Les Chroniques de Nerÿe
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 Le prix du sang [Salle d'audience publique]

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Kethnyr Il Faägn
Roi des Khëradas
Kethnyr Il Faägn
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Il était aisé de rencontrer Kethnyr Il Faägn. Avec un peu de bagou, il n'était pas rare de se voir invité à quelque réception improvisée, laquelle appellerait son lot de victuailles, de boisson, de mille corps délicieux à dévorer des yeux . Lorsqu'il s'agit de regarder, les Khëradas ont aussi peu de tenue que des enfants mal élevés, et finissent généralement par y laisser traîner des mains expertes. Ce qui n'exclut pas, avant d'avoir atteint ce stade de débauche et de dégénérescence logistique, d'avoir pu glisser un mot au roi dans l'intervalle, voire même d'avoir pu obtenir de lui quelques échanges courtois sur quelque sujet que ce soit, même d'importance.

Seulement,  Axell Hayr, Haure resplendissante du Conseil des Sept, avait exigé une entrevue avec le roi. E-xi-gé. Geÿr, héraut royal et Khëradas jusqu'au bout de ses cornes pointues et de ses ongles griffus s'était fait un plaisir de lui claquer la porte au nez, au sens propre comme au figuré. Ainsi que l'y obligeait sa charge, il avait bien exaucé la requête de la rouquine en lui obtenant une audience... trois semaines plus tard.

Même sans la malice rancune de son héraut, Kethnyr Il Faägn n'aurait rien fait pour précipiter cette entrevue. Il ne reconnaissait aucun droit d'ingérence des Haures en son royaume, et se préparait à accueillir aussi froidement la conseillère qu'il avait accueilli la missive de ses confrères – ou à peine moins, car si Geÿr s'était abstenu d'ajouter à sa colère un flot de commentaires disgracieux, c'est que l'émissaire avait quelques qualités.  

Dans leur lettre enduite d'une politesse glacée – l'on dit que les altitudes sont aussi froides que les nuits d'une prêtresse – le haut et magnifique Conseil des Sept reprochait sans détour au roi d'avoir asservi et perverti l'un des leurs, faisant d'un garçon de bonne naissance quelque bête de cirque ou autre jouet sexuel dont son peuple avait le secret. Le roi s'était saisi de sa plus jolie plume pour leur répondre que le jeune Dalvenis – dont il ignorait le nom par ailleurs, ne s'en étant pas enquit et l'auteur de la missive ne l'ayant pas mentionné – se portait comme un charme, jouissant de l'environnement resplendissant du palais, lequel seyant au peuple Khëradas pourrait sûrement convenir à quelque enfant des nuages. Il avait conclu sobrement en mentionnant que le statut de page du jeune garçon n'incluait aucun préjudice sexuel et qu'il était libre d'occuper ses nuits comme il l'entendait, et qu'au demeurant, il demeurerait au service de la Khëradas trois années durant au terme desquelles il serait rendu à son peuple.

Les Haures n'avaient pas apprécié le marché en vigueur, qui satisfaisait généralement les humains – et Dalvenis, lequel y avait pris part de sa propre volonté. Aussi lui envoyait-il une charmante conseillère pour régler l'affaire. Certes, Kethnyr est sensible à certaines formes de corruption, mais il doutait fortement qu'un terrain d'entente de ce registre soit possible. A en croire les rumeurs, les Haures jugeaient plutôt durement le mode de vie des Khëradas, tandis que ceux-ci se gaussaient généreusement de la réserve hautaine des lointains maîtres des cieux.

Kethnyr siégeait donc dans toute sa superbe,le front ceint d'une couronne d'or et assis sur un trône au bois sculpté mimant un siège de roche tel une corniche lointaine hébergeant un dragon. Le roi allait le torse dévêtu, juste paré du flot de sa chevelure neigeuse et sa virilité masquée d'un pagne aux plis complexes où dominaient des teintes d'ambre et d'ivoire. La grande salle brillait du feu de mille bougies lesquelles, inutiles à cette heure, rehaussaient les veinures bleutées du marbre de la grande salle et les bijoux et les formes appétissantes de ces dames  – comme si l'un eut pu éclipser l'autre. Rares sont ceux qui s'attardent sur l'art graphique Khëradas ou plutôt rares sont ceux qui venant en Andrasor ce faisant ne sont pas distrait dans leur quête, mais la salle du trône abritait deux œuvres millénaires de g rand envol. Le premier s'alignait le long des murs, ne cédant la place qu'aux vastes fenêtres qui noyaient la pièce de lumière, narrant des pans entiers de l'histoire des dragons et de ses enfants dans de glorieuses tapisseries relevées de fils d'or et d'argent, même s'il fallait pour en déchiffrer le véritable message accompagnant les représentations, saisir les dialectes anciens dans toute leur finesse. La seconde oeuvre notable s'offrait même aux yeux du profane : sur chacune des colonnes qui barraient l'allée et canalisait la foule des curieux pour laisser s'avancer les visiteurs du roi, un dragon sculpté s'enroulait. Dans ces créatures de pierre, toutes dissemblables dans leur teinte, leur posture, leurs matériaux et leurs allures, résidait encore une magie résiduelle, et l'on narrait aux enfants qu'à la nuit tombée, les joyaux formant les yeux des dragons suivaient les visiteurs imprudents d'un regard inquisiteur,.

« Axell Hayr, Haure, du Conseil des Sept. » annonça Geÿr d'une voix claire.

Le Khëradas n'affichait pas la moindre rancœur, jugeant l'affaire enetndu, il conservait simplement ces manières malicieuses qui poussaient certains visiteurs du roi à ce demander s'il n'était pas une sorte de demi-troll plutôt qu'un demi-dragon.

Un brouhaha de voix se fit entendre alors. Nul dans l'assistance n'avait eu vent de la venue de la conseillère, mais l'on voyait si rarement des Haures en Andrasor que la chose valait d'être notée et vue, et ce d'autant que l'intéressée avait une apparence pour le moins singulière.

Être jugée curieuse par une assemblée d'êtres cornus et à demi-dévêtus, voilà qui ferait une belle jambe à la conseillère, songea Kethnyr avec un sourire intérieur.
MessageSujet: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyJeu 15 Aoû - 19:12
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Axell Hayr
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Et c'était sur elle que ça tombait ! Une imbécile de jouvenceau, un éthéré qui se jetait corps et âmes dans l'aventure et qui plongeait dans le premier piège qu'on lui tendait. L'appât de la chair, les tentations étaient diverses dans la cité des dragons, pas étonnant que l'on s'y trouve piégé si facilement. Mais il avait fallu qu'une de ses victimes soit de son peuple. Un éthéré ! Dès que la nouvelle avait soufflé jusqu'aux tréfonds de l'éther, le Conseil s'était insurgé, indignés qu'ils étaient.

Mais les Haures répugnaient le contact avec le moindre de ces hommes reptiles. Dialoguer avec leur roi s'était alors révélé une véritable épreuve et l'on avait envoyé la plus jeune des Sept. Des cieux, ils l'observaient attentivement, la jaugeaient. Le destin de cet Haure n'était qu'un demi-prétexte pour l'envoyer dans la gueule du dragon. Cependant, Axell avait plus d'un tour dans son sac. Elle avait fréquenté un moment ces hybrides, descendants du premier dragon, et s'était familiarisée avec leurs mœurs. Elle pouvait se targuer de les connaître, mieux que la plupart de ses semblables en tout cas.

C'est ainsi qu'elle avait pris son mal en patience lorsqu'on lui avait intimé d'attendre près d'un mois entier pour rencontrer leur grand roi. Cette attente n'en avait été que des plus utiles. La jeune femme avait déambulé dans les méandres de la cité draconique, observant de plus près encore ses citoyens. Si les Kheradas étaient des hommes fiers et orgueilleux, ils n'en restaient pas moins de redoutables orateurs. Elle devrait déployer ses talents les plus fins pour convaincre le monarque reptilien.

A peine les portes s'étaient-elles ouvertes qu'une rumeur parcouru la grand-salle. Assemblés en grandes pompes, les courtisans observaient avec des yeux avides l'invité de marque. Un membre du Conseil des Sept, une Haure ! Et pour répondre à leur soif de spectacle, Axell dévoila ses immenses ailes, tenues dissimulées jusque là, lorsqu'elle franchit le seuil de la grande porte. Elle étendit ses ailes, forçant les spectateurs à se reculer, lui traçant une haie d'honneur jusqu'au trône. De celui-ci, elle devina ce qui semblait être ce cher Kethnyr.

Vêtue de façon bien simple, Axell avait tressé ses longs cheveux écarlates et y avait glissé les bijoux si caractéristiques de son peuple, révélant ainsi son rang parmi les siens. Pour le reste, elle avançait pieds nus, vêtue d'une simple tenue de voyage. Elle avait du quitter à regret son arc et ses flèches. Ces armes seraient bien inutiles une fois dans la salle du trône, face au monarque. Seule son habileté et ses dons oratoires sauraient la défendre. Armée d'un masque impénétrable, elle avança d'un pas lent jusqu'au pied du trône. Inclinant légèrement le buste, elle salua de la façon la plus sobre possible l'homme qui la toisait.

- J'ai attendu cette rencontre avec impatience, mon seigneur. Je l'aurais préféré plus...intimiste disons.

