S'il n'avait pas été prince, vous auriez pu confondre Sāadrisha avec n'importe quel Ilnehdrîn lambda. De taille et de corpulence relativement moyenne, il a le teint de son pays, malgré son noble sang. D'autres que moi le traiteront d'efféminé. On peut difficilement imputer cela aux cheveux longs et sombres du prince, car il n'est pas rare de voir certains guerriers bien virils nouer leurs longs cheveux. C'est peut-être dû au fait qu'il se rase de près, et qu'il a la "chance" d'avoir ainsi l'air imberbe. Pourquoi fait-il cela ? Qu'en sais-je ! Peut-être qu'il trouve cela plus facile lors des repas d'affaire, peut-être juste que cela ne lui plait pas… Je pourrais dire que c'est pour ne pas avoir à entretenir sa barbe, mais ce serait mentir. Sāadrisha prend soin de lui, même si cela demande du temps. Simple marque de respect, et preuve de savoir-vivre. Du reste, il n'est pas spécialement plus musclé qu'un autre. La pratique régulière d'une activité physique lui garantit néanmoins un minimum de musculature. La pratique régulière du souci et de l'angoisse lui garantit des cernes régulières à masquer, ainsi qu'un risque peu élevé d'embonpoint.

Du reste, il a plus l'air maniéré qu'efféminé. Naturellement, certaines personnes ignorent ce que sont les manières. C'est peut-être ce qui leur donne envie de critiquer, d'ailleurs. Respectueux des protocoles, il sait se tenir, ce qui peut parfois lui donner l'air froid. Ce qui vous permettra de le distinguer des autres noble, ce sera sa façon de s'habiller, principalement. Les atours royaux se reconnaissent aisément. D'excellente facture, avec des détails qui ne trompent pas, des dorures juste là où il faut, comme il faut. C'est bien mince comme signe de reconnaissance, c'est vrai. À quoi vous attendiez-vous ? Si vous avez un peu plus l'oeil ou l'oreille, vous reconnaitrez les manières que j'ai cité tout à l'heure, et cette façon de parler typique de la famille royale. Très calme, très posée, qui arrive à s'imposer sans avoir besoin de hausser le ton. C'est quelque chose de difficile à obtenir, mais qui force le respect à de nombreuses personnes.

C'est ainsi que vous verrez Sāadrisha. Un roi qui se reconnait plus à sa façon de parler qu'à son apparence. Un être humain du désert qui ne travaille pas spécialement sa force, qui garde le menton haut et l'air affirmé, qui porte avec fierté son rang et le temps qu'il y passe.

Sāadrisha possède de royales qualités, issues d'une éducation stricte et maîtrisée. C'est une personne assez calme, qui sait contenir ses émotions et son énergie. Amoureux de sa langue natale, il sait en déceler les subtilités, et reconnait assez facilement le mensonge, la franchise, le sous-entendu. La parole est une chose bien importante, et il reste toujours admiratif de la richesse de sa langue et des possibilités qu'elle offre. Lui-même a une façon de parler bien spéciale, enseignée par sa famille. C'est également un jeune homme plein de manières, respectueux des protocoles. Il possède des connaissances plus que correctes dans de nombreux domaines: les principales sciences, le commerce (naturellement), histoire et la géographie, les langues, le combat, la stratégie, philosophie, théologie, équitation, et j'en passe.

Il n'a jamais caché l'amitié qu'il avait pour les chevaux. S'il apprécie les bêtes en général, les chevaux ont tout de même une place de choix dans son coeur -n'est-ce pas normal, pour un Ilnehdrîn ?-. C'est un cavalier hors-pair, un fin connaisseur. Ce n'est pas qu'il n'apprécie pas la compagnie des humains, loin de là. C'est qu'il n'a pas la même relation avec les animaux qu'avec les humains. Pas les mêmes obligations, pas les mêmes demandes non plus. Toujours est-il qu'il ne se passe pas un événement équestre sans qu'il soit là (et ce, depuis un temps antérieur à son règne).

