kethnyr conservait assez de sens commun pour ne pas solliciter la magie d'une sorcière courroucée laquelle l'avait déjà honorée d'une nuit inoubliable et d'un retour inopiné.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyMer 21 Aoû - 21:50
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Saresha Ner'daryn
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Le héraut partit, Saresha se sentit tout de suite plus à l'aise. Se retrouver seul avec Kethnyr était bien plus agréable. La sorcière laissa le roi réduire la proximité qui les séparait pour venir baiser la main de son amante qui sourit doucement tout en le regardant faire. On parlait souvent des Khëradas comme des brutes mais certain savaient y faire avec les femmes, c'était le cas du roi. Appréciant le geste, la belle le fixa avec plus de douceur, comme lors de leurs ébats.

« Un souvenir de vous. »

Avec douceur, la reine du clan noir retourna la main de Kethnyr pour venir glisser ses doigts sur les écailles qui ornaient son poignet. A plusieurs reprit pendant leur nuit ensemble, elle ne s'était pas caché de l’attrait qu'avec les écailles, elles avait doucement caresser ceux du dos du roi, embrassé celles de son front.

« M'en donneriez vous... ? »

Saresha plongea son regard dans celui du roi, laissant leurs yeux s'accrocher de plus belle. Quoi qu'il en soit, elle partirait après cela, elle ne pouvait s'éloigner trop longtemps de Trysdan, pas avec les dangers du marais. Sans leur mère supérieur pour les guider, les sorcières se trouvaient être des proies faciles face aux monstres de Dwalöm. La sorcière baissa le regard, fixant les écailles et les caressa de plus belle. Elle en voulait... Une, peut être deux. Mais est-ce que Kethnyr accepterait e s'arracher une écaille pour elle ? Étais-ce douloureux ? Sans doute bien que la douleur devait être supportable pour lui, les Hybride étaient aussi connu pour leur résistance physique.

« Ensuite je partirais... Mon clan m'attends, je ne peux m'attarder à Adraes Kethnyr, bien que j'en ai très envie. »
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 22 Aoû - 8:14
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Kethnyr Il Faägn
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Kethnyr fut bien aise d'avoir congédié Geÿr. Son héraut, s'il pouvait rire sous cape que son roi put mener une reine sorcière jusqu'à son lit, n'aurait certainement pas goûté cette plaisanterie-là.

Avant cela, il retira vivement sa main de l'étreinte de la sorcière, et la jaugea d'un regard pénétrant.

« D'aucunes se contenteraient d'un mouchoir en dentelle. »
remarqua-t-il, moqueur.

Le monarque ne s'y trompait pas. Saresha lui demandait un présent, mais elle ne soupirerait pas après lui dès lors qu'elle aurait franchi les portes du palais. Il ne lui avait pas demandé pourquoi, il redoutait de le savoir. Il n'était pas naïf au point de penser que ce qu'ils avaient partagé, même après cette nuit, retiendrait Saresha si elle désirait réellement user de magie contre lui. Si elle voulait ses écailles, elle avait sûrement moyen de se les procurer, peut-être devait-il lui être reconnaissant de ne pas lui avoir lacéré le dos pour se servir au cours de leurs ébats.

La requête n'en était pas moins anodine. Les écailles avaient la pousse lente et fragile, la mue capricieuse. Certains vétérans prétendaient qu'elles pouvaient parfois détourner le tranchant d'une épée (ce qui n'empêchait pas la lame de se fourrer dans la tendre chair adjacente). S'arracher une écaille s'apparentait aux yeux de Kethnyr comme une charmante séance de torture. Sans parler de la plaie qui s'ensuivrait, laquelle aurait le bon goût inouï de se trouver en regard d'une articulation. S'il accédait aux désirs de la sorcière, il garderait lui aussi un souvenir de son passage... ou il userait de magie.

« Vous ai-je tant déplu ? Pour que vous désiriez me dépecer vivant avec mon consentement ? » feignit de se lamenter le roi, un sourire implacable aux lèvres.

Il héla un serviteur et ne fut qu'à demi-surpris de voir Geÿr s'avancer dans l'embrasure de la porte et s'enquérir de ce qu'il désirait.

« Un poignard. Aiguisé. »


En dépit de l'attraction qu'exerçait sur nombre de Khëradas le corps et la magie de Saresha, le héraut, qui n'y était pourtant pas insensible, darda sur la sorcière puis sur son roi un regard éloquent.