Un sourire sarcastique dansait sur ses lèvres tandis qu'elle embrassa l'assemblé d'un geste vague du menton. Son regard vint ensuite se planter dans celui du roi, sans gêne aucune.

- Axell Hayr, dit La Flamboyante, Celle-qui-écoute-le-vent et membre permanent du Conseil des Sept. Pour vous servir, mon seigneur.

Mais son regard, son attitude démentaient ses dires. Elle le défiait du regard, bravant toutes les politesses qu'exigeaient sa position. Axell comptait bien s'imposer dans cette salle.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyDim 18 Aoû - 16:35
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Kethnyr Il Faägn
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Kethnyr Il Faägn
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La conseillère fit une entrée singulière, ainsi que Kethnyr s'y attendait, mais dans un registre bien plus théâtral. Il avait des Haures une vision plus rangée, plus sobre, plus fermée, qui impliquaient que ceux-ci ne se présentaient pas ailes ouvertes en un manège qui évoquait plus au roi quelque parade nuptiale emplumée qu'une quelconque intimidation.

Axell Hayr avait dans la voix l'aplomb qui sied aux puissants et le cran pour la manier. Elle s'avança, empreinte d'une gravité redoutable, que clamait tout autant sa crinière de cuivre poli aux bijoux scintillants que ses yeux d'un bleu tranchant où le roi crut voir quelque mer en colère. Imperturbable en dépit des murmures et des rires qui naissaient et mourraient sur son passage comme les flots embrassent la berge, elle salua le roi d'une simple inclinaison. Peut-être avait-elle voulu le geste offensant, mais il était malaisé de le savoir, même de l'envisager. En dépit de sa mise sans attrait, il y avait trop d'application dans sa gestuelle pour ne pas concevoir les mouvements qu'elle concédait comme empreints de respect.

« Si c'est une proposition, je serai tenté d'y répondre. »


Le sourire du roi s'élargit, narquois, tandis que certains se moquaient de manière peu discrète de cette étrangère insouciante qui provoquait leur roi.

Si Kethnyr posait jamais la main sur Axell Hayr, il y avait fort à parier que le Conseil des Sept lui trancherait le poignet pour le seul loisir de lui faire compter ses doigts. Mais en attendant, la jeune Haure était une apparition délicieusement exotique à la chevelure d'un singulier écarlate -même aux yeux avertis des Khëradas-. Ses ailes, aussi, l'intriguaient, et il se surprit à se demander si elles étaient aussi duveteuses au toucher qu'elles en avaient l'air. Axell avait de toute évidence un goût épouvantable en matière d'habillement mais le roi ne la blâma pas pour cela, lui même ayant d'indéniables qualités pour effeuiller ces dames. Restaient ses airs de sainte-nitouche, mais, en ce domaine, Kethnyr n'était pas du genre à juger un fruit pourri avant d'y avoir mordu.

Sans frémir le moins du monde, Kethnyr lui rendit son regard, ses yeux brillants d'un or envoûtant, immuable. Le roi se savait en position de force. Elle aurait beau piétiner le faste du palais, cracher sur les moeurs délurées et les manières futiles des Khëradas, elle n'en était pas moins là car l'un des siens y avait succombé et demeurait une étrangère reçue selon son caprice en son palais.

Pour vous servir. Des mots dangereux. Tirés d'une bouche moins candide qu'elle n'y paraissait. Il aurait pu lui faire savoir quel genre de service il requérait auprès de ses dames, mais il y avait fort à parier que l'Haure se braquerait devant des mots qu'elle jugerait insultant. Geÿr avait déjà bien tourmenté la conseillère - c'était là l'apanage de son rang - Kethnyr était roi, et ce devait de limiter les esclandres diplomatiques à l'insolence inacceptables. Il ne pouvait décemment pas déclarer une guerre aux Haures, même si le souvenir de leurs armées semblait aussi lointain que le vol du Dieu dragon en personne, juste parce que le Conseil des Sept, dans toute sa sagesse empruntée, n'avait pas eu la présence d'esprit de lui dénicher quelque vieux bonhomme rabougri en guise d'émissaire, dont il put rire mais n'être pas tenté d'abuser.

Ou peut-être le Conseil espérait-il qu'elle put raisonner l'enfant et distraire assez sa cour pour qu'elle l'emporta au profit du chaos généré. Kethnyr n'était pas mauvais bougre. Si elle venait dans son lit - le Conseil le taillerait en tranches fines - peut-être le lui laisserait-il... Quoi qu'il en soit, le page n'était pas prisonnier, il avait des ailes, et les Khëradas étaient assez peu pudiques et soucieux pour que nombre des fenêtres du palais soit ouvertes.

« J'entends vos paroles, Conseillère. »

° Et j'en prends note. °

Pour vous servir,
avait-elle dit. Il n'en revenait toujours pas. Peut-être était-ce une formule d'usage dans les nuages ? Cela demeurait ... imprudent. Inconvenant, eut-il jugé, si ce mot avait eu du sens pour lui.

Les yeux du roi riaient des provocations qu'il n'avait pas prononcé, et sa cour, certainement, les chuchotait pour lui dans l'ombre des colonnades.

« Et de quelle manière entendez-vous servir le roi des Khëradas ? » s'enquit Kethnyr, feignant l'indifférence avec une médiocrité rare.

Il était curieux de l'écouter, mais pas au point de nier lui faire une fleur en la laissant parler. Il ne serait pas dit qu'il l'en avait empêché, même si les Khëradas avaient les mœurs trop vives et trop festives pour que les accords véritables se nouassent dans cette sale d'apparat. En cela, la conseillère avait raison d'être déçue. Le roi disposait d'autres salles pour se faire, où il daignait parfois s'user les yeux sur des cartes du royaume où s'étalaient les territoires aux contours ciselés d'or, où il gardait quelques sièges pour de hauts dignitaires de son peuple qui goûtaient autant ambition et pouvoir que sang, vin et délice des corps. Kethnyr chassa cette préoccupation de son esprit, il n'était pas cause que l'Haure ait déplu à son héraut.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyDim 18 Aoû - 17:40
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Axell Hayr
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Les murmures et les ricanements fusaient. L’espace d’un instant, Axell s’en irrita. Puis, comme la brise agite la surface de l’eau, ils s’envolèrent, emportés dans une dimension qui n’intéressait plus l’éthérée. Elle replia ses ailes, jugeant qu’elles avaient fait leur effet et les effaça en un clignement d’œil. A présent, peu de choses la distinguaient des simples humains. Son aura, sa prestance, peut-être. Mais elles n’avaient presque aucun pouvoir en cette assemblée de Kheradas.

Axell observait attentivement l’homme qui lui faisait face, lui renvoyant un regard hautain et détaché. Mais elle sentait dans ses yeux l’intérêt qu’elle avait su éveiller en lui. Elle se contenta de répondre par un sourire énigmatique aux piques du monarque, se retenant de justesse de lui envoyer une réplique cinglante. L’heure n’était ni aux fanfaronnades, ni aux esclandres. Le temps des bravades était terminé. Axell devrait jouer sur un tout autre registre si elle comptait remporter cette joute verbale.

Qui se soumet domine.

- Et de quelle manière entendez-vous servir le roi des Khëradas ?

De nouveaux rires fusèrent. La jeune éthérée ne put que sourire, esquissant ce qui semblait être une expression quelque peu gênée. Fidèle à son peuple et à sa réputation, le monarque redoublait d’allusions verbeuses et quelque peu douteuses. Le regard presque affamé qu’il posait à certains instants sur elle n’éveillait aucune sympathie de sa part. Les Kheradas avaient toujours créé un sentiment mitigé chez elle. Attirée par l’énergie qu’ils dégageaient, elle demeurait toujours troublée par leurs appétits déroutants.

A l’image des dragons, certainement.

Axell fut tentée, un instant, de répondre à chacune de ses allusions, laissant miroiter l’espoir d’offrir à cet homme ce qu’il désirait réellement. Contrairement à ses pairs, la jeune femme refusait tous tabous. Elle avait même su trouver en certains temps une véritable passion dans les désirs de la chair. Mais elle savait qu’elle n’obtiendrait rien de ce reptile de la sorte. Elle connaissait son goût du jeu et de la chair et pour rien au monde elle ne lui céderait la partie.

- En représentant la voix des Haures, naturellement.

Réponse froide, presque prude. Les Haures n’étaient-ils pas après tout un peuple lointain et détaché de toutes les passions terrestres ?

- Je peux également répondre à toutes vos interrogations concernant les miens et vous présenter nos intentions concernant l’éthéré qui s’est égaré en vos lieux.

Belle façon de présenter les choses. Axell ne pouvait s’empêcher de maudire ce Haure sans cervelle. Mené par la curiosité et la naïveté de la jeunesse, il s’était laisser attraper comme le plus sombre des crétins. Sa faiblesse était une honte pour les éthérés. Une honte que devait afficher la jeune femme à la face de tous ces reptiles. Si cela ne tenait qu’à elle, elle aurait laissé cet Haure à son sort. Mais les Sept avaient tranché. Son âme elle défendrait.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyMar 20 Aoû - 16:15
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Kethnyr Il Faägn
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Axell Hayr ne manquait pas de cran. Rabrouée, malmenée, elle était le minerai brut qui subissait sans fléchir la morsure des flammes pour ressortir acier tranchant. Il y avait un danger à tourmenter cette Haure mais le roi des Khëradas y voyait une douce vengeance pour subit cet entretien politique rébarbatif où il n'était point permis de goûter à l'émissaire, ou même de toucher à ses ailes.