Sans être capricieux, il lui arrive d'avoir de brusques sautes d'humeur. Si en public il affecte un sérieux neutre constant, cela ne l'empêche pas, dès que les circonstances le lui permettent, de laisser libre cour à ces pulsions soudaines. S'il n'y a plus d'enjeux, il peut alors décider de se montrer désagréable, de changer brusquement d'avis ou d'attitude, sans raison apparente. Il peut également, parfois, se montrer à la limite de l'arrogance, de la fierté. Mais ce n'est pour lui qu'un moyen comme un autre de vous faire comprendre qu'il a confiance en lui, et envers le pays qu'il représente. Les rois ne peuvent se permettre l'humilité. Pas maintenant.
Il est rare de le voir accorder sincèrement sa confiance à quelqu'un. Peu de personnes ont eu accès à son coeur et ses pensées. Le rôle d'un roi n'est pas d'être humain, ou bon copain. Il est un outil qui, s'il faiblit, peut briser toute une mécanique. Et il est impossible pour un outil de savoir ce qui est dangereux et ce qui ne l'est pas. Sāadrisha est quelqu'un de très prudent.

Le Seigneur Roi d'Ilnedrie Sāadrisha Dijrahwdja était un Homme fier. Fier de sa bravoure, fier de lui-même, et surtout, fier de son Royaume. L'an de Grâce 1217 vit la naissance de son fils, Sāadrisha Azara Dijrahwdja. Le roi en fut tellement fier qu'il prétendit que l'enfant avait vu le jour quand le soleil était à son zénith, que c'était là une bénédiction d'Holsakk: son enfant aurait un règne encore plus brillant que le sien, guidé par le Seigneur de l'Astre. L'enfant grandira dans ses premières années entouré de ces rappels, ces remerciements à Holsakk, ces petits mots qui lui disaient qu'il était exceptionnel. Il avait le Palais en terrain de jeu, ses habitants à ses pieds. Ce fut un enfant impérieux, capricieux et, par bien des aspects, le digne fils de son père, aussi imbu de sa personne que s'il avait derrière lui les victoires paternelles. Sāadrisha apparut avant tout à ses parents comme un enfant robuste, plein de vigueur, dont on reconnut les capacités physique avant tout.

Il reçut ensuite la plus complète et la plus soignée des éducations. Sa formation commença tôt. La transformation de Sāadrisha Azara Dijrahwdja fut radicale, et il lui fallut peu de temps pour laisser de côté le pseudo-tyran que l'on avait forgé. La lecture fut le principal acteur de sa métamorphose, et l'enfant se laissa vite aspirer par les livres que l'on lui présentait, ou que l'on lui interdisait. Vint ensuite l'apprentissage de l'équitation. Le contact avec les chevaux lui apprit la douceur, le souci de l'autre. L'admiration qu'il avait pour ces créatures, transmise par son père, fit qu'il eut bien plus de facilités dans ce domaine. Du reste, il se montra élève attentif et brillant. À la recherche de la fierté de son père, perdue en chemin.

Sāadrisha fut un adolescent qui ne laissait pas présager d'un roi, quand l'enfant de jadis montrait beaucoup plus d'affirmation et de volonté. Peut-être était-ce une rébellion muette. Il passa ses belles années dans la bibliothèque du palais, à feuilleter les ouvrages les plus beaux et les plus miteux. La mort de son père l'amena à porter la couronne à un âge où il aurait, s'il avait imité d'autres princes, courtiser les demoiselles et ne penser qu'à son plaisir. Dans ces temps troublés, Sāadrisha fit ses preuves, et surprit encore une fois son entourage en révélant son potentiel. Bon cavalier, il sut effectuer cette transition, sans serrer trop la bride pour que le cheval ne se cabre pas, sans la lâcher suffisamment pour qu'il s'emballe.