« Je désire lui trancher la gorge. » se justifia Kethnyr avec un geste d'impuissance.

Geÿr finit par s'exécuter, disparaissant dans les couloirs avec une certaine raideur, laissant comprendre à son roi qu'il n'était pas dupe de ces manières et que si quelque rituel se jouait là, il n'était pas certain d'y goûter.

« Reviendrez-vous, Saresha ? Me laisserez-vous vous voler un sortilège, la prochaine fois ? »


Le roi n'était pas si mauvais négociateur au point de n'avoir pas pensé à le lui dérober ce jour, mais il connaissait ses propres limites. La magie de Kethnyr tirait sa force d'une énergie impulsive que le Khëradas amadouait plus qu'il ne la maniait. Il doutait très fortement de pouvoir maintenir son piège à sort sitôt après s'être arraché une écaille pour le bon plaisir de la sorcière d'autant plus qu'il n'aimait pas user de magie devant public et que Saresha n'était pas le genre de personnes à en manquer la manifestation.

Aussi se contenta-t-il de hausser un sourcil interrogateur en direction de la sorcière. Il ne lui forçait pas la main, mais une once de malice dans ses yeux d'or laissait à penser que sa réponse à elle pouvait conditionner son enthousiasme à se taillader le corps pour en ôter une écaille.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 22 Aoû - 9:22
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Saresha Ner'daryn
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Le geste de recule du Khëradas ne fut pas une surprise, cependant, Saresha écarquilla les yeux, le fixant avec une légère peur dans le regard... La peur d'avoir vexé l'hybride. La sorcière abaissa les mains et s'enfonça dans son siège.

« Je ne suis pas n'importe qui, je ne me contente pas d'un mouchoir en dentelle... pas après avoir tant donné de ma personne. »

Lorsqu'enfin la Llorathi comprit que Kethnyr ne refuserait pas sa demande, un nouveau sourire se dessina sur son visage, un sourire quasi enfantin accompagné d'un regard pétillant de joie. Geÿr en revanche ne semblait pas ravie, double raison de se réjouir pour la sorcière qui se pencha vers le roi, sourire aux lèvres et murmura.

« Me déplaire ? Allons, vous avez été plus que parfait Kethnyr et c'est bien pour ça que je veux quelque chose de vous... Rare sont les bons amants que j'ai pu côtoyer malgré ma très longue existence. »

Saresha attendit sagement, observant le roi qui réclama avec espoir que la Llorathi partage avec lui un de ses rituels magique. Le gourmand... trop sans doute. Avoir le rituel était une chose mais encore fallait-il parler l'yshraïque hors la sorcellerie passait obligatoirement par l'inscription où la prononciation des runes magique. Il fallait apprendre les mots et ressentir au fond de soit leur signification, chose qui était bien loin d'être facile car baragouiner l'yshraïque n'était pas suffisant, c'était une maîtrise longue et difficile.

« Je verrais... Mes sorts sont très complexe, mais je devrais trouver quelque chose de simple qui pourrait vous convenir... »

La sorcière se pencha vers Kethnyr, se levant à moitié et posa ses mains sur les accoudoirs du siège du Khëradas, approchant son visage avant de lui voler un baiser.

« Je vous promet de revenir... Comme toujours, il vous suffira d'une missive et je viendrais à vous. »
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 22 Aoû - 10:32
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Kethnyr Il Faägn
Roi des Khëradas
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Quand elle le voulait, Saresha savait prendre des allures de gamine pris en faute. Kethnyr eut pu trouvé cela émouvant, si elle ne venait pas de lui demander le droit de le charcuter, juste un tout petit peu.

« Je note que vous vous donnez non sans contrepartie. »


Presque agréable, ce point d'avance que lui donnait la sorcière en réclamant sa chair, et qui lui octroyait l'impertinence de lui faire entrapercevoir ce qu'il pensait des femmes qui vendaient leurs charmes. L'enthousiasme qu'il lut alors dans ses yeux avait quelque chose d'intrigant, soit elle prenait vraiment plaisir à le torturer et lui avait habilement dissimulé certains penchants, soit elle lui préparait un tour fabuleux dont il se mordrait les doigts.