La Conseillère, sans ses ailes, n'aurait pas tant tranché dans sa cour si elle n'avait pas été si mal vêtue, elle avait des allures princières et, talent si rare chez les fils du dragon, une réserve salutaire face aux moqueries dont elle était l'objet.

Son sourire forcé parlait pour elle, elle était là parce qu'on l'y avait poliment obligée, fruit de la volonté d'une organisation aux rouages bien huilées. L'une des plus jeunes du Conseil, certainement. On l'envoyait pour la tester de bien des manières et on jugerait de son action vis-à-vis de cet incident - inepte aux yeux de Kethnyr- pour apprécier sa valeur, son intégrité, sa réussite... En cela, Kethnyr ne l'enviait pas. Mais lui aurait permis à l'un des siens de se perdre dans la lointaine cité des Haures par les ailes d'un dragon et de n'en point revenir. La diplomatie avec cela d'une alchimie subtile, que le mélange des êtres n'apportait jamais deux résultats semblables.

La Conseillère se drapa de dignité. La voix des Haures. Kethnyr se demanda si tel était la vérité, si elle parlait vraiment au nom du Conseil entier, si ce même Conseil serait flatté d'apprécier que la voix des Haures retentit dans la grande salle du trône du palais d'Adraes en Andrasor. Peut-être pas. Peut-être que oui, un masque solennel rivé au visage, et yeux clos, pour ne point souffrir de la vue obscène des Khëradas.

« Égaré ? Nous ne parlons certainement pas du même. Je gagerais qu'une personne égarée, même Haure, demanderait son chemin, plutôt que de signer un pacte avec son sang. Delvanis s'est engagé, en pleine possession de ses moyens à devenir pour trois ans le page de l'Erudite Ilyanid. » rappela Kethnyr avec une politesse affectée.

En pleine possession de ses moyens était une formule d'usage protocolaire ainsi que les Khëradas en avaient peu et qui impliquait que l'intéressé n'avait pas été séquestré, torturé ou violenté d'une quelconque manière, que nul péril immédiat ou programmé ne le menaçait lui ou des êtres qui lui étaient chers de par l'enjeu du contrat, qu'il avait pu jouir récemment d'un repas correct, d'un abri, d'une nuit de sommeil, que ni l'alcool, ni la magie, ni l'alchimie des sens ne lui avaient dérobé ses facultés lors de la signature du contrat. Ce qui signifiait qu'Ilyanid n'était pas à califourchon sur lui, ses seins nus déraisonnablement offerts lors que le jeune homme avait donné son acord. Après, avant, ce n'était pas exclu, mais pas pendant.

Ce qui séparait Ilyanid de posséder l'un des plus prodigieux décolleté qu'ait connu Kethnyr, c'était le simple détail qu'elle se déplaçait plus souvent seins nus ou engoncée dans un bustier à la mode humaine qui mettait ses formes avantageuses en valeur. La Khëradas était au demeurant une magicienne remarquable, assez pour massacrer quiconque aurait eu l'indélicatesse de la toucher sans son accord, et assez pour prendre un son service un jouvenceau des Haures sans se soucier des conséquences. Ou plutôt, en les cédant de bonne gràce à son roi. Kethnyr se souvenait assez bien de l'Erudite, une rivière d'écaille violine lui courait sur les reins. S'il l'avait consulté sur l'affaire - elle-même et son jeune page étaient absents ce jour-, elle l'aurait flatté d'une voix mielleuse, s'en remettant à son autorité pour protéger les affaires de son peuple de l'indiscrétion du conseil des Haures. De ce qu'il pouvait en juger, Ilyanid pouvait tout à la fois vouloir le jeune homme comme amant ou comme apprenti, ou les deux à la fois, et il ne crut pas nécessaire de souligner cette incertitude devant la conseillère.

Trois pas entre les colonnes qui flanquaient l'allée centrale suffisait généralement aux visiteurs pour avoir un aperçu fiable des moeurs légères des Khëradas.

« Nous ne maltraitons pas nos serviteurs, bien qu'il plaise à votre Conseil de le croire, ainsi qu'il me l'a écrit. Mais de demeure curieux de connaître vos intentions. »


D'un geste courtois - cela lui arrivait parfois - Kethnyr invita la conseillère à s'exprimer. L'entrevue n'était pas aussi détestable qu'il s'y était attendu. Il en venait à regretter de ne pas l'avoir reçu en tête-à-tête, et ce d'autant plus que la faute de cette triste incartade venait du caractère bien trempée de l'Ethérée qui avait jugé bon de tenir tête à Geÿr. La Conseillère était délicieusement farouche, il l'eut bien échangé contre Delvanis, mais il doutait qu'elle fut à ce point détestée chez les siens, même en secret, pour que la chose fut possible.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyMar 20 Aoû - 17:45
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Axell Hayr
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- Égaré ? Nous ne parlons certainement pas du même. Je gagerais qu'une personne égarée, même Haure, demanderait son chemin, plutôt que de signer un pacte avec son sang. Delvanis s'est engagé, en pleine possession de ses moyens à devenir pour trois ans le page de l'Erudite Ilyanid.

Une érudite, justement, le problème reposait là. Les Haures, avares de leurs secrets, se méfiaient des Kheradas et de leur curiosité gênante. Pour rien au monde ils ne souhaitaient dévoiler leur secret à leurs mages. Si le Conseil s’était insurgé en apprenant le pacte passé par le jeune Haure, il s’était complètement révolté en apprenant qui ce dernier servait. Une erreur que l’enfant apprendrait à repentir, sans nul doute.

- Nous ne maltraitons pas nos serviteurs, bien qu'il plaise à votre Conseil de le croire, ainsi qu'il me l'a écrit. Mais je demeure curieux de connaître vos intentions.

Axell ferma les yeux un moment, acquiesçant légèrement. L’espace d’un instant, la pièce, l’assemblée, tout disparu pour ne laisser place qu’au souvenir. Jamais la jeune femme n’oublierait ce qui allait se produire. Et elle gravait chaque instant dans sa mémoire, de manière à ce que chacun des Sept puisse connaître la moindre parcelle de ce souvenir.

Puis elle rouvrit les yeux, plus calme et sereine que jamais. Les rires et les regards insistants avaient disparu. Ne demeurait plus que le monarque et son royal flegme.

- Le plus grand présent d’un Haure est sa liberté, majesté. Cet enfant que vous avez accueilli s’est parjuré, a renoncé à ce qu’il y avait de plus grand dans sa condition. C’est pour cette raison que les Sept interviennent. Afin que les Haures ne connaissent plus jamais telle situation.

Elle établit un silence, laissant son ton impérieux un moment en suspens ; captant l’attention de chacun.

- Par la présente, les Sept reconnaissent le pacte passé entre l’Haure Delvanis et la Khëradas Ilyanid et ne chercheront pas à le desceller. Sachez que les Sept n’interdisent aucunement le mélange et le métissage des Haures avec les autres peuples. Nous exigeons donc qu’au terme de ce contrat, l’Haure soit remis à son peuple pour y recevoir le sort mérité.

Et quel sort ! Delvanis servirait d’exemple à tous ses pairs, tous ceux qui seraient tentés un jour de suivre sa voie. Oh Axell n’enviait en rien le sort de ce pauvre Haure. Sa naïveté l’avait conduit aux portes d’un tourment qu’il ne pouvait imaginer.

- L'Haure Delvanis doit être également dégradé.

Une si jolie expression pour exprimer un acte barbare et cruel. Axell doutait que la moitié des Kheradas présents se doutent de la véritable nature d'une telle dégradation. Mais peu importe, l'Haure lui le saurait ; et en tremblerait d'effroi sans aucune doute. Cela n’était que pure justice. Certains y voyaient un simple protectionnisme de vieux conservateurs. D’autres une juste vengeance pour les tours pernicieux des hommes reptiles. Leur précieux valet risquait de perdre en valeur.

- S’il arrivait, par la plus grande ironie des cieux, qu’un enfant naisse des faiblesses de la chair de cet Haure, ce dernier serait élevé au bon vouloir des parents. A sa majorité, s’il choisissait de rejoindre ses origines éthérées, il serait accueilli par les Haures avec honneur. Le cas échéant, nous le dégraderons également.

Une clause bien étrange s’il en n’était. Les Haures n’étaient guère des êtres très féconds et l’association d’individus de chair et d’éther n’avait jamais été propice à la vie. Mais les Sept, vieux grincheux qu’ils étaient, ne se montraient jamais trop prudents.

- Ces volontés sont celles des Haures représentés par la voix des Sept. Pour le respect de la justice et des peuples de l’éther.

Axell inspira profondément, cherchant le calme dans son esprit. Ignorant les rumeurs qui fusaient dans son dos, toute son attention se portait sur le roi Khethnyr deuxième du nom. Impassible, elle cherchait à deviner ses humeurs, le scrutant de ses yeux intensément bleus. Ils étaient si diamétralement opposés l’un de l’autre. La jeune femme se surprit à se demander ce qu’un Khëradas pouvait bien chercher dans l’union avec un Haure. Un abîme les séparait. Etait-ce justement ce goût de l’inconnu qui les poussait à l’interdit ?

La tête haute, les épaules droites, Axell recula d’un pas, toujours silencieuse. Le Conseil avait terminé avec ses exigences. La jeune femme était bien consciente qu’elle n’avait encore rien offert au monarque Khëradas dans cet accord. Une tension agitait son corps et elle peinait à la contenir pleinement. En cet instant, Axell exécrait ce lieu, cette assemblée et tout ce qu’elle représentait. Elle ne rêvait plus que d’étendues à pertes de vue et de liberté.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyMer 21 Aoû - 16:29
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Kethnyr Il Faägn
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Aucune surprise dans les yeux de l'émissaire. Juste cette froide indifférence, celle de l'acier tranchant la chair et buvant le sang sans l'ombre d'un regret.

Kethnyr n'en était pas vraiment étonné. Ilyanid... n'était pas une Khëradas discrète – s'il en existait – et l'affaire avait déjà fait le tour du Magistorat, de l'Andrasor tout entier, et peut-être de la moitié du continent avant que les Haures ne s'inquiètent du disparu. Il n'était pas exclu que ce dernier se soit tiré dans le pied en tentant de rassurer les siens. On pouvait naître issu d'un peuple à la sagesse redoutable sans posséder plus d'une once de bon sens, et l'entourage des Khëradas n'aidait pas forcément à la conventration.

«  Dois-je croire qu'aucun des vôtres ne ploie jamais le genou – sinon les ailes – devant votre grand Conseil ? Que vos armées n'ont jamais connu la main d'un chef ? Que vos enfants n'ont pas de précepteurs juste la vaste étendue du ciel pour aiguiller leur pas ? Enragez tout votre saoul que l'Haure Delvanis soit le féal d'une princesse d'Andrasor, mais vous ne me ferez pas accroire que c'est l'atteinte à sa liberté qui vous émeut. »

Ou si tel était véritablement le cas, Kethnyr voulait bien comprendre comment s'était étiolée la prodigieuse et légendaire armée des Haures. Le roi des Khëradas n'en relâcha pas moins sa vigilance. Il se moquait comme d'une guigne de qui ceux de son peuple glissaient dans leur draps, mais Ilyanid ne s'était pas contentée de charmer Delvanis ou de l'inviter à partager sa couche, elle l'avait lié à son service, et ceci incluait une reconnaissance tacite de sa valeur et le désir farouche de le protéger des lois arriérées d'un peuple prude et refermé sur lui-même.

«  Vous parliez de liberté, et maintenant d'exigences ? Au terme de ces trois ans, il se pourrait que Delvanis ne désire pas revenir parmi les vôtres. Quid des gens qu'il aura aimé, des enfants qui en seraient nés ? Vous parler de son bon vouloir à les élever, lequel ne devrait pas nécessairement exclure l'Andrasor. »

Les Khëradas évitaient de surpeupler inutilement l'Andrasor et de fait, Ilynanid était peu tournée vers la maternité. Mais pour que Kethnyr eut le loisir de convaincre Axell Hayr de la pérennité des liens que pouvaient créer la poésie des corps, même en des mœurs volages, il lui aurait fallu moins de public.

Kethnyr n'était pas très au fait des sévices en vogue chez les Haures, mais le regard impérieux de la Conseillère lorsqu'elle édictait la sentence suffisait pour l'aiguiller vers un sort non plaisant. Les humains qui travaillaient au service exigeant du peuple Khëradas se voyaient généralement proposer un paiement supplémentaire en échange de leurs services une fois leur contrat achevé et ne signait aucun nouveau pacte. S'ils étaient restés les trois ans, ils s'étaient faits au tumulte de la société khëradas, assez pour ne plus s'étonner de leurs mœurs faciles et pour trouver quelque consolation à vivre au contact de princes lézards. Ceux qui partaient désertaient plutôt avant l'issue du contrat et regagnaient les terres lointaines des contrées humaines.

Le respect revendiquée par la conseillère le laissait songeur. Kethnyr ne se trouvait pas irrespectueux de son peuple en leur laissant porter écailles, cornes et queues hors de l'Andrasor. Sensation peu familière, le monarque se trouvait fort mécontent. Non pas que le haut conseil des Haures voulut trucider de toute urgence le dernier jouet d'une Erudite, mais que cette Haure arrogante fut si intimement convaincue, du haut de ses maigres années que rien ne pouvait naître de profitable de la collaboration d'un Haure et d'une Khëradas.

Bien sûr, il y avait la magie. Mais les Haures, ne leur en déplaise, n'en avait pas l'apanage. Kethnyr lui-même avait une magie plus affine des flammes que de l'éther brut. Au demeurant, la magie des éthérés drainaient moins d'encre et de mystère que celle des sorcières, lesquelles n'avaient jamais porté atteinte à la grâce de Saresha.

Peut-être le Conseil l'avait-elle envoyée dans l'espoir d'une distraction. Fasciné par le bleu de ses yeux, il aurait pu baisser sa garde, boire ses paroles... Non, pour captiver son attention, il eut fallu qu'elle fasse plus de son corps que de rester planter là comme un piquet.

Kethnyr se désintéressa de la Conseillère – ou le feignit avec élégance – et eut un geste là.

« Vos termes sont inacceptables, Axell Hayr des Sept. »

Les yeux du roi étaient froids, la menace de l'aigle planant au dessus de sa proie.

« Mais peut-être serais-je disposé à en discuter plus en détail, si vous me rejoignez dans les jardins cet après-midi. »

Le roi des Khëradas jaugea la conseillère du regard. Les jardins, ce n'était pas sa chambre, il ne pouvait qu'espérer qu'elle le comprendrait assez pour ne pas surjouer les vierges effarouchées au point de fuir en volant. Il n'était pas exclu qu'elle se braqua et retourna dans sa forteresse des nuages, mais Kethnyr jugeait que le Conseil serait bien embarrassé de ce « nom » sans contre-proposition et qu'il aurait au pis gagné du temps. L'animosité entre les Haures et les Khëradas étaient millénaires, mais les deux peuples étaient assez peu enclins à se précipiter dans une guerre contre le seul rival réellement à même de contrer leur supériorité aérienne.

Dans un recoin de la salle, un certain héraut royal affichait un sourire amplement satisfait.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyMer 21 Aoû - 22:42
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- Dois-je croire qu'aucun des vôtres ne ploie jamais le genou – sinon les ailes – devant votre grand Conseil ? Que vos armées n'ont jamais connu la main d'un chef ? Que vos enfants n'ont pas de précepteurs juste la vaste étendue du ciel pour aiguiller leur pas ? Enragez tout votre saoul que l'Haure Delvanis soit le féal d'une princesse d'Andrasor, mais vous ne me ferez pas accroire que c'est l'atteinte à sa liberté qui vous émeut.

Axell pencha la tête légèrement sur le côté, plissant les yeux tandis qu'un sourire venait étirer ses lèvres. Elle demeura un moment silencieuse, pesant ses mots. Cet homme là savait se montrer intéressant. Et il affichait également son ignorance avec une grâce désinvolte.

- Les Sept servent le peuple, non l'inverse. L'éther nous lie d'une force que vous ne pouvez concevoir, ne vous déplaise, majesté. Il n'y a bien que lui pour nous asservir et nous donner consistance. Les Haures évoluent librement, dans les cieux et sur terre. L'on a vu des nôtres offrir leur liberté, pour des convictions qui dépassaient les attraits de la chair cependant.

La jeune femme fronça les sourcils, visiblement perplexe. Cet homme pouvait-il seulement comprendre l'amour de la liberté qui étreignait son peuple ? Doutant que toute explication puisse un jour trouver chemin dans l'esprit du monarque, la jeune femme s'arrêta là. Les Khëradas n'avaient jamais témoigné d'une grande curiosité vis à vis des autres peuples.

Après les futiles interrogations sur les motivations qui poussaient chacun, venait l'heure des complications. Le monarque, aussi fat et désinvolte qu'il puisse paraître, n'accepterait jamais de telles conditions sans débattre. Pour cela également l'éthérée s'y était préparée.

- Vous parliez de liberté, et maintenant d'exigences ? Au terme de ces trois ans, il se pourrait que Delvanis ne désire pas revenir parmi les vôtres. Quid des gens qu'il aura aimé, des enfants qui en seraient nés ? Vous parler de son bon vouloir à les élever, lequel ne devrait pas nécessairement exclure l'Andrasor.

Axell retint un soupir. Elle se redressa, bravant l'assemblée du menton et croisa les bras sur sa poitrine. Elle haussa un sourcil et feignit un air aussi peu intéressé que le roi des Khëradas.

- L'enfant probable pourra choisir une fois sa majorité atteinte et en toute possession de ses moyens. Nous tenons simplement à garantir le meilleur accueil possible dans le cas où il voudrait rejoindre ses origines éthérées. Nous saurons lui prodiguer l'éducation qu'il convient, s'il le souhaite, évidemment.

Vain sujet. Aucun enfant ne naîtrait de cette union. Haures comme Khëradas n'étaient guère des espèces très fécondes. De plus, les hommes reptiles n'attachaient que peu d'importance à la reproduction et à leurs progénitures. Les aléas de l'immortalité, disons.