« Vous avez donc mauvais goût en matière d'amants, et vous écorchez les bons. »

La sorcière céda à sa requête en se méprenant sur les termes exacts mais Kethnyr s'en montra satisfait. Il était trop tôt pour qu'il expose la nature exacte de ses pouvoirs à Saresha - s'il commettait jamais cette erreur - et pour assouvir son dessein, il suffisait qu'elle exécute le sortilège devant lui et qu'il en capture l'éther. Qu'il ne parvienne pas à le lancer lui-même importait peu. Kethnyr était le pis des étudiants du Magistorat qu'on pouvait trouver et ce, avant tout parce qu'il n'avait ni la patience, ni l'application, ni la réserve seyant à l'apprenti voulant puiser à la source de savoir de ses maîtres. Les Khëradas n'usaient pas de sorcellerie. Qu'il put déchaîner l'un de sortilèges de Saresha sur quelque Erudit du Magistorat lui attirerait une once de respect et surtout une délicieuse vengeance - quoique mesquine - pour des années innombrables d'adolescence gâchée de multiples punitions.

« Continuez à ce jeu-là, et la missive vous rattrapera avant que vous n'ayez quitté l'Andrasor. » riposta Kethnyr en guise d'avertissement.

Ce baiser-là en réveillait d'autres, en appelait d'autres encore, et s'il constituait une distraction agréable, Kethnyr n'était pas homme à n'y point répondre. Ses compagnes se contentaient rarement d'une nuit, préférant s'accaparer les faveurs du sur de plus longues périodes jusqu'à se lasser de lui ou lui d'elles.

Geÿr signa son arrivée d'un coup frappé à la porte et pénétra dans la pièce avec l'arme demandée et un petit flacon de cristal.

« Mon roi. »

Deux mots acides. Un prince contrarié par la volonté d'un monarque. Le héraut n'en tendait pas moins le poignard à Kethnyr, garde offerte. Le roi s'en saisit, ainsi que de la petite fiole. Il n'aurait su dire si Geÿr écoutait aux portes, ou s'il usait de son instinct incisif des choses du monde, celui-là même qui lui permettait d'empoigner Glyn sans craindre sa morsure.

Le flacon était l'une de ces petites bouteilles savamment ouvragées qu'on remplissait de parfum, d'élixir ou d'onguent, et qu'affectionnaient les dames Khëradas dans leur toilette. Kethnyr donna de nouveau congé à son héraut, lequel s'en fut sans un mot ni un regard. Geÿr voulait bien souffrir qu'on ignorât ses avertissements, mais sûrement pas de les répéter.

Plus habile de sa main droite, le roi des Khëradas avait peu de luxe dans le choix des écailles qu'il pouvait bien offri rà la sorcière. Il aurait pu lui donner l'arme, il n'imaginait pas Saresha fléchir à la vue du sang, même si elle n'était pas humaine au point d'en subir si souvent la vue, mais c'était là lui concéder plus de pouvoir qu'il n'en était sage que de la laisser se tenir au dessus de lui, arme brandie. Un accident était si vite arrivé, songea le roi avec un sourire sardonique.

En dehors de quelques pelures évanescentes lors de mues plutôt rares, Kethnyr n'avait pas souvenir d'avoir jamais perdu une écaille. Il s'y était habitué, il appréciait assez le contact à la fois lisse et rugueux des écailles frottant sur la peau ou, plus délice que Saresha ne connaîtrait jamais, glissant sur d'autres écailles. Il y avait donc une once de regret lorsqu'il plaqua résolument la main gauche sur la table de verre, poing serré, et plus encore lorsqu'il planta d'un geste puissant le poignard à son poignet Une onde de douleur lui transperça le bras, irradiant du baiser de l'acier, là la lame forçait la jointures des écailles, peinant à les écarter. Il dut serrer les dents pour étouffer un cri

Kethnyr aurait pu chercher simplement à décoller au plus près les écailles de leur surface, mais la simplicité avec ses revers, et Kethnyr quelque expérience de la vie pour savoir combien étaient exquises les plaies les plus superficielles. Jouant de l'angulation de la lame, il fit levier, désolidarisant dans un rugissement furieux. Le roi des Khëradas luttait contre la souffrance avec les armes qu'il l'avait, l'ignorant comme il toisait des serviteurs indignes, rappelant à lui des souvenirs confus de la nuit précédente. Saresha nue, penchée sur lui, ses mains égarées sur son anatomie...

Retirant le poignard, Kethnyr le lâcha, la lame allant tinter au sol dans une éclaboussure écarlate. Le fragment écailleux à demi-arraché ne tenait plus que par la peau qu'il sectionna à ras du tranchant de ses griffes. Une fois placées les deux écailles maculées de sang et la chair qui les liait dans le petit flacon -qu'il avait eu la présence d'esprit d'ouvrir avant, le roi des Khëradas porta la plaie à ses lèvres pour en aspirer le sang, et, devant le peu d'efficacité de la manoeuvre, résolu d'amputer un coussin rouge de son voilage pour s'en faire un garrot, en ayant préalablement essuyé les traces de sang sur son bras.

L'avantage d'appartenir à une société aux moeurs douteuses résidait indubitablement dans le fait que même le plus indiscret des serviteurs ne s'étonnerait pas de trouver du sang sur un coussin éventré du petit salon du roi. Une fois l'hémorragie temporairement sous contrôle, et sa douleur atténuée par l'ivresse de son propre sang, il retrouva la force d'affronter le regard de la sorcière, assuré de n'y pas faillir. Sa main valide se saisit du flacon et l'offrit à Saresha.

« C'est un présent personnel, Saresha, et c'est à vous que je l'offre, non à vos sbires, sœurs, amies ou enfants que vous auriez la fantaisie d'avoir si loin de moi. Gardez-en souvenir et... »


Ses yeux avaient retrouvé cette flamme féroce que la douleur avait mis à mal tel un vent violent. Kethnyr devinait que les écailles d'un demi-dragon puissent avoir leur place dans quelque rituel, même s'il aurait préféré que la sorcière se contenta de cheveux oubliés sur un peigne comme dans les contes.

« Ne me changez pas en crapaud. » conclut sobrement Kethnyr, avec aux lèvres un sourire amusé.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 22 Aoû - 13:06
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Saresha Ner'daryn
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Le spectacle qui suivit fut plutôt impressionnant. Saresha ne c'était vraiment pas attendu à ce que le roi en vienne réellement à se mutiler de la sorte. Étais-ce donc si dur que d'arracher une écaille de la peau d'un kheradas ? La sorcière c'était dit que ce ne serait pas plus douloureux que de se faire arracher des cheveux... Et bien nom, le visage crispé de Kethnyr montrait à quel point cela faisait un mal de chien. Pourtant, la sorcière ne chercha pas à retenir son geste, bien au contraire, une lueur d'avarice dans le regard, elle l'observa faire, observant le couteau entailler la chair et le sang couler sur la peau jusque sur le sol. Après quelques instant, la lame percuta le sol de marbre et deux écailles furent enfermé dans la fiole en cristal et offerte à la sorcière.

« Deux... ? C'est plus que je ne l'espérait Kethnyr. »

Saisissant délicatement la fiole, la sorcière observa son contenue, les écailles avait une couleur blanche comme le givre, reflétant la lumière autour d'elles. Magnifique. Saresha glissa la fiole dans sa besace puis posa sa main sur le bras sanglant du Khëradas d'un geste doux comme une mère l'aurait fait pour apaiser son enfant.

« Merci pour votre cadeau, je saurait vous retourner cela au moment venu Kethnyr soyez en sûr. »

Se penchant à nouveau, la belle immortelle posa encore ses lèvres sur celle de l'hybride, l'embrassant longuement, passionnément. Le dernier avant le long voyage qui la ramènerait chez elle.

« J'attends votre missive Keth'... »

Ses dernières paroles murmurées, Saresha tourna le dos à Kethnyr puis sortit de la salle d'un pas rapide, rejoignant les écuries. Son roncin déjà prêt, la sorcière se hissa sur son dos, rabattant sa capuche sur son crane et s'élança vers la sortie palais, fuyant la chaleur étouffant d'Andrasor pour aller retrouver les terres lugubres de Benren'thys.
MessageSujet: Re: Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée]   Une visite de courtoisie [Palais du roi / Salle d'audience privée] EmptyJeu 22 Aoû - 15:50
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Kethnyr Il Faägn
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« Tout le plaisir était pour moi. » répondit Kethyr, poli mais sardonique.

Un frisson le parcourut lorsque Saresha vint poser la main sur son bras, il gardait les doigts résolument crispés, un leurre pour engourdir son esprit et l'éloigner de cette douleur lancinante qui lui incendiait le poignet. Le tissu s'imprégnait de sang, prenant une teinte plus foncée, altérant ses reflets subtils, et Kethnyr regretta que Geÿr n'ait écouté aux portes. Le héraut avait un sens pratique redoutable, et il n'aurait pas manqué de lui apporter un linge dont il eut pu faire un garrot correct. Autant panser une plaie avec un napperon en crochet.