Et d'un geste de la main le monarque refusa d'un bloc les conditions. Axell ne montra rien de ses réactions. Pouvait-elle seulement émettre la pensée qu'elle s'y attendait ? Les collaborations entre les deux peuples étaient choses rares, pour ne pas dire inexistentes. Se vouant un mépris mutuel, les deux races ne s'accordaient en rien et n'hésitaient pas à dénigrer l'autre lorsqu'elle en avait l'occasion. Cette entrevue en était l'exemple parfais. Mais jamais Axell ne renoncerait au combat. Elle s'était promise de parvenir à un accord, aussi bancal et insatisfaisant soit-il. Il pourrait s'agir là de sa première victoire contre l'intolérance et les préjugés éthérés. Elle n'abandonnerait pas aussi facilement.

- Mais peut-être serais-je disposé à en discuter plus en détail, si vous me rejoignez dans les jardins cet après-midi.

A cela, Axell ne répondit que par un haussement de sourcil. Elle parcourut la salle du regard sans fixer aucun des individus présents. La jeune femme décroisa ses bras, pencha la tête de côté et s'inclina légèrement.

- Très bien.

Elle recula d'un pas, portant une main sur sa poitrine et énonça d'une voix dénuée de toute intonation.

- Au nom des Sept et des Haures, je vous remercie, seigneur Kethnyr Il Faägn, roi des dragons.

Et lorsque le monarque eu enfin répondu d'un hochement de la tête, ordonnant d'un signe discret qu'on réouvre les portes, Axell fit volte-face avec grâce et agilité. Elle pouvait enfin fuir l'atmosphère moite et étouffante de ces lieux. Pour un moment seulement. Mais la jeune femme anticipait déjà ce répit, un sourire léger dansant sur les lèvres.

A cet après-midi, prince-dragon.

Une brise, aussi légère qu'une caresse, souleva quelques mèches au dessus de son oreille. Et d'un mouvement naturel, Axell décala les épaules de quelques centimètres. Ce qui semblait être un fruit atterrit à ses pieds sans même l'avoir effleuré. Sa démarche ne changea guère, elle semblait ignorer complètement l'attaque qui l'avait visée. Des mots furent criés au loin, mais elle ne s'en préoccupait déjà plus. Qu'ils hurlent et crient, elle était déjà loin.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyJeu 22 Aoû - 16:10
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Les Haures habitaient en des terres terriblement lointaine. Kethnyr n'avait jamais posé le pied sur leur forteresse volante, n'en avait jamais caressé l'envie, lui qui effleurait pourtant sans rougir mille autres désirs non moins ambitieux. Il s'était attendu à ce qu'elle se montre farouche et intraitable, moins à ce qu'elle ressentit la nécessité de lui exposer la fougue de ses convictions politiques. Le fanatisme de la conseillère l'émouvait moins que le zèle qu'elle y mettait : n'était-il pas convenus dans les nuages que les Khëradas étaient des créatures de luxures au fonctionnement despotique, incapables de saisir la gracieuse élévation de l'esprit dont jouissait les Haures ?

Kethnyr n'était pas dupe de tout cela ni des belles paroles de la Conseillère. S'il y avait là quelque honneur des cieux, il était bienheureux que les Haures aient les ailes pour narguer les astres, et les Khëradas des écailles. Il préférait la parenté d'un troglodyte aveugle aux crocs acérés à celles des Haures : le premier avait plus d'honnêteté dans son attitude, et tenterait peut-être de le dévorer mais sans s'enduire préalablement les crocs de miel.

Les Sept servent le peuple. Ne servait-il pas les Khëradas ? N'incarnait-il pas une partie de leur gloire étincelante, en honorant ses sujets de bien des manières ? Peut-être violentait-il parfois leur liberté première autant que leur corps, mais lui ne l'aurait pas masqué sous le velours d'un discours bien senti s'il avait dû saluer le haut conseil des Haures.

Delvanis n'avait peut-être pas renoncé à sa liberté pour le seul plaisir de goûter à la volupté d'Ilyanid. Le Magistorat et ses Erudits avaient de quoi intriguer un être avide de narguer ses propres limites. Kethnyr n'aborda pas ce sujet. La conseillère en avait certainement conscience, il ne ferait que raviver les flammes, car le nerf de la guerre ici tenait davantage de la paranoïa des Haures quant à leurs secrets et magie qu'à la vision d'un des leurs déshonorés par la perte précoce et anonyme de sa virginité.

Lorsque la Conseillère esquiva sa question concernant l'avenir et le choix qu'aurait alors Delvanis, Kethnyr lui asséna un regard emplis de mépris. Elle s'étendait sur les choix de l'enfant à naître, alors qu'ils savaient tous deux la chose aussi probable qu'une sorcière avec des jumeaux.

«  Je vous remercie pareillement, Conseillère Axell Haÿr, Oracle des Sept et voix du Conseil en Andrasor. »

Il lui donna congé alors qu'une figue -l'une de celles poilues et juteuses qu'affectionnait Glyn - manquait de peu la Conseillère. Elle s'en fut, inébranlable, et Kethnyr s'étonna à demi de voir Geÿr se porter à sa hauteur pour l'escorter hors de la pièce. Le héraut était suffisamment rancunier de caractère pour que Kethnyr en déduisit qu'il avait effacé l'ardoise concernant Axell. Ainsi était son peuple, chaud de corps et froid de cœur, prêt à noyer d'indifférence le sort d'un enfant des Haures égaré parmi les Khëradas, quelque soient les supplices dont le menaçait son propre sang. Kethnyr refusait que les choses se passent ainsi. Il était roi des Khëradas tout autant que roi de l'Andrasor, et si les Khëradas avaient de grandes libertés concernant leurs serviteurs, le roi n'en désirait pas tant donner à des étrangers à son monde.

~°~

Les jardins du palais d'Adraes n'étaient qu'une friche désordonnées où fleurissaient ça et là de fines fleurs sauvages au parfum envoûtant. Dès lorsqu'on y pénétrait, le soleil faiblissait, peinant à franchir les voûtes végétales d'arbres millénaires. La rumeur les prétendait propices au repos, le silence y aurait régné sans le murmure puissant d'une fontaine qui arrosait par de complexes méandres de pierre, tracés à même le sol, la majorité des jardins. De fins sentiers pavés conduisaient à des bancs de bois, lesquels n'étaient pas en reste en matière d'ouvrage raffiné.

Kethnyr appréciait les jardins, il aimait l'idée implicite selon laquelle le plus subtil des arts végétaux résidait dans le fait d'apprivoiser la nature fragile ainsi qu'elle venait pour l'entortiller patiemment autour des montants de métal ouvragés.

De petits passereaux aux ailes noires et crème avaient élu domicile dans les branchages et leur bavardages empêchaient le roi des Khëradas alors qu'il attendait une certaine conseillère Haure, assis sur un banc de pierre et les doigts courant à la surface d'un bassin d'eau clair. Les rares rayons du soleil à percer faisaient scintiller l'eau, la rendant aussi brillante que le bracelet d'or et de lin au poignet gauche du roi. A son côté, Glyn tordait le cou pour voir qui s'en venait. Le petit familier n'avait pas l'intelligence de comprendre la trame des intrigues politiques du palais, mais suffisamment d'expérience pour savoir que, si quelqu'un s'en venait parler à son maître, il y aurait des plats, des fruits, de la viande craquante, des rires gras, des mollets à pincer...

Kethnyr nota l'absence de Geÿr. Le héraut avait donc décidé que cette entrevue ne nécessitait pas sa présence qu'il jugeât qu'Axell Hayr ne représenta pas le moindre danger pour son roi, qu'elle fut à même de se présenter seule avec dignité ou qu'il jugeât que Kethnyr devait subir seul la compagnie d'une Haure pour avoir fait fi de tous ses avertissements polis vis-à-vis d'une certaine sorcière. L'après-midi s'annonçait longue.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptySam 24 Aoû - 9:00
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Et c'est ce que fit Axell Hayr. Une fois revenue dans ses appartements, elle ferma la porte avec humeur et poussa un grognement rageur. Cette entrevue l'avait non seulement agacée mais laissée sur sa faim. L'éthérée ne souhaitait qu'une jeune, une seule : mettre fin à cette mascarade, conclure un accord aussi peu satisfaisant qu'il puisse être et fuir au plus vite cette cité. Oh Axell n'avait absolument rien contre la forteresse d'Adraes et ses alentours. Elle répugnait simplement son rôle et sa position en celle-ci. La jeune femme préférait de loin s'y aventurer en simple promeneuse.

Axell jeta ses effets par terre, défiant quiconque de dénoncer le visible désordre qu'elle mettait un soin particulier à créer, et s'affala sur le lit. Les yeux fixés au plafond, sans ciller un seul instant, les bras le long du corps, elle inspira profondément. Pour la première fois depuis le début de cette entrevue, elle respirait librement. La jeune femme ferma les yeux et laissa aller son esprit. Les rêves des cieux l'appelaient.