Le roi s'abstint de préciser qu'il ne manquerait pas de lui rappeler le présent consenti. Saresha le savait pertinemment et il n'était pas raisonnable de rivaliser d'arrogance avec une sorcière, bien que le Khëradas eut quelque talent à ce jeu-là.

Kethnyr lui rendit son baiser sans se faire prier. Il y avait d'autres femmes en Andrasor, bien assez pour lui faire oublier celle-ci et pourtant, il y avait dans la manière d'être de Saresha une magie indécelable qui ne devait rien aux rituels des sorcières. Certes, elle était belle à en mourir, mais à s'arrêter à cela, Kethnyr eut pu s'ouvrir les veines pour nombres de ses compagnes. Au delà de ça, elle avait un charme fragile et sauvage, celui que seule pouvait exercer une femme libre du joug et des lois des hommes.

Les doigts du roi s'égarèrent sur le corps de Saresha, effleurant la courbe douce de ses seins puis se retirèrent comme à regret.

« Elle pourrait arriver avant vous. » précisa Kethnyr en souriant.

Nul cheval qu'un dragon ne rattraperait pas avant les portes de la ville, avait dit Geÿr. Si cela était vrai, les paroles du roi l'étaient moins. S'il goûtait peu les adieux au point de préférer en rire, il n'était pas l'amant le plus acharné dans ses faveurs, surtout lorsque l'objet de sa convoitise sortait de son champ de vision. Saresha ne s'y tromperait pas. Elle avait dépassé depuis longtemps l'âge où les jeunes filles à marier rêvent à quelque prince charmant. Certaines illusions ne survivaient pas aux folies d'une nuit.

Il la laissa partir. Elle n'en serait plus que délicieuse.

~°~


« Et je suis... supposé porter ça ? »

Dubitatif, le roi des Khëradas triturait un bracelet large fait d'ors jaune et blanc, maintenu en place à son poignet par la bande de lin serrée qui comprimait sa plaie.

« Vous pourriez lancer une nouvelle mode. » remarqua prudemment Geÿr.

Quelque chose, dans son attitude précieuse, laissait à penser qu'il eut été prêt à en rire mais redoutait de s'attirer l'ire de son monarque et qu'il n'avait sûrement pas d'autre solution de rechange immédiate. Kethnyr soupira.

« Quitte à écouter aux portes, tu aurais pu m'amener ton joli bracelet plus tôt et m'épargner un coussin. »

Sans être enclin à la coquetterie, un bijou valait mieux qu'une entaille sanglante. Kethnyr avait la conviction que les écailles repousseraient, c'était l'ordre logique des choses. Ce qu'il ignorait, c'était la durée précise du processus et son déroulement exact. La peau se rétracterait-elle pour refermer la plaie ? Les prêtresses ou un médecin dépêché sur l'heure auraient pu le lui dire. Mais il venait de rencontrer la reine sorcière Saresha. Personne à sa cour ne serait assez stupide pour ne pas faire le lien entre sa blessure et la visite de son hôte. Quant à sa magie, si l'idée avait été séduisante, il l'avait repoussée. S'il rencontrait de nouveau Saresha – éventualité qu'il ne pourrait refuser ou repousser – elle se souviendrait de sa blessure, et il ne voulait pas lui révéler la nature de ses pouvoirs de la sorte. Qu'elle garde ses secrets et lui les siens, encore. Ils avaient franchi un pas, levé un voile, mais en rien laissé tomber les masques.  

Imperturbable, Geÿr semblait juger que maculer son siège de sang était un juste prix à payer pour qui voulait s'acoquiner avec une sorcière.

« Je vous écoutais, certes. Mais voudriez-vous vraiment qu'elle le sache ? » lâcha-t-il, plus farouche qu'à son habitude.

Geÿr servait le trône, la souveraineté même des Khëradas, idée alléchante pour un prince parmi d'autres. Sachant cela, Kethnyr s'était bien abstenu de lui demander jamais où il s'était placé et ce qu'il avait fait lorsque le roi Yrkhiav Il Faägn avait tenté froidement de les éliminer, lui et son frère.
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