Quelques heures plus tard, la jeune femme fut tirée de son demi-sommeil. Reposée, apaisée, elle enfila une longue robe blanche en tissu léger, presque transparent. Semblable à une toge, le vêtement dévoilait les runes tatouées sur son épaule gauche. Axell appréciait la légèreté et la souplesse du vêtement. Refusant une fois de plus bijoux et chaussures, la jeune femme défit ses cheveux pour les laisser cascader dans son dos. Pour terminer, elle se frotta les yeux et effaça tout signe de fatigue passagère. Axell se contempla quelques secondes dans le miroir et apprécia le reflet qu'elle y lisait. Elle se peignit un masque austère et quitta la pièce sans plus de cérémonie.

Le roi l'attendait avait dit un serviteur, lui indiquant une vague direction. Point pressée de le rejoindre, préparant ses prochains arguments, la jeune femme se dirigea d'un pas léger vers ce qui semblait être un bassin. Elle détailla les jardins qui l'entourait et en apprécia le subtil désordre. Si Axell trouvait une sérénité absolue au sein de la nature, elle y préférait ses accents sauvages à ceux des jardins bien dressés. Au bord du bassin, une silhouette contemplait les reflets de l'eau. Axell y reconnut le roi. Elle réduisit son allure, jetant quelques coups d’œil discrets autour d'elle. Aucun garde ne se montrait à l'horizon. Même l'homme de main du monarque semblait absent.

Axell s'en méfia immédiatement.

- Majesté.

Simple introduction, entonnée d'une voix douce et paisible, semblable aux brises de l'aurore.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyDim 25 Aoû - 13:43
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Axell Hayr avait déjà perdu trois semaines. En la retenant quelques heures de plus bien qu'à sa fantaisie, Kethnyr n'avait pas le sentiment de trop la malmener. Elle n'aurait pas apprécié ses manières, en cela ils seraient quittes. Lorsque la conseillère des Haures le tira de ses pensées, il posa sur elle un regard étonné, comme s'il avait douté qu'elle viendrait réellement, puis appréciateur, s'amusant qu'elle se para d'une robe à la transparence si suggestive. Que l'existence devait être ennuyeuse dans la haute cité de Lorder'hon, si les dames se présentaient comme des fruits offerts sans qu'il soit permis d'y mordre dans la coupe.

«  Conseillère. »


Il eut un geste vague, lequel indiquait d'autres bancs, lui autorisant de s'asseoir ou non, et de choisir pour ce faire le lieu qui lui plairait. Sous d'autres lunes, une femme se serait assise à ses côtés, ou sur ses genoux, son rire aurait teinté clair, et il aurait fait jouer ses doigts sur ses écailles.

« Ne pouviez-vous pas fuir Adraes, Axell ? Dire à votre haut conseil que le roi des Khëradas n'était qu'un ivrogne sans âme ainsi qu'ils le redoutaient et que vous n'aviez pu lui faire entendre raison ? »

Les paroles du roi sonnaient comme un soupir. Ses yeux d'or liquide s'étaient départis de leur éclat moqueur pour revêtir une teinte plus grave, empreinte d'un sérieux qui rendait son âge au monarque des semi-dragons.

« Aux yeux des humains, ce serait un homme fait, mais avouons-le, au nôtre ce n'est presque qu'un enfant. Estimez-vous tant vos lois et leur rigidité pour justifier qu'elles vaillent qu'on torturât  Delvanis ? »

Après ses audiences du matin, Kethnyr avait pu dénicher un vieux capitaine qui avait suffisamment voyager de par le monde pour avoir une vague idée sanglante des punitions des Haures. Peut-être aurait-il dû les haïr froidement ainsi que bon nombre de ses pairs, mais le roi jugeait avoir trop vécu pour accepter que des préjugés ineptes guidassent son quotidien et par là même sa manière d'être et de pensée. Il ne détestait pas les Haures, certains – et certaines – avaient des qualités qui trouvaient grâce à ses yeux.  A l'inverse, il n'avait que mépris pour leur vision extrémiste du monde, laquelle n'était que le produit d'une dérive de l'esprit, née des cervelles d'un peuple en semi-autarcie dans une citadelle perchée dans les nuages. S'il chérissait les dragons, Kethnyr estimait qu'avoir les pieds sur terre avait du bon, cela permettait d'accorder quelque importance à la simplicité fragile de la vie et à ses plaisirs.

« La magie élémentaire s'enseigne à ceux qui s'y destinent, dans les couloirs du Magistorat. A moins qu'il soit pourvu d'un don singulier, il ne représente pas un danger pour votre magie. »

Ce que le roi s'abstint de préciser était que, si jamais Delvanis était un future prodige ès magie, Ilyanid serait ravie de le garder sans ses ailes. Un Haure dégradé pouvait-il jamais lever les yeux vers son ancien bastion avec autre chose au cœur que de la haine ? La fidélité n'était pas chose facile chez les Khëradas, et l'Erudite serait sûrement ravie de s'attacher son apprenti par les chaînes solides que seule forge la rancœur la plus noire.

« Me détestez-vous, Axell ? » s'enquit Kethnyr, curieux.

Glyn, qui jusqu'alors se lustrait les écailles, les pattes fermement arrimées au bord du bassin, coula dans la direction de la conseillère un regard incisif.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyDim 25 Aoû - 17:16
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Axell hésita un moment, tiraillée entre plusieurs attitudes à adopter. Habituellement, elle aimait se créer des distances avec les situations, refusant la plupart du temps de s'assoir pour dominer l'assemblée et avoir une vue d'ensemble. Cependant, elle savait pertinemment qu'une telle attitude rebuterait davantage le monarque. Elle sentait la lassitude dans sa gestuelle. Les Haures l'ennuyaient. Si il l'avait un moment considéré comme une créature exotique, divertissante, à présent il la rangeait soigneusement aux côtés de son peuple.

La jeune femme finit donc par s'approcher. D'un mouvement fluide, presque gracieux, elle vint s'assoir sur la margelle du bassin, elle lui faisait désormais face, légèrement sur sa gauche. L'homme dragon la dominait de quelques centimètres de son banc. Axell espérait que ces positions ainsi établies faciliteraient l'échange à venir. Elle inspira profondément, fermant ses yeux l'espace d'une seconde. Une légère brise caressa son visage, rassurante. Elle rouvrit les yeux et les planta dans ceux du roi. Bleu acier contre or fondu. Si il y avait du tranchant dans le regard de l'éthéré, c'était un véritable spectacle que les yeux de l'hybride. Axell s'y perdit un instant avant de lui répondre.

- Je n'ai pas pour habitude de fuir, articula-t-elle sur un ton de fausses excuses.

Elle esquissa un léger sourire, empreint d'une ironie mordante.

- Vous êtes à l'image de votre peuple, majesté. Je n'en attendais pas moins.

Un compliment ? Une critique ? La subtilité était presque imperceptible. Axell avait conscience de se lancer dans un jeu bien dangereux compte tenu de son partenaire royal.

L'éthérée soupira, intérieurement torturée par les choix de ses mots. Il y avait un gouffre entre ses propres idées et celles qu'elle devait présenter au nom du Sept. Elle sentait le regard pernicieux des Haures se pencher sur elle, analysant et décortiquant ses doutes. Véritables charognards qu'ils étaient. Ils la testaient, la mettaient face à ses propres faiblesses.

- Croyez-moi, la torture dont vous parlez est bien la plus douce qu'ait imaginé les Sept avant cette rencontre.

Une once de vérité, infime, suffisait parfois à rendre le plus hypocrite des discours vraisemblable.

- Les éthérés ont pleuré leurs frères perdus. Comprenez leurs volontés de se protéger.

Il fallait le reconnaître, les Haures constituaient un peuple avare de ses secrets. Ils cultivaient le mystère non seulement pour se parer de force mais également pour se protéger. Les éthérés des cieux craignaient plus que jamais un affrontement direct avec d'autres races qui pourrait percer à jour leurs véritables faiblesses.

Axell secoua la tête, l'air visiblement navré.

- Peu importe, les Sept ont parlé. Ils refuseront de vous laisser une âme capable d'être retournée contre eux. Les Haures tiennent à conserver leurs secrets.

Mais la dernière question de Kethnyr n'avait pas fini de la déstabiliser. Ne cachant rien de son trouble, la jeune femme pencha la tête de côté, les sourcils froncés. Elle observait en silence l'homme dragon, cherchant à déterminer le sens véritable de ses paroles. Qu'attendait-il de sa réponse ? Axell finit par plisser les yeux, se détendant légèrement tandis qu'elle ramenait une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Pourquoi vous vouerais-je une quelconque haine ? Vous êtes ce que la nature a fais de vous, et je suis ce que je suis devenue. Nos rôles, nos fonctions nous destinent à l'affrontement, au défi et au combat éternel. Quant à votre personne...

Elle plissa davantage les yeux, esquissant un sourire laconique.

- Elle m'intrigue.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyDim 25 Aoû - 19:40
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Kethnyr Il Faägn
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Le roi Yrkhiav s'était éteint sans avoir rien légué à son fils que son sang et son trône. Kethnyr, enfant, n'avait pas été formé à régner, mais plutôt à se dérober à l'influence d'autrui tandis que sa mère, le clergé et certains hauts nobles d'Adraes entendaient prendre sur sa vie des droits qu'il ne leur cédait pas. Geÿr, qui s'était fait un court temps son mentor avant de décider qu'il servirait mieux le royaume en jouant les trouble-fêtes, lui avait décrété un jour qu'il réclamait son aide pour une question épineuse : « Soyez le dragon. Ainsi vous n'aurez plus besoin de moi, ni de quiconque. ». Une voie de simplicité, apte à juguler la rage qui innondait son esprit. La voix du plus fort, sans d'autre légitimité que l'évidence. Bien aisé de laisser parler la violence et le feu, de nier qu'il était encore à ce jour un semi-dragon. Avec en son âme la faiblesse honteuse qu'incarnait la condition humaine.

Soyez le dragon. L'absence de Geÿr le suggérait. L'immobilité de Glyn également, lui qui en d'autres circonstances aurait glapit son indignation devant l'absence de mets. Soit. Les Haures, Axell tout comme Delvanis n'étaient même pas à demi humains. Des êtres sans âmes, l'éther mêlé à la chair en d'absurdes parodies humaines. La souffrance, la faim, le désir, le rêve, toutes ces notions leur étaient peut-être étrangères, ou peut-être se complaisaient-ils dans la réalisation d'un grand projet que d'autres avaient fixés pour eux, petits grains de sable agglomérés dans de plus vastes rouages.

Aussi émouvante et aussi sèche qu'un puits tari. Quelque rayon de lune s'était joué en son sein pour y faire miroiter quelque trésor, mais Axell n'était qu'un monstre sans surprise, un petit soldat bien dressé. Peut-être était-ce là le message véritable que lui adressait le Conseil, l'évidence de son habileté à former des êtres excellents dans tout ce que Kethnyr put mépriser.

Elle n'en restait pas moins jolie et faute de mieux, le roi s'absorba dans sa contemplation, embrassant d'un regard ses formes harmonieuses noyées de cheveux écarlates. Il se surpris à imaginer la posture qu'aurait ses ailes si elles avaient été présentes, à songer à leur reflet dans l'eau du bassin. Le bassin. Axell s'y était assis innocemment sans songer à toutes les dames qui avaient pu y sombrer, par jeu ou par abandon, et sans savoir combien cette eau était d'un faible recours contre certains feux.

Kethnyr rendit son regard à la conseillère sans ciller. Il avait connu des adversaires plus redoutables à ce jeu-là.

«  Je l'entends. Mais vous prenez là l'habitude d'aller où je me trouve. »


Il sourit à son tour, laissant à penser que la chose ne lui déplaisait pas.

« Vous aussi. »

° J'en attendais plus. ° ajouta-t-il pour lui-même.

Il se souvenait de l'agréable impression qu'elle lui avait fait dans la salle du trône, de son entrée théâtrale, de son ton péremptoire. Il lui aurait cru plus de poigne, plus de personnalité, une forme différente de celle du moule dans lequel on martelait les Haures.

« Vos pairs manquent d'imagination. Il est des choses bien plus délicieuses à faire et à subir en ce monde. »


Parlait-il encore de torture ? Le sourire à ses lèvres octroyait le doute.

« On ne se protège pas d'un ennemi en le marquant au fer. »
riposta Kethnyr avec aigreur.

Le roi s'abstint de prononcer les paroles qui lui brûlaient les lèvres. Il aurait compris que les Haures réclament la vie de Delvanis et ses cendres dispersées au vent, seule garantie concevable de son véritable silence. A n'avoir jamais voulu d'ennemis, préférant acheter et charmer ses courtisans que les brusquer inutilement, Kethnyr peinait à comprendre une telle attitude. Mais cela importait peu. Le dragon n'a nul besoin de comprendre le murmure du vent.

Le roi des Khëradas eut un sourire mauvais tandis qu'il renonçait à voir jamais Axell Hayr parler autrement de l'apprenti Delvanis que comme d'un membre gangréné qu'il fallait amputer. Ni Ilyanid, ni Delvanis n'avaient interféré auprès du roi pour cette affaire. Axell Hayr avait scellé l'immuabilité de leur relations, assez pour que Khëradas et Haures se détestassent encore pendant mille ans. La Conseillère avait prétendu ne pas le haïr. Comment pouvait-il croire les mots d'une femme qui évoquait la torture d'un des siens sans un froncement de sourcils ?

« Soit. Vous ferez subir à Delvanis votre dégradation ou la peine de votre choix, en personne, tant qu'elle ne le place pas dans l'incapacité physique ou mentale d'honorer le contrat le liant à l'Erudite Ilyanid. A l'issue du présent accord, il sera libre de rester en Andrasor ou de regagner vos terres, ainsi qu'il le décidera. »

Il y avait une once d'ironie dans les paroles du roi, qui soulignait que les Khëradas, eux, n'empêchaient pas leurs ressortissants de propager leurs secrets. Connaissant Ilyandid, il y avait fort à parier que Delvanis rejoindrait le Magistorat. A côté de lui, Glyn, qui avait plongé dans le bassin dans l'indifférence générale, tâchait en vain de tromper son ennui en effrayant les rares poissons qui le peuplait.

« S'il agissait contre vous, dans l'intervalle de son contrat ou après, le royaume d'Andrasor ne pourrait en être tenu pour responsable. Je n'entends pas engager mon peuple au nom d'un être qu'il ne m'est pas permis de défendre ou de juger selon les lois de mon peuple. »

Ce n'était pas des termes acceptables, ni pour lui, ni pour elle. Mais les relations entre les deux peuples étaient ainsi qu'ils ne pouvaient que se satisfaire d'accords insipides, de concessions croisées qui ne les satisfaisaient jamais ni l'un, ni l'autre, faisant le lit de cette rancoeur désabusée qui courrait sur les cœur à l'évocation de l'autre peuple.

Kethnyr, personnellement, n'avait mandé aucun Haure en Andrasor, qu'il s'agisse du page encombrant d'une Erudite ou d'une somptueuse Conseillère aux yeux cruels. La réciprocité de leurs sentiments respectifs demeurait singulière. Axell Hayr intriguait le roi Kethnyr Il Faägn, assurément à son grand dam, car le roi des Khëradas était de ces enfants curieux qui n'apprennent jamais à regarder juste avec les yeux.

« Si vous espériez m'intimider pour que je vous rende votre petit ange, j'en suis désolé. » murmura le roi.

Kethnyr posa la main droite, paume ouverte, sur la margelle du bassin. Glyn vint s'y percher dans une giclée d'éclaboussures avant de regagner l'épaule de son maître, qui n'avait que faire que le dragon dégoulinât sur son torse nu. Lorsqu'il retira la main du bassin, par un hasard malencontreux – pour qui offrait aux Khëradas le bénéfice du doute et le loisir d'heureuse coïncidence, les doigts du roi vinrent effleurer l'une des mèches rouge sang de la conseillère.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyLun 26 Aoû - 13:00
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- On ne se protège pas d'un ennemi en le marquant au fer.

- Ni en le soumettant, répliqua-t-elle du tac-au-tac.

Mais le plus surprenant restait la morne d'acceptation du monarque. Lui qui avait paru refuser et nier d'un bloc les conditions du conseil les acceptait désormais mollement. Axell fut prise d'un désir de le bousculer, le défier pour révoquer ses choix. Son âme criait le combat, non cette résignation flegmatique. L'éthérée n'avait pas souhaité un instant appliquer telle peine à ce juvénile Haure. Elle avait espéré, sottement certainement, pouvoir alléger sa peine en débattant sur celle-ci avec Kethnyr. Manque de chance, le roi s'en lassait déjà. La partie s'achevait. Au plus grand regret d'Axell.

- Je dois m'avouer surprise de trouver un accord si rapidement. Je m'attendais à davantage de votre part, finit-elle par répondre avec un demi-sourire.

Son regard évoquait des feux provocateurs. Elle inclina la tête de côté, plissant légèrement les yeux.

- Soit. J'aimerais exiger de vous une rencontre avec le jeune Delvanis. Nous devrons sceller cet accord par un pacte de sang. Et, elle marqua une hésitation, je souhaiterais m'entretenir avec lui pour lui confier les intentions des Sept à son égard.

Après tout, énoncée comme elle l'avait été, la sentence pouvait paraître cruelle et particulièrement violente. Axell s'était faite un devoir personnel de donner des éclaircissements au jeune Haure. Elle connaissait les faiblesses qui pouvaient tenter les jeunes âmes, pleines de curiosité. Elle-même y avait été confrontée des années plus tôt.

Puis vint un étrange manège de la part du roi qui n'étonna qu'à moitié la jeune femme. Il se pencha pour récupérer son petit familier, effleurant au passage une mèche de cheveux. Ignorant le regard acéré de Kethnyr, Axell observa son familier. Il n'était que la parodie d'un dragon. Une créature minuscule, dénuée de l'intelligence et de la puissance de ses ancêtres. Un jouet de Khëradas, une idole pour qu'ils se rappellent à tout instant leurs origines fantastiques.

Axell se laissa aller légèrement en arrière, s'appuyant sur ses deux mains, posées de chaque côté. Les mèches les plus longues vinrent effleurer la surface du bassin, créant quelques ondes qui s'estompèrent peu à peu. Fuyant toujours les yeux d'or fondu du roi Khëradas, elle porta son regard au loin.

- Croyez-vous vraiment que je cherche à vous intimider ? Qui suis-je pour tenter pareil jeu avec le roi dragon ?

Une pointe d'ironie perçait dans son ton. Ses yeux se posèrent sur Kethnyr avec une nouvelle curiosité, de nouvelles appréhensions. Qu'était réellement cet homme ? Sous ses apparences vénales et ses luxures empruntées, que pouvait-il cacher ? Axell aurait aimé percer les secrets de cet homme, comprendre les volontés qui l'animaient.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyLun 26 Aoû - 15:54
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Kethnyr esquissa un sourire mais ne signala pas son erreur à la conseillère. Il n'avait jamais prétendu que l'affinité pour l'Erudite Ilyanid ou la soumission de Delvanis - peu importe comment on nommait la chose – protégeait son peuple des Haures d'une quelconque manière que ce soit.  

« Ce n'était pas à moi de le sauver, mais à vous. »

S'il froissait le Haut Conseil des Haures, celui-ci pouvait en exiger réparation. Et connaissant leur mesure en toute chose, la réparation pouvait dégénérer et mener à la guerre. Les termes d'Axell Hayr, aussi inacceptables qu'ils semblaient à Kethnyr Il Faägn ne coûtaient rien à son peuple, et les Khëradas étaient assez insouciants pour s'en contenter et en rire.

« Mon peuple ne se battrait pas pour lui. » explicita le roi en joignant ses mots d'un geste d'impuissance, signal sur lequel Glyn se méprit.

Le petit dragon retourna sur la margelle du bassin tandis que Kethnyr posait sur Axell des yeux hantés de regret. Pourquoi n'avez-vous pas menacé Ilyanid ? La colère des Khëradas aurait grondé, et le Haut Conseil aurait consenti à revoir sa copie. Les semi-dragons n'étaient pas familiers des Haures comme ils l'étaient des humains, et là où ils concevaient parfois les seconds comme des membres de leur « famille » ils se défiaient des premiers depuis des siècles, assez pour s'écarter de Delvanis quand le Conseil réclamait d'y poser les doigts.

« Nous verrons nos griefs respectifs une autre fois. Je gagerais que vous m'avez déçu la première. »

Mais il était amusé qu'elle se fut attendu à lui céder plus. Tant pis, il se retirait de la partie. Si l'on saignait un Haure sur ses terres, il n'en serait que témoin non complice.

« Cela doit pouvoir se faire. Notre accord nécessitant que vous exécutiez la sentence en personne, je n'aurais pas la bassesse d'interdire au bourreau de rencontrer sa victime. »

Cela ne plairait pas à Ilyanid. Peut-être le Haut Conseil avait-il envoyé Axell pour qu'elle séduise à son tour l'apprenti étourdi ? La Conseillère avait des arguments plus subtils que l'Erudite, même si ses manières et son attitude avaient de quoi refroidir.

« Vous êtes venue jusqu'ici. C'est donc que vous attendiez quelque chose de cette entrevue. Sans quoi vous seriez aller trouver Delvanis directement. »

De ses griffes, Kethnyr striait l'eau de bassin en d'improbables spirales, terrifiant les poissons. Profitant de la diversion, son familier n'eut aucun mal à plonger pour ressortir avec entre les crocs une proie frétillante.

« J'aurais pu me dresser entre vous et le Conseil. J'y aurais pris plaisir. Mais d'aucune manière sans votre appui, en vous laissant ce beau rôle de l'Haure exemplaire malmenée par la grossièreté des Khëradas. Sans quoi il en résulterait la guerre pour mon peuple. Et le vôtre, assurément. »

Axell Hayr fuyait son regard, le roi en était bien aise. Cela lui laissait le plaisir de la dévorer des yeux sans avoir à en rougir. Il ne commit pas la folie de la toucher à nouveau. Celle-ci ne le laisserait pas faire. Pas ici. Pas cette fois. Elle n'avait pas sauvé Delvanis, elle ne se perdrait pas, il en allait de sa vie telle qu'elle la concevait, de son honneur, de son rang... Dommage.

« Si vous leur aviez annoncé avoir convenu autre chose. Cela aurait adouci leurs humeurs. Mais nui à vos désirs ambitieux d'étendre votre pouvoir au sein du conseil, je n'en doute pas. »

Ce n'était pas un jugement, une constatation, rien de plus.

« Vous êtes Axell Hayr, Conseillère et Oracle des Sept. J'aurais pu l'oublier. Et vous ? »


Il croisa son regard. Acier contre or. La froideur d'une lame tirée du fourreau contre les dorures exquises d'une vie tissée d'insouciance et de luxe. Il était aisé de n'être humain qu'à demi. Il suffisait d'être dragon à demi pour se gausser du sort terrible que les Haures réservaient aux leurs.
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyLun 26 Aoû - 22:26
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Un bourreau.

Le mot résonna un moment dans son esprit. Un claquement métallique, aigre et amère à la fois. Axell déglutit avec difficulté. Le roi des kheradas ne pouvait être plus proche de la vérité. Le Conseil l'avait envoyée exécuter une tâche ingrate. Une tâche qui la marquerait à jamais et qui dicterait chacune des décisions à venir. Elle commençait à peine à entrevoir l'ampleur de la décision des Septs. C'était non seulement un test pour éprouver sa véritable valeur mais également une épreuve qui forgerait son expérience en tant que membre du Conseil.

La jeune femme écouta attentivement les propos du monarque, plissant les yeux à certains moments. La tête légèrement penché sur le côté, elle semblait l'analyser. Un sourire vint finalement étirer ses traits.

- C'est ici que vous vous trompez, monseigneur. Le pouvoir n'est en aucun cas une finalité, pour nous, Haures.

Elle marqua une hésitation, puis reprit sur un ton plus doux.

- Si je devais retirer quelque chose de cet entrevue, ce serait davantage de la crédibilité auprès des miens, il me semble.

A peine avait-elle lancé ces mots qu'elle les regrettait déjà. La jeune Haure venait de se dévoiler par bien trop d'aspect. Se maudissant intérieurement de cette confidence, elle rebondit aussitôt sur la dernière question de Kethnyr.

- Quant à ce que je suis...certes les titres peuvent nous définir par certains aspects. Pour ma part, je me considérerais plutôt comme un électron libre, une bise qu'on effleure sans jamais vraiment saisir, vous voyez ?

Et au moment même où les mots quittaient ses lèvres, un souffle vint caresser son visage. Si le monarque ne sembla pas même s'en inquiéter, cette dernière eu l'effet d'une véritable bourrasque pour la jeune femme. Le souffle coupé, les yeux écarquillés, elle demeura absente l'espace d'une seconde. Des odeurs, des sensations plus que des images submergeaient son esprit. Des parfums charnels, déroutants et envoûtants, des musiques langoureuses et des soupirs évocateurs.

Axell reprit une grande inspiration, rompant l'oracle qui venait de la submerger. Elle dévisagea Kethnyr un instant puis se reprit d'un mouvement sec. Elle recula légèrement, les sourcils froncés. Le monarque n'avait pu manquer le trouble de la jeune femme. Ré-freinant la panique qui la dévorait, elle se fit violence pour retrouver un semblant de calme. Le simple fait de croiser le regard du roi lui rappelait l'oracle qui venait de la saisir.

D'un mouvement, la jeune femme se leva. Elle dévisagea à nouveau le monarque, réajustant rapidement et non sans grâce sa tenue avant de prendre congé d'un ton presque impérieux.

- Je ne puis exiger votre attention plus longtemps monseigneur. Votre homme de main pourra me conduire au jeune Delvanis.

Un sourire imperceptible vint étirer ses lèvres.

- Je crois que votre présence est exigée en d'autres lieux et en de bien plus charmante compagnie. Une bien mystérieuse magicienne il me semble...

Et tandis que ses derniers mots se perdaient dans un souffle, elle fit volte-face.

Spoiler:
MessageSujet: Re: Le prix du sang [Salle d'audience publique]   Le prix du sang [Salle d'audience publique] EmptyLun 11 Nov - 16:20
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Mystère et magie... Voilà qui rassemblait nombre des compagnes d'un soir de Kethnyr. En dépit des insinuations de la conseillère, nulle sorcière ne l'attendait cette nuit pour réchauffer ses draps. Avait-il eu la folie d'espérer qu'une Haure, a fortiori l'une des Sept, romprait les tabous de son peuple pour se joindre à lui ? Non. A sa manière, le roi des Khëradas savait se montrer raisonnable, et prendre pour acquis la morne évidence des jours.

A avoir vu filer trop d'années, il lui semblait logique que chaque jour soit plus semblable au précédent qu'à un hypothétique foisonnement de nouveauté. Les dames qu'il courtisait cédaient rarement au premier soir, sinon par caprice. L'Haure s'en était allée, drapée dans sa dignité, et le roi ne pouvait nier n'en avoir rien espéré d'autre. Qu'elle accepte de le rejoindre, seule à seule, cela tenait déjà de l'inhabituel. Rares étaient les Haures à fouler le marbre du palais, plus rares encore ceux qui partageaient la compagnie du roi. Avait-elle seulement eu conscience de l'unicité de l'instant ? Sûrement pas, perturbé qu'elle était par leur échange dont chaque mot sonnait comme une funeste malédiction.

Il n'avait pas non plus espéré de revirement de sa part. Il aurait pu la laisser aller, accomplir sa laide mission. Il l'avait retenu par seule vanité, comme laissant glisser entre ses doigts les grains du sablier en espérant sottement en contrarier la chute.
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